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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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efforts pour me tenir loin de Molly, je la voyais partout. Oh, pas<br />

en personne, non, mais dans le parfum suave d’une grosse<br />

bougie à la baie de laurier, dans le manteau jeté sur un<br />

fauteuil ; même le miel des gâteaux de miel avait le goût de<br />

Molly. Me prendra-t-on pour un sot si je dis que je m’installais<br />

tout près de la bougie pour respirer son parfum ou que je<br />

m’asseyais dans le fauteuil afin de m’adosser à son manteau<br />

humide de neige ? J’avais parfois le même sentiment que<br />

Kettricken, celui d’être submergé par mes devoirs et de ne plus<br />

rien avoir dans l’existence qui me fût personnel.<br />

Chaque semaine, je faisais mon rapport à Umbre sur les<br />

progrès de la reine-servante en matière d’intrigues de cour. Ce<br />

fut lui qui m’avertit que, tout soudain, les dames les plus<br />

éprises de <strong>Royal</strong> s’étaient mises à rechercher aussi les faveurs<br />

de Kettricken ; je <strong>du</strong>s donc la mettre en garde et lui indiquer<br />

qui traiter courtoisement, mais sans plus, et à qui faire sans<br />

réserve bon visage. Parfois, je me disais que je devrais être en<br />

train de tuer au nom de mon <strong>roi</strong> plutôt que me laisser entraîner<br />

dans ces sournoiseries. Puis, un jour, le <strong>roi</strong> Subtil me fit<br />

convoquer.<br />

Le message me parvint un matin, très tôt, et je m’habillai<br />

en hâte pour me rendre auprès de mon <strong>roi</strong>. C’était la première<br />

fois qu’il m’appelait depuis mon retour à Castelcerf ; j’étais<br />

inquiet de son silence : était-il mécontent de moi ou de ce qui<br />

s’était passé à Jhaampe ? Non, il me l’aurait dit en face.<br />

Néanmoins... L’incertitude me rongeait. J’essayai en même<br />

temps de faire vite, afin de me présenter le plus rapidement<br />

possible devant lui, et de soigner particulièrement ma tenue, et<br />

je ne réussis qu’à échouer dans l’un et dans l’autre : mes<br />

cheveux, qu’on avait coupés à cause de la fièvre dans les<br />

Montagnes, avaient repoussé aussi hirsutes et indisciplinés que<br />

ceux de Vérité ; pis, ma barbe commençait à poindre et, par<br />

deux fois déjà, Burrich m’avait mis en demeure de choisir entre<br />

la porter carrément ou me raser plus fréquemment. Comme<br />

elle poussait par plaques, à l’instar de la robe d’hiver d’un<br />

poney, je m’entaillai diligemment la figure à plusieurs reprises<br />

ce matin-là avant de comprendre que quelques poils épars<br />

seraient moins visibles qu’une débauche de sang. Je me peignai<br />

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