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marquées par les conflits, les bagarre, le sentiment de rejet de la part des autres. Trois
élèves paraissent particulièrement sensibles : Raïssa, Rosine et Habib. Disons d’entrée de
jeu que pour chacun d’eux, une issue s’ouvre cependant, même si elle reste peu développée
dans leur discours. Nous avons vu ce qu’il en était pour Raïssa lors des présentations
de conférences. Pour Rosine, fortement emprisonnée dans un sentiment de non-valeur
personnelle et qui semble dépendre des autres pour une bonne part de sa vie… c’est le fait
d’être autonome. Elle décrit l’installation du système des croix, des couleurs pour insister sur
le fait de posséder pour elle-même ce statut : « ma mère elle m’a inscrite parce que j’ai des
problèmes et tout, alors moi je trouve que c’est bien et tout l’école et que quand on travaille
bien, on est autonome ». Elle qui a tant de mal à dire ouvertement ce qu’elle ressent : « ma
plus pire de la classe c’est Odile, j’aime pas trop Odile elle parle à chaque fois à l’entretien
et on n’a jamais le temps de parler nous, alors voilà c’est pas ma meilleure copine, je l’aime
pas trop, c’est ma plus pire de mes meilleures copines » se raccroche à cette possibilité qui
lui est donnée : « et moi j’étais jamais, j’étais tout le temps autonome vert ».
Habib, qui semble difficilement vivre des relations de classe, habitué qu’il est à se défendre
par la bagarre en apprenant avec « (son) frère des bagarres pour arrêter les gens et les
attraper » même s’il affirme que « après quand on se bagarre, après ça fait plein de violence
et c’est à cause de ça que je bagarre pas trop » apprend pourtant qu’on peut demander
quelque chose par la parole et l’obtenir… comme changer de place plusieurs fois dans
l’année ou être aidé :
« je voyais pas bien au tableau et… il est plus grand… je voyais pas bien au tableau… la
première place que j’ai pris, la deuxième place, la troisième place… comme en CM1 j’en
avais changé au moins cinq fois… j’ai changé parce que des fois quand ils écrivent au
conseil d’enfants que nous ben la classe, ben ils nous critiquent… et des fois je prends des
aides des fois d’une fille ou d’un garçon… ».
Au-delà de ces cas particuliers, des procédés généraux de la pédagogie Freinet sont mis en
avant par les élèves, pour lutter et même prévenir ces dérives qui paraissent inévitables à
certains enseignants. Le premier d’entre eux décrit par les élèves revient à cette « qualité »
de gêneur attribué à l’élève, qui entraîne pour lui une certaine mise à l’écart. Louise en
explique le principe : « les nouvelles c’est le matin à huit heures et demie, on rentre et après
il y a le responsable de la parole, c’est lui qui donne la parole aux gens, aux enfants et il fait
les gêneurs : par exemple si moi je parle et que les gens ils font du bruit, ils sont gêneurs
une fois » et Raïssa complète : « si on est gêneur soit aux présentations de livres, soit aux
présentations de textes ou présentations de conférences, si on est gêneur deux fois, on
perd une croix » Autrement dit ce n’est pas X ou Y qui « embête »… il y a « un gêneur »
pour l’instant qui est debout et reprendra sa place comme X ou Y après… L’individu n’est
pas assimilé à son comportement.
L’organisation même, décrite par un certain nombre d’élèves : être autonome, pouvoir se
déplacer dans la classe, aller dans une autre salle, en fonction du matériel qui s’y trouve
ou pour préparer à deux une présentation, disposer de matériel en cas d’oubli, n’est pas
qu’une organisation de la liberté de l’élève. Elle apparaît aussi comme une organisation qui
« tue dans l’œuf » certaines manifestations de violence, émergeant du bruit, des rivalités
en ce qui concerne le matériel, du manque de place et des débordements sur la place du
voisin… Odile présente une belle argumentation de ce système en supposant une situation
de bagarre :
« s’il y a des bagarres ça veut dire que les gens ils se disputent donc ça veut dire que les
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