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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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Un seul homme. Un seul homme qui s’usait à essayer de<br />

maintenir l’équilibre entre la défense de son peuple et l’envol<br />

dans l’extase intoxicante de l’Art. Un seul homme, qui<br />

s’évertuait à nous réveiller, à déclencher en nous le feu qui<br />

nous permettrait de nous défendre. Un seul homme, le regard<br />

fixé au loin tandis que nous jacassions, complotions et nous<br />

chamaillions dans le château, à ses pieds. C’était vain ; nous<br />

étions condamnés.<br />

Une vague de désespoir déferla sur moi, menaçant de<br />

m’engloutir ; elle tourbillonnait autour de moi quand soudain,<br />

en plein milieu, je trouvai un point d’ancrage, un point où la<br />

futilité de nos efforts devenait comique. Horriblement<br />

comique. Quatre petits navires de guerre, inachevés, avec des<br />

équipages novices ; des tours de guet et des feux d’alarme pour<br />

appeler au massacre des défenseurs incapables ; Burrich avec<br />

sa hache, et moi torse nu dans le f<strong>roi</strong>d ; Vérité en train de<br />

regarder par la fenêtre tandis que, plus bas, <strong>Royal</strong> droguait son<br />

propre père, dans l’espoir sans doute de le dépouiller de son<br />

esprit et d’hériter de toute la pagaille. Tout cela était d’une<br />

vanité absolue. Et il était inconcevable de baisser les bras. Une<br />

formidable envie de rire monta en moi et je ne pus la contenir.<br />

Appuyé sur ma hache, je ris comme si le spectacle <strong>du</strong> monde<br />

était <strong>du</strong> plus haut burlesque, cependant que Burrich et Vérité<br />

me dévisageaient, les yeux écarquillés. Un infime sourire<br />

enten<strong>du</strong> tirait les coins de la bouche <strong>du</strong> prince ; un éclat dans<br />

ses yeux partageait ma folie.<br />

« Fitz ? Tu vas bien ? me demanda Burrich.<br />

ŕ Très bien. Je vais parfaitement bien ! » répondis-je<br />

quand les vagues de rire qui me secouaient se furent apaisées.<br />

Je me redressai, puis secouai la tête et j’eus presque<br />

l’impression de sentir mon cerveau se remettre en place.<br />

« Vérité », dis-je, et j’englobai sa conscience dans la mienne.<br />

C’était facile ; ça l’était depuis le début mais je croyais jusque-là<br />

y perdre quelque chose. Nous ne nous fondîmes pas en une<br />

seule entité, mais nous nous emboîtâmes l’un dans l’autre<br />

comme des bols empilés dans un buffet. Il s’adaptait<br />

parfaitement à moi tel un sac à dos bien équilibré. Je pris ma<br />

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