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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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INTRODUCTION 13<br />

l’évolution que subit la société globale. Ils interviennent à un niveau de la réalité où la société est mise<br />

en question,d’une façonafondamentale,l;puisque sa survie dépend des réponses qu’elle apporte sur ce<br />

plan aux problèmes posés par l’expansion démographique, l’irruption de l’économie&monétaire <strong>dans</strong><br />

la sphère de la subsistance <strong>et</strong> la dégradation des solidarités traditionnelles. Dans c<strong>et</strong>te perspective, les<br />

conflits qui surgissent à propos de la production sont des événements riches en enseignements sur<br />

le jeu des forces qui déterminent la dynamique sociale. C’est pourquoi on devra situer les activités<br />

<strong>agricoles</strong> <strong>et</strong> les transformations socio-économiques <strong>dans</strong> l’univers concr<strong>et</strong>, particulier <strong>et</strong> total, qui, les<br />

comprend <strong>et</strong> les conditionne. La nature <strong>et</strong> l’efficacité du système de production, ainsi que les carat.<br />

téristiques de ses transformations ne peuvent être saisies correctement qu’en rapport avec tous<br />

les facteurs qui influencent l’évolution de la société. C<strong>et</strong>te recherche, vaste <strong>et</strong> complexe, devra être<br />

abordée en même temps par les voies diverses <strong>et</strong> complémentaires de l’anthropologie économique<br />

<strong>et</strong> sociale, de l’histoire <strong>et</strong> de la géographie humaine.<br />

L’habil<strong>et</strong>é agricole des <strong>Mossi</strong> <strong>et</strong> l’importance relative des valeurs agraires <strong>dans</strong> leur univers<br />

culturel ont fait l’obj<strong>et</strong> de jugements contradictoires. Après une étude détaillée de Ieurs activités<br />

<strong>agricoles</strong>, L. TAUXIER (1912, p. 486) a conclu qu’ils doivent être comptés parmi les moins bons cultivateurs<br />

du groupe des populations voltaïques. Pour c<strong>et</strong> auteur, l’infériorité technique des <strong>Mossi</strong><br />

<strong>dans</strong> le domaine agricole n’apparaît pas comme une caractéristique fortuite, mais représente un aspect<br />

déterminé d’une civilisation où les valeurs guerrières l’ont emporté longtemps sur les valeurs agraires :<br />

(( Le <strong>Mossi</strong> n’est pas un très bon cultivateur <strong>et</strong> sur ce point je crois qu’il faut le m<strong>et</strong>tre au-dessous du Bobo, du<br />

Gourounsi, du Habé, du Bambara, <strong>et</strong>c. [. ..]. On sent chez lui l’hérédité, au moins partielle, de gens qui ont connu jadis<br />

une manière plus facile <strong>et</strong> plus fructueuse de se procurer leur nourriture (ainsi la guerre <strong>et</strong> le pillage qui en résulte), ou,<br />

pour nous exprimer autrement, la rencontre de deux races dont l’une à vrai dire était bonne cultivatrice mais l’autre<br />

l’était moins. ))<br />

Le jugement de L. TAUXIER a été infirmé par divers auteurs. Aussi, F. IZARD-HÉRITIER <strong>et</strong><br />

M. IZARD (195813, p. 38) ont pu écrire que (( les <strong>Mossi</strong> sont connus pour être de bons agriculteurs ».<br />

On a de plus en plus admis, en eff<strong>et</strong>, que les cultures apparemment intensives pratiquées par les <strong>Mossi</strong><br />

sur les terres médiocres de leur pays surpeuplé prouvent .l’existence d’un système agraire techniquement<br />

évolué. Comme l’agriculture constitue de fait la principale activité des <strong>Mossi</strong> <strong>et</strong> l’unique<br />

source de leur subsistance - même pour les Nakomse, depuis la colonisation -, on a été amené à<br />

penser que leur univers mental <strong>et</strong> social est essentiellement organisé en fonction de c<strong>et</strong>te occupation.<br />

L’étude des phénomenes matériels <strong>et</strong> culturels liés à l’agriculture placerait l’observateur <strong>dans</strong> une<br />

position privilégiée pour la compréhension des principaux facteurs qui déterminent la vie de c<strong>et</strong>te<br />

société. Dans c<strong>et</strong>te optique, la civilisation mossi est apparue fondée sur une valorisation systématique<br />

de l’agriculture. Au terme d’une série de déductions portant principalement sur la densité de la<br />

population, sur les formes de l’occupation du sol <strong>et</strong> sur l’importance primordiale accordée aux cultures<br />

durant la saison des pluies, certains auteurs ont conclu que les <strong>Mossi</strong> sont de bons agriculteurs formant<br />

une société paysanne profondément enracinée <strong>dans</strong> ses terroirs:<br />

(( Les terroirs de type voltaïque se distribuent bien sur la portion du continent africain où ce que J. GALLAIS<br />

appelle la (( religion géographique )), le culte des puissances liées au sol <strong>et</strong> à son exploitation, atteint le plus de force<br />

<strong>et</strong> rend le plus étroitement solidaires les hommes <strong>et</strong> les lieux >) 1.<br />

L’incertitude qui se dégage de ces jugements contradictoires s’accroît encore si on prend en<br />

considération les particularités des différentes régions du <strong>Mossi</strong> 2. C’est pourquoi une description<br />

du paysage agraire, des techniques d’exploitation du sol <strong>et</strong> du régime foncier est une étape nécessaire<br />

pour fonder une recherche sociologique. C<strong>et</strong>te étude visera d’abord à définir les significations socio.<br />

logiques inhérentes au choix d’un modèle d’agencement de l’espace, <strong>dans</strong> la mesure où un tel choix<br />

comporte des options concernant les relations sociales, les représentations <strong>et</strong> les valeurs communes.<br />

1. SAUTTER G., 1962, (p. 64).<br />

2. A l’étude du terroir de Yaoghin (près de Ouagadougou), effectuée par T. P. ROUAMBA, s’ajouteront bientôt<br />

des études semblables faites <strong>dans</strong> la région de Manga <strong>et</strong> de Koupéla par des géographes de l’O.R.S.T.O.M., G. RÉMY<br />

<strong>et</strong> J. P. LAHUEC.

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