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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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le furet et nourri de charogne. Et de haine. C’était grâce à la<br />

haine qu’il avait survécu.<br />

Tu as dû naître tard dans la saison, si ta mère te<br />

nourrissait de poissons de remonte. Il garda un silence<br />

boudeur.<br />

La route montait et la neige commençait à tenir par terre.<br />

Mes bottes usées glissaient sur le pavé glacé et le poids mal<br />

équilibré de la cage m’arrachait les épaules. Je redoutais de me<br />

mettre à trembler et je devais m’arrêter fréquemment pour me<br />

reposer ; en ces occasions, je m’interdisais fermement de<br />

réfléchir à ce que j’étais en train de faire. Je me répétais que je<br />

ne me lierais jamais avec ce loup ni avec aucune autre<br />

créature ; c’était une promesse que je m’étais faite. J’allais<br />

seulement aider ce jeune loup à grandir, après quoi je le<br />

libérerais. Il n’était pas nécessaire de mettre Burrich au<br />

courant de son existence, ainsi je ne serais pas obligé<br />

d’affronter son dégoût. Je soulevai à nouveau la cage. Qui<br />

aurait cru qu’un petit louveteau tout galeux comme ça soit<br />

aussi lourd ?<br />

Pas galeux. Il était indigné. Les puces. Cette cage est pleine<br />

de puces.<br />

Ainsi, les démangeaisons de ma poitrine n’étaient pas le<br />

fruit de mon imagination. Merveilleux ! Je n’avais plus qu’à<br />

reprendre un bain ce soir si je ne voulais pas partager mon lit<br />

avec des puces pendant tout l’hiver.<br />

J’avais atteint la lisière de Bourg-de-Castelcerf ; au-delà, il<br />

n’y avait plus que quelques maisons clairsemées, et la route<br />

montait davantage, bien davantage. Une fois de plus, je posai la<br />

cage dans la neige. Le petit loup était ramassé sur lui-même,<br />

chétif et pitoyable, sans plus de colère ni de haine pour le<br />

soutenir. Il avait faim. Je pris une décision.<br />

Je vais te faire sortir et je te porterai dans mes bras.<br />

Rien ; pas de réaction. Il ne me quitta pas des yeux pendant<br />

que je déverrouillais la cage et ouvrais grand la porte. J’aurais<br />

cru qu’il se précipiterait pour disparaître dans la nuit et la<br />

neige, mais il resta blotti sans bouger. Je l’attrapai par la peau<br />

<strong>du</strong> cou pour le tirer à l’extérieur et, en un éclair, il fut sur moi,<br />

me heurta la poitrine, la gueule ouverte sur ma gorge. Je ne lui<br />

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