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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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possible ! Et aujourd’hui je me dis que, si un jour la couronne<br />

vient à se poser sur ma tête, elle se trouvera bien indignement<br />

portée. »<br />

J’avais devant moi le prince Vérité tel que je ne l’avais<br />

jamais vu ; c’était un homme dont la confiance était en pièces.<br />

Je compris alors combien Kettricken lui était mal assortie ; ce<br />

n’était pas sa faute : elle était forte et elle avait été é<strong>du</strong>quée<br />

pour régner. Vérité, lui, disait souvent qu’il avait été élevé<br />

comme second. L’épouse qu’il lui aurait fallu aurait su<br />

l’affermir comme une ancre un navire, l’aurait aidé à assumer<br />

sa position royale ; elle serait venue pleurer dans son lit, se<br />

faire cajoler et rassurer, lui aurait ren<strong>du</strong> foi en sa virilité, en sa<br />

capacité à être <strong>roi</strong>. La discipline et la retenue de Kettricken le<br />

faisaient douter de sa propre force. Mon prince était humain, je<br />

m’en apercevais soudain. Et c’était inquiétant. « Vous devriez<br />

au moins aller leur parler, fis-je d’un ton incertain.<br />

ŕ Pour leur dire quoi ? « Bonne chasse » ? Non. Mais vas-y<br />

toi, mon garçon. Va, ouvre l’œil et rapporte-moi ce qui se passe.<br />

Vas-y tout de suite. Et ferme la porte derrière toi. Je ne veux<br />

voir personne avant ton retour. »<br />

J’obéis. En sortant de la Grand-Salle, au moment d’enfiler<br />

le couloir qui menait à la cour, je rencontrai <strong>Royal</strong>. Il était rare<br />

de le voir debout à une heure aussi matinale et, à sa tête, il ne<br />

s’était pas levé de son plein gré. Bien habillé, bien coiffé, il lui<br />

manquait néanmoins toutes ses petites touches d’apprêt<br />

habituelles : ses boucles d’oreilles, son écharpe de soie<br />

soigneusement pliée et piquée d’une broche ; il ne portait que<br />

sa chevalière. Il s’était peigné, mais ses cheveux n’étaient ni<br />

parfumés ni bouclés. Et il avait les yeux injectés de sang. Il était<br />

dans une colère noire. Comme je voulais passer à côté de lui, il<br />

me saisit par le bras et m’obligea à le regarder ; telle était, <strong>du</strong><br />

moins, son intention. Loin de résister, je relâchai mes muscles<br />

et je découvris avec ravissement qu’il était incapable de me<br />

faire bouger. Il se tourna vers moi, les yeux flamboyants, et <strong>du</strong>t,<br />

pour c<strong>roi</strong>ser les miens, les lever un tant soit peu. J’avais grandi<br />

et forci. Je le savais, mais je n’avais pas songé à ce réjouissant<br />

effet secondaire. Je bloquai le sourire que je sentais apparaître<br />

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