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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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secouai avant de l’endosser. Je ne l’agrafai pas, mais au<br />

contraire le laissai largement bâiller à l’end<strong>roi</strong>t de ma morsure,<br />

et je réussis à enfiler mes mitaines malgré mon bras blessé.<br />

« En route, dis-je à mi-voix. Une fois à la maison, je<br />

m’occuperai de nettoyer et de panser nos plaies. Mais d’abord,<br />

il faut y arriver et nous réchauffer. »<br />

Je sentis son assentiment. Il se mit à marcher à côté de moi<br />

et non plus derrière. Il leva une fois le museau pour renifler<br />

l’air frais. Un vent f<strong>roi</strong>d s’était levé ; la neige commençait à<br />

tomber. C’était tout. Son flair m’apportait la certitude que je<br />

n’avais plus à craindre de nouveaux forgisés. L’air était propre,<br />

à part la puanteur de ceux que nous laissions derrière nous, et<br />

même cette odeur-là se dissipait, se transformait en effluves de<br />

charogne qui se mêlait à ceux des renards.<br />

Tu te trompais, observa-t-il. Seuls, nous ne chassons bien<br />

ni l’un ni l’autre. Amusement railleur. Mais tu trouves peutêtre<br />

que tu te débrouillais bien avant que j’arrive ?<br />

« Un loup n’est pas fait pour chasser seul », répondis-je en<br />

essayant de conserver un air digne.<br />

Il me regarda et laissa pendre sa langue. N’aie pas peur,<br />

petit frère. Je suis là.<br />

Nous marchions sur la neige craquante, entre les arbres<br />

noirs comme la nuit. Nous sommes bientôt arrivés chez nous,<br />

me dit-il. Je sentis sa force se mêler à la mienne et, clopinclopant,<br />

nous poursuivîmes notre chemin.<br />

Il était presque midi quand je me présentai à la porte de la<br />

salle des cartes de Vérité. Mon avant-bras, ét<strong>roi</strong>tement bandé,<br />

était caché dans une manche volumineuse. La blessure ellemême<br />

n’avait rien de grave, mais elle était douloureuse. Quant<br />

à la morsure à la base de mon cou, elle était plus difficile à<br />

dissimuler ; il manquait carrément de la chair à cet end<strong>roi</strong>t et le<br />

sang avait coulé en abondance. Quand j’avais regardé la plaie la<br />

veille à l’aide d’un mi<strong>roi</strong>r, j’avais failli vomir. En la nettoyant, je<br />

l’avais refait saigner : il me manquait un bout de moi-même. Et<br />

si Œil-de-Nuit n’était pas intervenu, d’autres bouchées auraient<br />

*<br />

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