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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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de fouir derrière les musaraignes qui s’aventuraient hors de<br />

leurs terriers d’hiver... Je me réveillai l’esprit clair et de bonne<br />

humeur.<br />

Mais la nuit suivante, je fis un rêve tout aussi réaliste. Je<br />

compris alors que, lorsque j’isolais mon Art pour ne pas<br />

émettre inconsciemment et, par là, que je m’empêchais de<br />

rêver de Molly, je m’ouvrais tout grand aux pensées nocturnes<br />

<strong>du</strong> loup. Là se trouvait tout un royaume dans lequel Vérité ni<br />

aucun artiseur ne pouvait me suivre. C’était un monde où<br />

n’existaient ni intrigues de cour, ni complots, ni soucis, ni<br />

projets. Mon loup vivait dans le présent. Son esprit était vide<br />

des accumulations de détails des souvenirs. D’un jour à l’autre,<br />

il ne conservait que l’indispensable à sa survie. Il ne se<br />

rappelait pas combien de musaraignes il avait tuées deux jours<br />

plus tôt, mais il gardait en mémoire des éléments plus<br />

généraux, tels que les sentes que préféraient les lapins ou les<br />

end<strong>roi</strong>ts où le ruisseau coulait assez vite pour ne jamais geler.<br />

Cependant, cela, c’était la situation après que je lui eus<br />

appris à chasser ; au début, ce fut moins brillant. Je continuais<br />

à me lever tôt pour lui apporter à manger, en me répétant qu’il<br />

ne s’agissait que d’un petit pan de ma vie que je me réservais.<br />

Tout se passait comme l’avait dit le loup : je ne faisais rien,<br />

j’étais, simplement. D’ailleurs, je m’étais promis de ne pas<br />

laisser notre rencontre se transformer en lien plein et entier.<br />

Bientôt, très bientôt, il serait capable de chasser tout seul et je<br />

le libérerais pour qu’il s’en aille. Parfois, je me disais que je ne<br />

le laissais entrer dans mes rêves que pour mieux lui enseigner<br />

la chasse, afin de le rendre plus vite à la liberté. J’évitais de<br />

songer à ce que Burrich pourrait en penser.<br />

Un jour, de retour d’une de mes expéditions matinales, je<br />

tombai sur deux gardes, un homme et une femme, qui<br />

s’exerçaient au bâton dans la cour des cuisines. Tout haletants,<br />

ils échangeaient des coups, esquivaient et s’envoyaient des<br />

insultes bon enfant dans l’air f<strong>roi</strong>d et limpide. Je ne reconnus<br />

pas l’homme et, l’espace d’un instant, je crus qu’il s’agissait<br />

d’étrangers au château ; puis la femme m’aperçut. « Ho,<br />

FitzChevalerie ! Il faut que je te parle ! » cria-t-elle sans cesser<br />

de brandir son bâton.<br />

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