Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 93
PL. IX. (suite) - Activités de saison séche. - 2. Chasse, dans la brousse de Batono.
tissage et vannerie.*Enfin, de nombreux hommes quittent leur pays durant cette saison pour trouver
au loin un emploi rémunéré.
Depuis quelques années, le maraîchage de saison sèche se développe dans diverses localités
de la région de Dakola, et les bas-fonds se couvrent de jardins et de vergers. L’extension rapide de ces
cultures nouvelles transformera profondément le calendrier de saison sèche au cours des prochaines
années.
La saison des pluies est courte. Le cultivateur ne s’occupe principalement ~d’agriculture que
durant trois mois environ chaque année, mais les travaux importants qu’il doit nécessairement
effectuer au moment opportun sont bloqués en quelques semaines. Pendant ce court délai imparti
au cultivateur par le régime des pluies, et compte tenu du cycle végétatif de chaque espèce cultivée,
l’ordre des diverses activités agricoles est soumis à des contraintes rigoureuses ; le cultivateur ne dispose
que d’une faible marge de liberté pour organiser à sa guise les travaux culturaux. Par ailleurs, l’irrégularité
interannuelle de la pluviosité et la répartition irrégulière des jours de pluie font peser une
lourde hypothèque sur les activités agricoles. Le cultivateur a le sentiment que la productivité de son
travail dépend surtout de facteurs aléatoires. Quand les premières précipitations sont trop espacées,
les semailles sont à refaire; le manque de pluie au moment de la végétation laisse les mils chétifs ;
un excès de pluie peut empêcher la formation et le mûrissement des épis ; et les pluies tardives détériorent
les récoltes. En septembre 1967, la production de coton s’annonçait importante et d’excellente
qualité aux environs de Dakola, quand la cessation brusque et précoce des pluies a gravement
compromis la récolte. Les activités agricoles sont ainsi affectées par une incertitude permanente, qui
s’oppose à l’instauration d’une agriculture rationnelle en déjouant souvent les prévisions les plus
sages.
Sachant que faute de pluies suffisantes et bien réparties il peut tout perdre, le cultivateur hésite
à s’endetter pour la fumure chimique et les traitements insecticides de son champ de coton. Il estime
que l’outillage moderne, utile s’il n’est pas trop onéreux, ne change pas fondamentalement les
conditions de production qui sont principalement dominées par les aléas climatiques. Le cultivateur
n’a pas le sentiment d’être en mesure de calculer les risques de ses options en matière de production
agricole; il n’est jamais certain de pouvoir amortir ses investissements dans un délai raisonnable, et