28.06.2013 Views

[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

savourait l’air frais <strong>du</strong> matin, la façon vive de répondre de Suie<br />

et la jeunesse de mon propre corps. Mais plus je m’éloignais <strong>du</strong><br />

château, plus j’avais conscience de maintenir le contact avec<br />

lui ; d’un lien qu’il m’avait d’abord imposé, notre union s’était<br />

peu à peu transformée en un effort mutuel qui évoquait<br />

davantage deux mains qui se serrent pour ne pas se lâcher. Je<br />

ne savais pas si je parviendrais à tenir longtemps. N’y pense<br />

pas. Fais-le, c’est tout. Même respirer devient difficile<br />

lorsqu’on se concentre sur chaque respiration. Je battis des<br />

paupières, soudain conscient qu’il était à présent dans son<br />

cabinet et qu’il vaquait à ses tâches habituelles <strong>du</strong> matin.<br />

Comme un bourdonnement d’abeilles au loin, je perçus la<br />

présence de Charim qui lui demandait un renseignement.<br />

Je ne détectais aucun signe d’Œil-de-Nuit. Je m’efforçais<br />

de ne pas penser à lui, de ne pas le chercher, ce qui était aussi<br />

épuisant mentalement que de maintenir la conscience de Vérité<br />

en moi. Je m’étais si vite habitué à tendre mon esprit vers mon<br />

loup et à le trouver qui attendait mon contact que je me sentais<br />

maintenant tout seul, et déstabilisé comme si mon poignard<br />

préféré manquait à ma ceinture. La seule image qui parvenait à<br />

l’effacer de mon esprit était celle de Molly, et, sur celle-là non<br />

plus, je ne tenais pas à m’attarder : Vérité ne m’avait pas<br />

sermonné sur ma con<strong>du</strong>ite de la veille, mais je savais qu’il la<br />

considérait comme moins qu’honorable, et j’avais le<br />

désagréable sentiment que, si je me laissais aller à y réfléchir<br />

moi-même, je serais d’accord avec lui. Lâchement, je bridai<br />

mes pensées sur ce sujet-là aussi.<br />

Je me rendis compte que le plus gros de mes efforts allait à<br />

m’empêcher de penser. Je secouai la tête et m’ouvris au monde<br />

qui m’entourait. La route que je suivais n’était guère<br />

fréquentée : elle serpentait au milieu des collines auxquelles<br />

s’adossait Castelcerf et elle servait bien davantage aux moutons<br />

et aux chèvres qu’aux hommes. Plusieurs dizaines d’années<br />

auparavant, un incendie déclenché par la foudre avait ravagé<br />

cette zone, et il y était repoussé surtout des bouleaux et des<br />

peupliers, à présent nus et chargés de neige. Cette région<br />

montueuse était mal adaptée à l’agriculture et l’on y faisait<br />

principalement paître les bestiaux l’été, mais de temps en<br />

- 303 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!