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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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228 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

vu de ces résultats globaux assez surprenants, on a été tenté de croire que l’agriculture de subsistance<br />

était en métamorphose subite, se transformant sans délai en une agriculture commerciale caractérisée<br />

par une utilisation optimale des facteurs de production. Mais l’étude approfondie de l’économie<br />

cotonnière <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te région montre que les bull<strong>et</strong>ins de victoire contenus <strong>dans</strong> certains rapports<br />

administratifs ne sont pas’ fondés. Certes, les progrès impressionnants de la production <strong>et</strong> de la<br />

commercialisation du coton constituent <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te région un atout majeur pour une politique de<br />

développement. Mais pour le moment, l’agriculture cotonnière n’a pas provoqué de véritable décollage<br />

économique, <strong>et</strong> il n’est pas assuré qu’un tel décollage puisse s’effectuer <strong>dans</strong> les conditions actuelles.<br />

La culture du coton reste, jusqu’à présent, assez bien intégrée <strong>dans</strong> le système de production traditionnel,<br />

commandé par les impératifs d’une économie de subsistance de bas niveau technique.<br />

A. - LA POLITIQUE COTONNIÈRE DE L’ADMINISTRATION COLONIALE, JUSQU’EN<br />

1950.<br />

1. Travail collectif obligatoire sur champs de village.<br />

Aucune indication précise n’a pu être recueillie sur la production de coton antérieurement à<br />

l’application par l’administration coloniale d’une politique de production collective <strong>et</strong> obligatoire.<br />

Selon certaines estimations, la subdivision de Yako aurait produit annuellement de 150 à 200 tonnes<br />

de coton pour couvrir les besoins locaux <strong>et</strong> alimenter les circuits commerciaux traditionnels.<br />

En 1925, la subdivision a produit pour l’exportation 192 tonnes de coton, <strong>et</strong> ce chiffre est passé<br />

à 220 tonnes l’année suivante l. Le coton était commercialisé à des foires organisées‘<strong>dans</strong> le chef-lieu<br />

ou <strong>dans</strong> des localités importantes pendant la saison sèche. Ainsi en 1926, une première foire de coton<br />

eut lieu le 24 janvier à Yako: 64 tonnes de coton furent ach<strong>et</strong>ées au prix de 0,90 franc CFA le kg;<br />

35 tonnes furent ach<strong>et</strong>ées au même prix à Bouria, trois jours plus tard 2 ; le 4 mars, une nouvelle foire<br />

eut lieu à Yako : les transactions portèrent sur près de 52 tonnes 3 ; enfin, une troîsième foire fut organisée<br />

au chef-lieu de la subdivision: 69 tonnes de coton furent ach<strong>et</strong>ées à 0,90 franc CFA. Ces<br />

chiffres donnent une idée de l’importance des quantités de coton commercialisées dès c<strong>et</strong>te époque.<br />

Pour obtenir ces résultats, l’administration faisait une importante propagande auprès des chefs <strong>et</strong> leur<br />

assurait des avantages en rapport avec le volume de production qu’ils obtenaient <strong>dans</strong> leurs cantons.<br />

De plus, elle envoyait des gardes <strong>dans</strong> les divers cantons pour aider les représentants des chefs à<br />

surveiller les travaux de culture. La contrainte était multiforme. Le portage du coton depuis les localités<br />

éloignées jusqu’aux lieux de foire constituait une corvée détestée, <strong>et</strong> le pouvoir devait faire pression<br />

pour l’obtenir.<br />

En 1926, le coton était cultivé obligatoirement sur champs collectifs de village à raison de 4 ha<br />

par cent habitants. Ce mode de production perm<strong>et</strong>tait un contrôle administratif relativement facile.<br />

Plaidant pour le maintien de c<strong>et</strong>te formule, le chef de la subdivision de Yako insista <strong>dans</strong> un rapport<br />

de 1926 sur le fait que la production diminuerait certainement de façon « inquiétante » si on passait<br />

de l’exigence du champ collectif au champ individuel 4. Pourtant, les populations supportaient mal<br />

1. Bull<strong>et</strong>in politique, Subdivision de Yako, avril 1926, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

2. Bull<strong>et</strong>in politique, Subdivision de Yako, janvier 1926, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

3. Bull<strong>et</strong>in politique, Subdivision de Yako, mars 1926, ms., Arch. Abidjan (sans numéro).<br />

4. Bull<strong>et</strong>in politique, Subdivision de Yako, mai 1926, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

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