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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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Il existe en l’homme un seuil étrange, physique aussi bien<br />

que mental. Rares sont les occasions où j’ai dû le franchir, mais<br />

chaque fois un phénomène extraordinaire s’est pro<strong>du</strong>it. Ce<br />

matin-là ne fît pas exception. Au bout d’une heure, j’étais torse<br />

nu et en nage ; les fenêtres de la tour étaient ouvertes mais je<br />

n’avais pas f<strong>roi</strong>d. La hache au fer capitonné que Burrich<br />

m’avait donnée était à peine moins lourde à soulever que le<br />

monde lui-même et la pression de la présence de Vérité dans<br />

ma tête me donnait la sensation que mon cerveau allait jaillir<br />

par mes yeux. Je n’arrivais même plus à brandir mon arme<br />

pour me protéger. Burrich m’attaqua de nouveau et je<br />

n’opposai qu’une défense symbolique, qu’il écarta sans mal<br />

avant de me frapper rapidement, une fois, deux fois, sans<br />

violence mais sans douceur non plus. « Et voilà, tu es mort »,<br />

dit-il en se reculant. Il posa la lame de sa hache sur le sol et<br />

s’appuya sur le manche en reprenant son souffle ; pour ma<br />

part, je laissai tomber mon arme. C’était inutile.<br />

En moi, Vérité se tenait parfaitement immobile. Je lui jetai<br />

un coup d’œil, assis devant sa fenêtre, le regard posé à<br />

l’horizon. La lumière <strong>du</strong> matin accusait ses rides et le gris de<br />

ses cheveux ; ses épaules voûtées reflétaient mon propre état<br />

d’esprit. Je fermai les yeux un instant, trop exténué pour faire<br />

le moindre mouvement, et soudain nous nous engrenâmes l’un<br />

dans l’autre ; je vis alors jusqu’aux horizons de notre avenir :<br />

notre pays était assiégé par un ennemi féroce qui ne cherchait<br />

qu’à tuer et à mutiler ; c’était son unique but. Il n’avait ni<br />

champs à semer, ni enfants à défendre, ni bétail à soigner pour<br />

le distraire de ses assauts. Mais nous nous efforcions de vivre<br />

notre existence quotidienne tout en nous protégeant de ses<br />

destructions, alors que l’ordinaire des Pirates rouges, c’était<br />

justement leurs ravages ; et cette unicité d’intention était la<br />

seule arme dont ils avaient besoin pour nous anéantir. Nous<br />

n’étions pas des guerriers, nous n’en étions plus depuis des<br />

générations et nous ne pensions plus comme tels. Même les<br />

soldats parmi nous étaient des militaires entraînés à se battre<br />

contre un ennemi rationnel ; comment résister aux assauts<br />

d’une horde de déments ? De quelles armes disposions-nous ?<br />

Je regardai alentour : moi. Moi-même en tant que Vérité.<br />

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