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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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qui confinaient à la folie. Pourtant, quand j’avais rencontré la<br />

joie de l’Art, je n’y avais pas vu le plaisir sordide que décrivait<br />

Galen ; j’avais senti mon sang se mettre à parcourir<br />

impétueusement mes veines et mon cœur tonner comme<br />

parfois lorsque j’écoutais de la musique ou que j’apercevais le<br />

plumage vif d’un faisan dans un bois en automne, ou même<br />

que j’arrivais à faire accomplir un saut parfait à un cheval, bref,<br />

quand je vivais cet instant où tout trouve son équilibre et<br />

fonctionne aussi harmonieusement qu’un vol d’oiseaux qui<br />

virent tous ensemble dans le ciel. L’Art donnait cela, et pas<br />

seulement l’espace d’un instant. Cette sensation <strong>du</strong>rait autant<br />

qu’un homme pouvait l’entretenir, et elle devenait plus forte et<br />

plus pure à mesure que l’on affinait son talent pour l’Art. C’est<br />

<strong>du</strong> moins ce que je croyais. Mes talents personnels pour l’Art<br />

avaient été irréversiblement saccagés <strong>du</strong>rant un combat de<br />

volontés avec Galen. Les murailles mentales que j’avais alors<br />

érigées pour me protéger étaient telles qu’un artiseur aussi<br />

puissant que Vérité ne parvenait pas toujours à me contacter.<br />

Ma propre capacité à artiser était devenue erratique, aussi<br />

inconstante qu’un cheval craintif.<br />

Je m’arrêtai en haut des marches, devant la porte.<br />

J’inspirai profondément puis relâchai lentement ma<br />

respiration en m’efforçant de chasser mes idées noires. Tout<br />

cela était fini, cette époque était révolue. Inutile de crier à<br />

l’injustice. Selon ma vieille habitude, j’entrai sans frapper afin<br />

de ne pas gêner la concentration de Vérité.<br />

Il n’aurait pas dû le faire, mais il était en train d’artiser. Les<br />

volets étaient ouverts et il était accoudé sur l’appui-fenêtre. Le<br />

vent et la neige entraient en tourbillonnant dans la pièce et<br />

mouchetaient de blanc ses cheveux noirs, sa chemise et son<br />

pourpoint bleu sombre. Il respirait à longs coups réguliers,<br />

selon un rythme à mi-chemin entre le sommeil profond et le<br />

souffle <strong>du</strong> coureur après l’effort. Il ne paraissait pas s’être<br />

ren<strong>du</strong> compte de ma présence. « Prince Vérité ? » fis-je à mivoix.<br />

Il se retourna vers moi et son regard fut comme chaleur,<br />

comme lumière, comme vent sur mon visage. Il m’artisa avec<br />

une telle puissance que je me sentis projeté hors de moi-<br />

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