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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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neige tombait <strong>du</strong> ciel, mais en outre les rafales soulevaient les<br />

cristaux gelés <strong>du</strong> sol et les enfournaient sous mon manteau à la<br />

moindre occasion. Mécontent, Modeste n’en avançait pas<br />

moins dans la neige toujours plus épaisse. Sous la masse<br />

blanche, la route inégale était recouverte d’une couche de glace<br />

traîtresse. Le mulet, résigné à mon entêtement, avançait<br />

lourdement, la tête basse. Je battais des paupières pour les<br />

débarrasser des flocons qui s’y accrochaient et m’efforçais de<br />

faire accélérer ma monture. Je ne cessais de voir la reine<br />

tombée par terre, prostrée, et la neige qui l’ensevelissait peu à<br />

peu. Ridicule ! me répétais-je fermement. Ridicule !<br />

Ce n’est qu’aux abords de la ville que je la rattrapai. Je<br />

l’aurais reconnue de dos même sans le blanc et le violet de sa<br />

tenue : avec une superbe indifférence, elle avançait à grands<br />

pas dans les tourbillons de neige, sa peau de Montagnarde<br />

aussi insensible au f<strong>roi</strong>d que la mienne aux embruns et à<br />

l’humidité. « Reine Kettricken ! Ma dame ! Je vous en prie,<br />

attendez-moi ! »<br />

Elle se retourna et, à ma vue, sourit et s’arrêta. Arrivé à sa<br />

hauteur, je glissai à bas <strong>du</strong> dos de Modeste. Je me rendis<br />

soudain compte de l’inquiétude qui m’avait taraudé tout le long<br />

<strong>du</strong> chemin au soulagement qui m’envahit à la voir indemne.<br />

« Que faites-vous ici, toute seule, par cette tempête ? » fis-je<br />

d’un ton sec. Avec retard, j’ajoutai : « Ma dame. »<br />

Elle regarda autour d’elle comme si elle prenait seulement<br />

conscience de la neige qui tombait et <strong>du</strong> vent qui soufflait en<br />

rafales, puis elle eut un sourire triste. Elle n’était pas le moins<br />

<strong>du</strong> monde frigorifiée ni mal à l’aise ; au contraire, la marche lui<br />

avait rosi les joues et la fourrure blanche qui encadrait son<br />

visage faisait ressortir la blondeur de ses cheveux et l’azur de<br />

ses yeux. Au milieu de ce paysage blanc, elle n’était plus pâle,<br />

mais rousse et rose, et ses yeux bleus étincelaient. Elle me<br />

paraissait plus pleine de vie que je ne l’avais vue depuis des<br />

jours. Hier, à cheval, elle était la Mort, et le Deuil en baignant<br />

les dépouilles de ceux qu’elle avait tués. Mais aujourd’hui, ici,<br />

dans la neige, c’était une jeune fille joyeuse qui s’était échappée<br />

<strong>du</strong> château et de sa fonction pour faire une promenade dans le<br />

vent f<strong>roi</strong>d. « Je vais retrouver mon époux.<br />

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