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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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pouvons épuiser un cerf à la course et banqueter avant le<br />

matin. Viens ! Retrouve ce que tu es par ta naissance !<br />

Au bout d’un instant, je revins à moi. J’étais debout et je<br />

tremblais de la tête aux pieds. Je regardai mes mains et<br />

soudain ma chair me parut une prison étrangère, aussi<br />

anormale que les vêtements que je portais. Je pouvais partir.<br />

Partir maintenant, cette nuit, et m’en aller loin pour retourner<br />

auprès de notre vraie famille, et personne ne serait capable de<br />

nous suivre, encore moins de nous retrouver. Il m’offrait un<br />

monde noir et blanc éclairé par la lune, un monde de repas et<br />

de repos, parfaitement simple, parfaitement plein. Nous nous<br />

regardions dans les yeux, et les siens étaient d’un vert<br />

chatoyant et m’invitaient à le suivre. Viens. Viens avec moi.<br />

Qu’ont à faire ceux de notre race des hommes et de leurs<br />

mesquines manigances ? Il n’y a pas une bouchée de viande à<br />

tirer de leurs chamailleries, pas de joie claire dans leurs<br />

projets, et jamais de plaisir simple à prendre sans réfléchir.<br />

Pourquoi choisir leur monde ? Viens, viens-t’en !<br />

Je clignai les yeux. Des flocons s’accrochaient à mes cils et<br />

j’étais debout dans le noir, transi et agité de frissons. Non loin<br />

de moi, un loup se redressa et s’ébroua. La queue à<br />

l’horizontale, les oreilles pointées, il s’approcha de moi, frotta<br />

sa tête contre ma jambe et, <strong>du</strong> museau, poussa ma main glacée.<br />

Je mis un genou dans la neige et le pris dans mes bras ; je<br />

sentis la chaleur de son pelage sous mes paumes, la solidité de<br />

ses muscles et de ses os. Il avait une bonne odeur, propre et<br />

sauvage. « Nous sommes ce que nous sommes, frère. Mange<br />

bien », lui dis-je. Je lui donnai une dernière caresse sur les<br />

oreilles, puis me relevai. Tandis qu’il s’emparait <strong>du</strong> sac d’os<br />

pour le traîner dans l’antre qu’il s’était creusé sous la<br />

chaumière, je me détournai. Les lumières de Castelcerf étaient<br />

presque aveuglantes, mais je me dirigeai vers elles néanmoins.<br />

Je n’aurais su dire pourquoi. Mais j’allai à leur rencontre.<br />

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