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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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peut lui reprocher. Cet hiver-là me parut le plus long de mon<br />

existence.<br />

Du cabinet de Vérité, je me rendis aux appartements de<br />

Kettricken. Je frappai à la porte et la même petite fille que<br />

d’habitude m’ouvrit ; avec son visage rieur et ses cheveux<br />

sombres et bouclés, Romarin m’évoquait une fée des étangs. Il<br />

régnait une atmosphère en demi-teinte dans la pièce où<br />

j’entrai ; plusieurs dames de compagnie de Kettricken s’y<br />

trouvaient, assises sur des tabourets autour d’un cadre ten<strong>du</strong><br />

d’un tissu de lin blanc. Elles en brodaient les bords de fleurs et<br />

de feuillages de couleurs vives. J’avais assisté à des séances<br />

similaires chez maîtresse Pressée ; en général, c’était une<br />

activité gaie où l’on papotait amicalement tandis que les<br />

aiguilles couraient en tirant leur queue multicolore au-dessus<br />

et en dessous de la toile épaisse. Mais ici, c’était le silence<br />

presque absolu. Les femmes travaillaient la tête penchée,<br />

diligemment, avec habileté, mais sans bavardage enjoué. Des<br />

chandelles parfumées roses et vertes brûlaient à chaque angle<br />

de la pièce et leurs fragrances subtiles se mêlaient autour <strong>du</strong><br />

tissu.<br />

Kettricken présidait la tâche et ses mains n’étaient pas les<br />

moins actives. Elle semblait être la source <strong>du</strong> mutisme général :<br />

son visage était composé, voire serein, pourtant elle était si<br />

renfermée sur elle-même que j’avais l’impression de voir des<br />

murailles dressées autour d’elle. Elle avait une expression<br />

aimable, de la douceur dans les yeux, mais je la sentais ailleurs.<br />

Elle m’évoquait un lac d’eau fraîche et immobile. Elle était<br />

vêtue avec simplicité d’une longue robe verte, plus proche de la<br />

mode des Montagnes que de celle de Castelcerf, et n’arborait<br />

pas le moindre bijou. A mon entrée, elle leva les yeux et me<br />

sourit d’un air interrogateur. J’eus le sentiment d’être un<br />

intrus, d’interrompre le cours d’un maître à ses élèves. Du<br />

coup, au lieu de la saluer simplement, je m’efforçai de justifier<br />

ma présence et dis d’un ton formel, conscient de toutes les<br />

femmes qui me regardaient :<br />

*<br />

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