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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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tabac sur les quais ; nul n’avait alerté la patrouille de la ville.<br />

Puis la conversation prit une tournure encore plus odieuse : les<br />

Outrîliens étaient tous des espions et les flanquer au bûcher<br />

serait une sage mesure de précaution. C’était plus que je ne<br />

pouvais en supporter et je sortis. N’y avait-il donc nulle part où<br />

je puisse échapper aux intrigues et aux soupçons, ne fût-ce<br />

qu’une heure ?<br />

Je marchai seul par les rues glacées. Une tempête se levait<br />

et le vent implacable, annonciateur de neige, rôdait entre les<br />

murs tortueux <strong>du</strong> bourg. Le même f<strong>roi</strong>d furieux se tordait et<br />

bouillonnait en moi, passait de la colère à la haine, puis à la<br />

frustration, revenait à la colère, et faisait monter en moi une<br />

tension intolérable. Ils n’avaient pas le d<strong>roi</strong>t de me faire ça ! Je<br />

n’étais pas né pour être leur instrument ! Je devais pouvoir<br />

vivre librement mon existence, être celui que j’étais destiné à<br />

devenir. Croyaient-ils pouvoir me plier à leur volonté,<br />

m’utiliser quand bon leur semblait, sans jamais en payer le<br />

prix ? Non ! L’heure viendrait ! Mon heure viendrait !<br />

Un homme venait vers moi à vive allure, le capuchon<br />

rabattu sur son visage pour se protéger <strong>du</strong> vent. Il leva les yeux<br />

et nos regards se c<strong>roi</strong>sèrent ; il blêmit et fit promptement demitour.<br />

Eh bien, il n’avait pas tort : je sentais la rage m’échauffer<br />

insupportablement les sangs. Le vent me cinglait les cheveux et<br />

cherchait à me ref<strong>roi</strong>dir, mais je n’en marchais que plus vite et<br />

la haine qui me possédait se portait au blanc. Elle m’attirait et<br />

je la suivis comme une piste de sang frais.<br />

Je tournai un coin de rue et me retrouvai sur le marché.<br />

Inquiets de la tempête qui approchait, les marchands les plus<br />

pauvres remballaient leurs affaires disposées sur des<br />

couvertures et des nattes ; ceux qui avaient des étals<br />

verrouillaient leurs volets. Je passai devant eux sans les voir.<br />

Les gens s’écartaient craintivement de mon chemin. Je les<br />

frôlais sans prêter attention à leurs coups d’œil effarés.<br />

J’arrivai devant l’échoppe en plein vent <strong>du</strong> négociant<br />

d’animaux et me trouvai face à moi-même. Il était décharné,<br />

avec des yeux sombres et éteints ; il m’adressa un regard de<br />

pure méchanceté et les vagues de haine qui irradiaient de lui<br />

me submergèrent. Nos cœurs battaient au même rythme ; je<br />

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