Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

FORMES PARTICULIÈRES D’ORGANISATION DU TRAVAIL 113
Guiguemde Tiliguéda a conclu l’accord rabense avec le fils de son frère cadet décédé, Guiguemdé
Yemdaogo, qui est chef d’une unité de production comprenant deux personnes actives
(lui-même et son épouse).
Guiguemdé Tiliguéda n’organisa qu’une séance de culture consacrée au deuxième sarclage
d’un champ de bas-fond, cultivé en sorgho blanc. Les cinq travailleurs de la première unité de
production et les deux travailleurs de la seconde y participèrent du matin au soir, en présence de
Guiguemdé Tiliguéda.
Guiguemde Tiliguéda dépensa à cette occasion:
Un canari de bière de mil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 F CFA,
Poisson sec, pour la sauce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 F CFA,
Noix de kola . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 F CFA,
Tabac à chiquer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 F CFA,
Cigarettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 F CFA.
Le sorgho blanc qui servit à préparer du gâteau fut prélevé dans le grenier de l’exploitant. Les
autres produits furent achetés au marché - soit une dépense monétaire de 400 francs CFA.
Au titre de la réciprocité, Guiguemdé Yemdaogo organisa à son tour une séance de culture
pour le second sarclage d’un champ de sorgho blanc, également situé dans le bas-fonds. Toutes les
personnes qui avaient participé à la séance précédente vinrent encore à celle-ci. Guiguemdé Yemdaogo
obtint par conséquent cinq journées de travail de main-d’oeuvre étrangère à son unité de production
en retour des deux journées que son unité avait fournies à Guiguemde Tiliguéda.
Guiguemdé Yemdaodo fit les dépenses suivantes lors de sa séance de culture:
Un canari de bière de mil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 F CFA,
Poisson sec, pour la sauce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 F CFA.
La bière et le poisson furent achetés au marché - soit une dépense monétaire de 150 francs
CFA. Un panier de sorgho blanc fut prélevé dans le grenier de l’exploitant pour la préparation de
gâteau.
Cet exemple de rabense mérite l’attention à un double titre : à cause de la disparité des quantités
de travail échangées et de l’importance des dépenses effectuées. Les journées de travail ne sont pas
comptabilisées et ne donnent pas lieu à un marché, la volonté d’entraide et la réaffirmation des
valeurs qu’elle implique priment les considérations relatives aux quantités objectives de travail
échangées. En cela, cet exemple de coopération reproduit un aspect essentiel du modèle traditionnel
des rubense. Cela n’est pas infirmé par le fait que ces rubense occasionnèrent de fortes dépenses
monétaires ; celles-ci sont simplement une forme nouvelle de la traditionnelle habitude d’échanger
des dons entre parents. Mais ces rabense ne comptèrent pas plus de deux séances de culture: cela
suffisait pour assurer la fonction sociale qui leur était assignée, les motifs techniques et économiques
traditionnels de l’entraide n’ont pas joué ici.
b) Rubense DE GUIGUEMDE NOUAGA AVEC GUIGUEMDE WIBILA, GUIGLJEMDE YABRI, ZONGO
SOKWENDÉ ET ZONGO RASABLÉGA.
Guiguemdé Nouaga dirige une unité de production composée de quatre travailleurs : lui-même,
son épouse, son frère cadet et l’épouse de celui-ci.
Guiguemdé Wibila est le frère aîné de Guiguemdé Nouaga ; ils habitent un même enclos familial
hérité de leur père, mais leurs exploitations sont distinctes. Guiguemdé Wibila est seul pour travailler :
son unique femme est très âgée, c’est la mère de Guiguemdé Nouaga, qu’il a héritée au décès de son
père; ses enfants l’ont quitté.
Guiguemdé Yabri est chef d’une unité de production qui ne compte que deux membres actifs :
lui et sa femme.
Zongo Sokwendé dirige une unité de production comprenant deux personnes actives: luimême
et son épouse.