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[L'Assassin Royal 2]L'assassin du roi

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ten<strong>du</strong>s. La terrible lumière d’espoir et de joie qui illuminait son<br />

visage était insupportable. Un instant, ses yeux c<strong>roi</strong>sèrent les<br />

miens et je vis la lumière mourir en elle. Elle m’arracha la<br />

petite fille, saisit son visage déjà f<strong>roi</strong>d d’une main et se mit à<br />

hurler. Sa douleur s’abattit sur moi comme une vague, rompit<br />

mes digues et me submergea. Et son cri continuait...<br />

Des heures plus tard, dans le cabinet de Vérité, je<br />

l’entendais encore. Tout mon être résonnait à ce hurlement en<br />

longs frémissements involontaires qui me parcouraient tout<br />

entier. Torse nu, j’étais assis sur un tabouret devant la<br />

cheminée ; le guérisseur ajoutait <strong>du</strong> bois au feu tandis qu’un<br />

Burrich muet comme une tombe ôtait les aiguilles de pin et la<br />

terre incrustées dans ma plaie à la nuque. « Ça et ça, tu ne te<br />

l’es pas fait cette fois-ci », observa-t-il à un moment en<br />

désignant mes autres blessures au bras. Je ne répondis pas : les<br />

mots m’avaient abandonné. Dans une cuvette d’eau chaude,<br />

des fleurs d’iris séchées se déf<strong>roi</strong>ssaient au milieu de fragments<br />

de myrte des marais. Il y plongea un bout de tissu et en<br />

tamponna les ecchymoses de mon cou. « Le forgeron avait de<br />

grandes mains, fit-il.<br />

ŕ Vous le connaissiez ? demanda le guérisseur en se<br />

retournant.<br />

ŕ Pas vraiment ; je l’avais aperçu une fois ou deux, à la fête<br />

<strong>du</strong> Printemps, quand les marchands itinérants viennent<br />

proposer leurs pro<strong>du</strong>its au bourg. Il vendait des boucles et des<br />

mors de fantaisie en argent pour les harnais. »<br />

Le silence retomba et Burrich poursuivit son travail. Le<br />

sang qui teintait l’eau de la cuvette n’était pas le mien, pour la<br />

plus grande partie : à part de nombreuses ecchymoses et<br />

contusions, je m’en tirais surtout avec des éraflures, des<br />

entailles et une énorme bosse au front. J’en éprouvais d’ailleurs<br />

comme de la honte : la petite fille était morte, j’aurais dû au<br />

moins être blessé. J’ignore pourquoi, mais j’y aurais vu une<br />

certaine justice. Je regardai Burrich panser soigneusement<br />

mon avant-bras, puis le guérisseur m’apporta une chope de thé.<br />

Burrich s’en empara, la renifla d’un air pensif, puis me la passa.<br />

« J’y aurais mis moins de valériane », remarqua-t-il<br />

simplement. Le guérisseur recula et alla s’asseoir près de l’âtre.<br />

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