Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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230 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI passer avec succès de la production collective à la production individuelle par simple circulaire administrative; les modalités de la production du coton étaient déterminées par l’ensemble du contexte concret et complexe de la société traditionnelle dans la situation coloniale. La culture de coton pour I>exportation était perçue par les cultivateurs comme une activité liée à une contrainte exercée par une force étrangère, mettant en question l’univers traditionnel. Quelques années plus tard, un administrateur constata que les séquelles de la culture collective obligatoire et les tentatives malheureuses pour fonder une économie cotonnière sur l’initiative individuelle avaient abouti à la quasi disparition des champs de coton destiné à l’exportation :
ANNEXES 231 Le rapport économique de 1950 prévoyait que 250 tonnes de coton environ seraient exportées par la subdivisioti ‘. La C.F.D.T. a inauguré son action par la distribution gratuite de graines d’une variété de coton sélectionnée - variété Allen -, par un effort de vulgarisation des méthodes modernes de culture, et par l’organisation de la commercialisation. Pour ce premier essai, la C.F.D.T. a concentré son action sur trois centres: Darigma, Bouré et Pilimpikou. Les progrès de la production et de la commercialisation du coton furent relativement rapides sous son impulsion. En 1951, la C.F.D.T. a distribué trois tonnes de graines Allen; dans le cercle de Yako, l’année suivante, près de cinq fois plus ; et en 1953, 47 tonnes de graines ont été distribuées gratuitement 2. Les superficies cultivées en Allen auraient progressé durant le même temps de 90 ha à 1 148 ha, et la production Allen de 33 tonnes à 158 tonnes. Les quantités de coton commercialisées par la C.F.D.T. au cours de ces années sont passées de 29 à 55 tonnes, puis à 41 tonnes. Toutefois, en 1953, les cultivateurs ont préféré vendre leur coton sur les marchés traditionnels où le cours était supérieur à celui de la C.F.D.T. : le kilogramme de coton y était payé 45 francs CFA en moyenne, tandis que la C.F.D.T. achetait à 27 francs CFA seulement le deuxième choix et à 32 francs CFA le premier choix. Au reste, les cultivateurs avaient été déçus par une baisse du cours de la C.F.D.T. : en 1951, le (( coton tout venant » était payé 30 francs CFA le kilogramme, tandis que le (( coton de qualité 1) valait 35 francs CFA - une baisse de 3 francs CFA par kilogramme correspondait à peu près à 10 % de la valeur du produit 2. En 1954, le rapport économique de la subdivision fait état d’une production totale de coton Allen de 400 tonnes environ, dont 138 ont été commercialisées par la C.F.D.T. Le centre de Pilimpikou a produit 70 tonnes et le centre de Bouré trente-cinq, soit pour ces deux centres un peu plus du quart de la production totale de la subdivision de Yako. On lit dans le même rapport: (( La cause du coton C.F.D.T. semble définitivement gagnée.. . Les cultures de coton local ~unctutum. ont considérablement diminué N 4. Pour parvenir à ces résultats, la propagande auprès des cultivateurs est appuyée par une action menée auprès des chefs. Le 14 juillet 1956, les chefs des cantons de Samba et de Dakola reçoivent des K médailles-récompenses )) offertes par la Chambre de Commerce de Bobo-Dioulasso: pour qu’ils persuadent les cultivateurs sous leur autorité d’étendre les cultures de coton. D’ailleurs, les chefs étaient eux-mêmes grands producteurs de coton, recourant au travail prestataire ou aux formes traditionnelles d’organisation du travail. Au cours de la campagne 1955-1956, 1 es centres de Batono, Bouré et Pilimpikou ont livré à la C.F.D.T. respectivement 37,57 et 97 tonnes de coton; et pendant la campagne suivante, la comrnercialisation par la C.F.D.T. a porté dans ces trois centres sur 58, 70 et 112 tonnes, soit une augmentation globale d’environ 25 % 5. En 1957, la récolte de coton fut très bonne dans le cercle de Yako - environ 900 tonnes. D’après le rapport économique annuel, la commercialisation aurait rapporté aux cultivateurs vingt+ cinq millions de francs CFA environ 6. Aussi, l’impôt put-il être perçu facilement. Au cours de la campagne agricole 1957-1958, la production commercialisée pour l’exportation dépassa 640 tonnes. Puis, survint un subit et notable fléchissement de la production et de la commercialisation: 314 tonnes de coton commercialisées par la C.F.D.T. en 1958-1959, et 53 tonnes seulement l’année suivante (ce qui ne rapporta aux cultivateurs que la somme modique d’environ 1 800 000 francs CFA). L’analyse de ce brusque effondrement de la production et de la commercialisation du coton permet de définir quelle fut à cette époque I’assise socio-économique de la production cotonnière 1. Rapport économique, 1950, Subdivision de Yako, ms., Arch., Yako. 2. Rapport économique, 1953, Subdivision de Yako, ms., Arch., Yako. 3. Rapport économique, 1951, Subdivision de Yako, ms., Arch., Yako. 4. Rapport économique, 1954, Subdivision de Yako, ms., Arch., Yako. 5. Rapport économique, 1956, et Rapport économique, 1957, Cercle de Yako, ms., Arch., Yako. 6. Rapport économique, 1959-1960, Cercle de Yako, ms., Arch., Yako. Cette somme comprend Ies revenus provenant de la commercialisation du coton sur les marchés traditionnels.
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