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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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longue rangée de boxes ; à la porte, il décrocha une lanterne.<br />

Après la chaleur des écuries, la nuit me parut encore plus<br />

f<strong>roi</strong>de et obscure. Comme nous remontions le chemin verglacé<br />

qui menait aux cuisines, la neige reprit et mes pensées se<br />

mirent à tournoyer et à voltiger comme les flocons. Je ne savais<br />

plus où étaient mes pieds. « Tout a changé pour toujours », disje<br />

en m’adressant à la nuit. Mes paroles s’envolèrent en<br />

tourbillonnant au milieu des cristaux de neige.<br />

« Qu’est-ce qui a changé ? » demanda Burrich. Son ton<br />

circonspect trahit son inquiétude : il craignait que la fièvre ne<br />

m’ait repris.<br />

« Tout. Ta façon de me traiter quand tu ne fais pas<br />

attention. La façon dont Pognes me traite ; il y a deux ans, nous<br />

étions amis, deux garçons qui travaillaient aux écuries, tout<br />

simplement. Mais ce soir, il m’a traité comme un invalide...<br />

quelqu’un de tellement faible qu’on ne peut même plus l’en<br />

insulter. Comme s’il était normal qu’il fasse les choses à ma<br />

place. Et les soldats ne m’ont pas reconnu à la porte. Même toi,<br />

Burrich : il y a six mois ou un an, si j’étais tombé malade, tu<br />

m’aurais traîné dans ta chambre et soigné comme tu aurais<br />

soigné un chien ; et si je m’étais avisé de me plaindre, tu<br />

m’aurais envoyé sur les roses. Et aujourd’hui, tu<br />

m’accompagnes aux cuisines et... »<br />

Burrich m’interrompit sans douceur.<br />

« Arrête de gémir. Arrête de pleurnicher sur ton sort. Si<br />

Pognes avait la tête que tu as en ce moment, tu aurais agi de la<br />

même façon avec lui. » Presque involontairement, il ajouta :<br />

« Les choses changent parce que le temps passe. Pognes n’a pas<br />

cessé d’être ton ami ; mais tu n’es plus celui qui a quitté<br />

Castelcerf à l’époque des moissons. Ce Fitz-là était le garçon de<br />

courses de Vérité, il avait été mon garçon d’écurie, mais il<br />

n’était guère plus. Bâtard royal, oui, mais c’était sans grande<br />

importance pour personne sauf pour moi. Mais là-bas, à<br />

Jhaampe, dans le royaume des Montagnes, tu as montré que tu<br />

étais bien davantage. Peu importe que tu sois pâle comme un<br />

mort ou que tu puisses à peine marcher après une journée en<br />

selle : tu as l’allure que doit avoir le fils de Chevalerie. C’est ce<br />

qui transparaît dans ton attitude et c’est à ça que les gardes ont<br />

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