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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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150 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

à mesure de l’accroissement démographique du groupe <strong>et</strong> de l’augmentation correspondante de ses<br />

besoins en biens vivriers. Ainsi, les droits de possession sur la terre ont été institués progressivement,<br />

le terroir de Dakola n’a jamais fait l’obj<strong>et</strong> d’un partage systématique entre les lignages.<br />

Jusqu’à une époque assez récente, les étrangers n’éprouvaient aucune difficulté à obtenir des<br />

droits de culture de leurs hôtes, car ils étaient accueillis avec empressement. Tout groupement local<br />

souhaitait en eff<strong>et</strong> pouvoir augmenter son volume <strong>et</strong> étendre le réseau de ses relations. Et chaque chef<br />

désirait grouper sous son commandement le plus grand nombre possible de personnes, de façon à<br />

augmenter son prestige <strong>et</strong> à multiplier les potentialités socio-économiques <strong>et</strong> culturelles de ses suj<strong>et</strong>s<br />

en même temps que les siennes propres. Selon une ancienne constatation des <strong>Mossi</strong>, K ce n’est pas<br />

par le nombre des naissances qutun village ou un pays prend de l’importance, mais plutôt par l’installation<br />

de nouveaux venus, d’étrangers )) 1. La terre n’avait pas de valeur économique susceptible de<br />

faire obstacle à l’installation des étrangers; au contraire, le prêt <strong>et</strong> le don de terre contribuaient à<br />

l’instauration de nouvelles relations <strong>et</strong> à leur maintien. Les droits d’usage temporaire sur les terrains<br />

de culture cédés aux étrangers se transformaient généralement en droits d’usage permanent au cours<br />

des années, puis en droits de possession lorsque les champs avaient été créés par les étrangers sur une<br />

brousse libre ou si les droits des premiers possesseurs étaient tombés <strong>dans</strong> l’oubli. Mais à présent, le<br />

manque de terre est devenu tel qu’il constitue parfois une cause contraignante d’émigration: c<strong>et</strong>te<br />

nécessité est ressentie avec regr<strong>et</strong> par les chefs <strong>et</strong> les communautés locales 2.<br />

Dans l’ancienne société mossi, chaque domaine lignager était la possession collective des<br />

membres du lignage. Les droits résultant de c<strong>et</strong>te appropriation étaient détenus par le doyen de<br />

lignage. Celui-ci devait veiller à l’intégrité de l’espace lignager hérité des ancêtres - particulièrement<br />

quand la terre commença à manquer; <strong>et</strong> c’est lui qui accordait aux membres de son lignage les droits<br />

d’usage sur la terre en fonction de leurs besoins. Théoriquement, la terre lignagère pouvait être périodiquement<br />

redistribuée entre les membres du lignage, pour ajuster les droits aux besoins fluctuants<br />

des groupes familiaux. Si l’étendue d’un domaine lignager était trop vaste par rapport à la capacité<br />

de travail du lignage qui en était détenteur, le doyen du lignage pouvait accorder des droits d’usage<br />

sur des parcelles du domaine à des voisins ou à des étrangers qui lui en faisaient la demande (soit pour<br />

s’y installer, soit pour y cultiver). Mais depuis longtemps, semble-t-il, une certaine rigidité <strong>dans</strong> la<br />

transmission des droits d’usage s’est substituée à la possibilité théorique de redistribution périodique<br />

des terres lignagères. Le lot des terres communes dont l’usage était soumis au contrôle direct <strong>et</strong><br />

permanent des doyens de lignage a été progressivement partagé en parcelles, <strong>et</strong> leur usage est devenu<br />

un droit héréditaire strict à l’intérieur des segments des lignages mineurs. Seuls les champs des<br />

ancêtres, kiim’puuto, ne peuvent pas être partagés. Devant produire le sorgho rouge offert aux ancêtres<br />

à la fête annuelle de la nouvelle bière, ces champs restent obligatoirement sous le contrôle direct des<br />

chefs de lignage; ils sont le plus souvent de faible superficie.<br />

La pratique du partage foncier suscite inévitablement des inégalités <strong>et</strong>.des tensions. Quand un<br />

groupe s’estime lésé lors d’un partage, ou s’il manque de terres de culture à la suite d’un accroissement<br />

important de son volume démographique, il peut chercher à emprunter des terres concédées à d’autres<br />

groupes familiaux de son lignage, ou il quitte l’espace lignager pour emprunter de la terre à un autre<br />

groupe de parenté, ou encore il fonde un domaine propre sur une terre libre ou non strictement<br />

appropriée - située au-delà des zones de champs permanents. Les informations certaines font défaut<br />

sur les modes d’appropriation des terrains de brousse ayant été cultivés de manière épisodique<br />

seulement, mais il semble que ces terrains puissent être transformés en soolem par une unité sociale<br />

qui s’y installe avec l’accord de celui qui les avait antérieurement exploités - si toutefois le souvenir<br />

de l’ancien puug+soba est conservé. On a déjà noté la grande souplesse du régime ancien des droits<br />

fonciers: des droits d’usage temporaire pouvaient se convertir en droits d’usage permanent, <strong>et</strong> finir<br />

1. Coutumes messies . . . . 1933, (p. 77).<br />

2. SKINNER, 1964a (p. 123) a fait la même observation: c A Yirisoba who could not obtain adequate land on<br />

which to grow food for his family left the district and sought land elsewhere, especially among his mother’s patri,<br />

lineage. However, village and district chiefs always tried to prevent this because they did not like to lose any of their<br />

subjects. »

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