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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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Je ne te dois rien et surtout pas obéissance. Je ne resterai pas<br />

ici. Je vivrai comme je l’entends.<br />

Il y avait de la ruse dans ses pensées. Il voulait me cacher<br />

quelque chose, mais je devinai ce que c’était. Fais ce que tu<br />

veux, Loupiot, sauf ceci : ne me suis pas à Castelcerf. Je te<br />

l’interdis.<br />

Tu me l’interdis ? Tu me l’interdis ? Autant interdire au<br />

vent de souffler sur ton antre de pierre ou à l’herbe de pousser<br />

autour. Tu en as le d<strong>roi</strong>t. Vas-y, interdis.<br />

Avec un grognement dédaigneux, il détourna la tête. Je<br />

bandai ma volonté et m’adressai à lui une dernière fois.<br />

« Loupiot ! » dis-je de ma voix d’homme. Il me regarda,<br />

surpris. Ses petites oreilles s’abaissèrent et il s’apprêta à me<br />

montrer les crocs. Mais avant qu’il en ait eu le temps, je le<br />

repoussai. C’était un acte mental que j’avais toujours su<br />

pratiquer, aussi instinctivement que l’on sait retirer son doigt<br />

de la flamme ; c’était une force que j’utilisais rarement, car une<br />

fois Burrich l’avait retournée contre moi et depuis je m’en<br />

méfiais. Je n’exerçai pas une simple poussée, comme je l’avais<br />

fait lorsqu’il était dans sa cage : cette fois, j’y mis de la force et<br />

la répulsion mentale devint presque un choc physique. Loupiot<br />

fit un bond en arrière, puis resta sans bouger, les pattes<br />

écartées dans la neige, prêt à s’enfuir. Il avait l’air bouleversé.<br />

« VA-T’EN ! » lui criai-je, avec des mots d’homme, une voix<br />

d’homme, et en même temps je le repoussai avec toute la<br />

puissance <strong>du</strong> Vif. Il se sauva, sans aucune grâce, en sautillant<br />

de travers dans la neige. Je me retins de le suivre en esprit pour<br />

m’assurer qu’il ne s’arrêtait pas : c’était fini. En le repoussant,<br />

j’avais rompu l’attache ; non seulement je m’étais retiré de lui,<br />

mais j’avais rejeté tous les liens qui pouvaient le raccrocher à<br />

moi. J’avais tout tranché. Et mieux valait qu’il en soit ainsi.<br />

Pourtant, les yeux fixés sur les buissons dans lesquels il avait<br />

disparu, je sentais un vide glacé, une irritation picotante qui<br />

signalait une absence, un manque. J’ai enten<strong>du</strong> des hommes<br />

parler ainsi d’un membre amputé : l’envie de toucher une<br />

partie de soi-même qui a disparu.<br />

Je quittai la borie et pris le chemin <strong>du</strong> retour. Plus je<br />

marchais, plus j’avais mal. Pas physiquement, mais je n’ai pas<br />

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