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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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naval. Oui, Kettricken était passée ce matin, mais après le<br />

départ de son époux, et quand Charim lui avait annoncé<br />

l’absence de Vérité, elle aussi était partie. Pour où ? Il l’ignorait.<br />

J’étais désormais affamé et je pris prétexte que les<br />

commérages y allaient toujours bon train pour descendre aux<br />

cuisines. Là, peut-être quelqu’un saurait-il où s’était ren<strong>du</strong>e<br />

notre reine-servante. Je me répétais que je n’étais pas inquiet.<br />

Pas encore.<br />

C’étaient les jours f<strong>roi</strong>ds et venteux que les cuisines étaient<br />

les plus accueillantes : les vapeurs qui s’élevaient des ragoûts<br />

en train de mijoter se mêlaient aux riches arômes <strong>du</strong> pain au<br />

four et de la viande sur les broches. Des garçons d’écurie<br />

transis de f<strong>roi</strong>d rôdaient parmi les tables, bavardaient avec les<br />

marmitons, chapardaient des petits pains cuits de frais et des<br />

entames de fromage, goûtaient les civets et s’évaporaient<br />

comme brume au soleil si Burrich apparaissait à la porte. Je me<br />

coupai une tranche de gâteau à la farine d’avoine cuisiné <strong>du</strong><br />

matin, à quoi j’ajoutai <strong>du</strong> miel et quelques chutes de lard que<br />

Mijote faisait revenir pour préparer des fritons. Et, tout en<br />

mangeant, je prêtai l’oreille aux conversations.<br />

Curieusement, rares étaient celles où l’on faisait<br />

directement allusion aux événements de la veille ; il faudrait <strong>du</strong><br />

temps aux habitants <strong>du</strong> château pour digérer tout ce qui s’était<br />

passé. Mais je percevais autre chose également, une impression<br />

de quasi-soulagement ; je connaissais ce phénomène pour<br />

l’avoir constaté chez un homme qu’on avait amputé d’un pied<br />

gangrené, ainsi que chez une famille dont on avait enfin<br />

retrouvé le corps de l’enfant noyé. Il y avait de l’apaisement à<br />

regarder le malheur en face et à dire : « Je te connais. Tu m’as<br />

fait <strong>du</strong> mal, tu m’as presque tué, mais je suis toujours vivant. Et<br />

je vais continuer à vivre. » Telle était l’impression que je<br />

captais chez les occupants de la Forteresse. Tous avaient enfin<br />

accepté de prendre conscience des graves blessures que nous<br />

infligeaient les Pirates rouges, et désormais le sentiment<br />

général était qu’on pouvait guérir et rendre les coups.<br />

Je préférais ne pas m’enquérir franchement de la reine ;<br />

mais, par chance, un des garçons d’écurie parlait de Pas-de-<br />

Loup. Une partie <strong>du</strong> sang que j’avais vu sur son garrot<br />

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