28.06.2013 Views

[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ne pouvais rien faire vite ; j’étais dans une bulle d’ouate, je<br />

dérivais comme un bateau sans barreur par un jour calme. Je<br />

baignais dans une merveilleuse somnolence. Quelqu’un me<br />

toucha le bras. Je me tournai : Burrich, les sourcils froncés, qui<br />

me posait une question, de sa voix toujours aussi grave,<br />

presque une vague de couleur qui venait clapoter contre moi.<br />

« Tout va bien, lui dis-je calmement. Ne t’inquiète pas, tout va<br />

bien. » Je m’éloignai insensiblement de lui, emporté par les<br />

remous de la foule.<br />

Le <strong>roi</strong> Subtil était sur son trône mais je savais désormais<br />

qu’il était en papier. Le fou était assis à ses pieds, sur les<br />

marches, et il tenait son sceptre à tête de rat comme un petit<br />

enfant sa crécelle. Sa langue était une épée et, à mesure que les<br />

ennemis <strong>du</strong> <strong>roi</strong> s’approchaient, le fou les frappait, les écharpait<br />

et les détournait de l’homme de papier sur le trône.<br />

Et, sur une autre estrade, Kettricken et Vérité, aussi jolis<br />

l’un et l’autre que la poupée <strong>du</strong> fou. Je regardai et vis qu’ils<br />

étaient tous deux faits de désirs, tels des récipients pleins de<br />

néant. Je me sentis triste car jamais je ne serais capable de les<br />

remplir, tant leur terrible vide était immense. <strong>Royal</strong> vint leur<br />

parler et c’était un grand oiseau noir, pas une corneille, non, il<br />

n’avait pas la gaieté d’une corneille, et pas un corbeau non plus,<br />

il ne possédait pas l’astuce enjouée d’un corbeau, non : un<br />

misérable gobeur d’yeux qui tournoyait dans le ciel en rêvant<br />

d’eux comme de deux charognes dont se faire un festin. Il puait<br />

la pourriture et je me mis la main sur le nez et la bouche avant<br />

de m’écarter.<br />

Je pris place sur les pierres d’une cheminée à côté d’une<br />

jeune fille qui gloussait de rire, tout heureuse dans ses jupes<br />

bleues. Elle jacassait comme un écureuil et je lui souris ;<br />

bientôt, elle s’appuya contre moi et se mit à chanter une petite<br />

chanson amusante qui parlait de t<strong>roi</strong>s laitières. D’autres, assis<br />

ou debout, se trouvaient autour de l’âtre et ils se joignirent à la<br />

chanson. A la fin, nous éclatâmes tous de rire, mais je ne<br />

compris pas bien pourquoi. Et sa main était chaude, posée si<br />

naturellement sur ma cuisse.<br />

Frère, es-tu fou ? As-tu avalé des arêtes, as-tu la fièvre ?<br />

« Hein ? »<br />

- 352 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!