Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

216 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX. DANS L’OUEST-MOSSI
2. Caractéres généraux des migrations à Pilimpikou.
Les informations sur les migrations à Pilimpikou ont été recueillies à l’occasion de l’enquête
effectuée dans cette localité en hivernage 1967 pour l’étude du système matrimonial. Cette enquête
a touché près de trois mille personnes âgées de vingt ans et plus. Malgré l’importance relative de cet
échantillon, on se gardera de donner une portée régionale aux conclusions de l’enquête. Une nouvelle
étude, spécialement consacrée aux migrations, serait nécessaire pour préciser et sans doute corriger
les informations actuellement disponibles, qui ne constituent que les sous-produits d’une enquête
dont les objectifs furent différents. Enfin, pour une appréciation satisfaisante des phénomènes migratoires,
une enquête en saison sèche devrait compléter l’étude effectuée en hivernage.
L’enquête a touché tous les hommes âgés de vingt ans et davantage - quelle que fût leur situation
matrimoniale -, mais seulement les femmes mariées des tranches d’âge correspondantes.
Pour obtenir le nombre total des femmes âgées de vingt ans et plus, on a majoré de 8 % le nombre
des femmes mariées, de façon à tenir compte des veuves et des femmes divorcées ou rkpudiées qui ne
sont pas remariées. Les migrants - hommes et femmes âgés de vingt ans et davantage - représentent
environ 17 % de l’ensemble de la population des tranches d’âge correspondantes. Pour les hommes,
le nombre des migrants atteint presque 30 % ; mais ce pourcentage est inférieur à 6 % pour les femmes.
Plus des quatre cinquièmes des migrants recensés sont donc de sexe masculin; toutefois, il est vraisemblable
qu’un nombre important de femmes parties avec des migrants n’ont pas été déclarees lors
de l’enquète, « oubliées N involontairement ou à dessein - en particulier les femmes qui ont été
enlevées par des migrants. Par rapport à la population âgée de vingt ans et plus et présente dans la
localité lors de l’enquête, les migrants représentent plus du cinquième.
Les deux tiers des migrants (hommes et femmes, âgés de plus de dix#neuf ans) ont moins de
trente ans ; et le quart d’entre eux appartient à la tranche d’âges de trente à trente-neuf ans l. Parmi
les migrants, les femmes de moins de trente ans constituent les trois quarts de l’effectif féminin,
tandis que pour les hommes d’âge correspondant cette proportion est environ de 10 % inférieure.
Les hommes du groupe d’âge de trente à trente-neuf ans forment un peu plus du quart de l’ensemble
des migrants de sexe masculin. Par rapport au groupe d’âge de vingt à vingt-neuf ans, les migrants
hommes forment un peu plus des deux tiers. Mais ils ne sont que 36 % du groupe de trente à trenteneuf
ans. Parmi les hommes de quarante à quarante-neuf ans, à peine un homme sur dix est absent.
Et la proportion des migrants est négligeable chez les hommes âgés de cinquante ans et plus.
Le nombre relativement important de femmes jeunes parties en migration s’explique par
plusieurs raisons intimement liées. Une partie de ces femmes ont été enlevées par des migrants alors
qu’elles se trouvaient encore dans l’enclos de leur père. Certaines se sont évadées de l’enclos d’un
mari âgé qui leur fut imposé, et se sont enfuies avec un amant. Les autres ont été emmenées par des
maris prévoyants, désireux d’éviter ainsi le risque de perdre leur femme durant leur absence - par
enlèvement ou évasion.
Un peu plus de 80 % des migrants sont célibataires. Et près des quatre cinquièmes des migrants
mariés sont monogames. La quasi totalité des célibataires se sont rendus en Côte d’ivoire. Parmi les
migrants maries, on ne compte que 85 % qui ont choisi cette destination, et les autres sont restés
en Haute Volta. Par rapport à l’ensemble des migrants, la proportion de ceux qui restent en Haute
Volta est négligeable ; de même, le nombre des migrants partis au Ghana est insignifiant.
Un cinquième des migrants sont partis au cours de l’année qui a précédé l’enquête, et un pourcentage
à peu près égal de migrants étaient absents depuis deux ans. Ceux qui avaient migré depuis
trois ans ou plus, représentaient près de 60 %, 17 % étaient absents depuis quatre ou cinq ans, et près
du quart des migrants sont partis depuis plus de cinq ans.
1. Les migrants de Nahirsin, Pèlla et Kaba sont dans l’ensemble plus jeunes que ceux de Pilimpikou, puisque
les quatre cinquièmes d’entre eux - si on limite l’&hantillon aux bmigrés de vingt ans et plus - appartiennent à la
tranche d’âge de vingt à vingt-neuf ans. Les migrants de trente à trente-neuf ans ne représentent que 17 ‘$ de cet
échantillon.