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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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son épouse. Craignais-je le sourire suffisant de <strong>Royal</strong> devant<br />

mes mains grelottantes ? Ne pouvais-je le lui rendre, à lui qui<br />

ne serait jamais <strong>roi</strong> ? Un sentiment de féroce satisfaction<br />

monta en moi. Burrich avait raison : je n’étais pas vaincu, et je<br />

pouvais faire en sorte que <strong>Royal</strong> ne l’ignore pas.<br />

Et si j’avais battu <strong>Royal</strong>, ne pouvais-je également conquérir<br />

Molly ? Qu’est-ce qui m’en empêchait ? Jade ? Mais, d’après ce<br />

que Burrich avait enten<strong>du</strong> dire, elle ne s’était pas mariée, elle<br />

avait simplement quitté Bourg-de-Castelcerf, sans le sou, pour<br />

aller vivre chez des parents. Si Jade l’avait laissée faire, il avait<br />

de quoi rougir ! Je la chercherais, je la trouverais et je<br />

gagnerais son cœur. Molly avec ses cheveux défaits volant dans<br />

le vent, Molly avec ses jupes et sa cape écarlates, hardie comme<br />

l’oiseau qu’on nomme larron-rouge, et l’œil aussi vif...<br />

L’imaginer ainsi me fit courir un frisson le long de l’échiné ; je<br />

souris, et soudain je sentis mes lèvres se crisper en un rictus, le<br />

frisson se muer en tremblement. Une convulsion me prit et je<br />

me cognai <strong>du</strong>rement la tête contre le bois <strong>du</strong> lit ; un cri<br />

m’échappa, ou plutôt un gargouillement inarticulé.<br />

En un instant, Jonqui fut auprès de moi ; elle appela<br />

Burrich et ils s’efforcèrent de maintenir mes membres qui<br />

s’agitaient de façon incontrôlée ; Burrich me terrassa de tout<br />

son poids pour contenir mes convulsions, et puis je perdis<br />

connaissance.<br />

Je sortis des ténèbres dans la lumière, comme si<br />

j’émergeais d’une profonde plongée dans des eaux tièdes.<br />

L’épais <strong>du</strong>vet <strong>du</strong> lit de plume me faisait un berceau, les<br />

couvertures étaient douces et chaudes. Pendant quelque temps,<br />

tout ne fut que paix ; je demeurai allongé, serein, presque bien.<br />

« Fitz ? » Burrich était penché sur moi.<br />

Le monde réapparut et je me rappelai que j’étais une<br />

créature estropiée, pitoyable, un pantin aux fils à demi<br />

emmêlés, un cheval dont un tendon a été tranché. Je ne serais<br />

plus jamais tel que j’étais auparavant ; je n’avais plus de place<br />

dans le monde où j’avais vécu jusque-là. Burrich avait dit que la<br />

pitié remplaçait mal l’amour ; eh bien, je ne voulais la pitié de<br />

personne. « Burrich. »<br />

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