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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 95<br />

démarrage certain de la saison des pluies l. Outre que le cultivateur épargnerait ainsi ses semences<br />

<strong>et</strong> sa peine, il aurait la satisfaction psychologique d’agir plus efficacement en dominant ses activités<br />

- un tel état d’esprit étant par ailleurs indispensable pour la formation de l’esprit d’entreprise <strong>et</strong><br />

pour I’instauration d’une agriculture rationnelle.<br />

Quelques auteurs rapportent que les cultivateurs mossi se fient aux constellations pour déterminer<br />

le moment favorable aux semailles. L’enquête <strong>dans</strong> l’Ouest a révélé que les cultivateurs de c<strong>et</strong>te<br />

région ne s’entendent pas à ce suj<strong>et</strong>, ce qui révèle sans doute le peu d’importance pratique qu’ils<br />

accordent aux mouvements des astres pour la conduite de leurs activités <strong>agricoles</strong> 2.<br />

Les premiers sarclages sont effectués en juin, juill<strong>et</strong>, <strong>et</strong> début août; c’est la période la plus<br />

laborieuse de l’année. Les sarclages d’entr<strong>et</strong>ien ont lieu en août <strong>et</strong> septembre, <strong>et</strong> il est fréquent que le<br />

coton soit sarclé une dernière fois au mois d’octobre.<br />

Le maïs est récolté en premier lieu, en septembre. La récolte des mils s’étale sur les mois<br />

d’octobre <strong>et</strong> de novembre, de même que la récolte des légumineuses. La récolte du coton, qui débute<br />

en décembre, peut durer trois mois.<br />

L’étude de l’emploi du temps fournit d’utiles indications sur l’organisation des travaux <strong>agricoles</strong><br />

; mais pour aboutir à des conclusions précises <strong>et</strong> sûres concernant les temps de travaux, il faudrait<br />

disposer d’informations portant sur plusieurs années. L’enquête sur l’emploi du temps a permis de<br />

déterminer combien de temps le cultivateur passe aux champs pour les cultures. Mais le temps ainsi<br />

mesuré comprend en plus du temps consacré au travail proprement dit les moments de répit qui<br />

coupent ordinairement le travail: distractions, courts repos, bavardages, <strong>et</strong>c. - seuls les arrêts de<br />

travail importants (trente minutes <strong>et</strong> plus) ont pu être comptés séparément lors de l’enquête. L’étude<br />

’ de l’emploi du temps ne rend donc pas compte des temps théoriquement nécessaires pour les travaux<br />

culturaux <strong>dans</strong> l’hypothèse d’une productivité optimale du travail, le temps étant utilisé de la façon<br />

la plus rationnelle en vue de la production. Pour établir ces temps de travaux théoriques, il suffit<br />

d’extrapoler les résultats obtenus par la mesure des temps de travaux consacrés à chaque culture<br />

par des unités de production représentatives, pour les diverses façons culturales, sur des parcelles<br />

échantillonnées. Les temps de travaux théoriques, inférieurs aux temps de travaux réels, représentent<br />

souvent les seules informations prises en considération pour l’élaboration des modèles de production ;<br />

il serait certainement plus important de connaître combien de temps le cultivateur consacre de fait<br />

aux cultures, y compris ces moments de répit qui ne peuvent pas être supprimés <strong>dans</strong> l’état actuel des<br />

habitudes, <strong>et</strong> compte tenu des pertes de temps imputables à une mauvaise organisation des activités 3.<br />

Les enquêtes menées sur ce suj<strong>et</strong> à Dakola apportent quelques éléments d’information provisoires,<br />

elles ne perm<strong>et</strong>tent pas d’aboutir à des conclusions définitives.<br />

Depuis la préparation des champs jusqu’à la rentrée des récoltes incluse, le cultivateur de<br />

Dakola est occupé approximativement huit cents heures par an - soit cent jours de huit heures -<br />

1. Cf. Périmètre de restauration des sols.. , s.d., vol. 1, (p. 5) : (< Il semble [. . .] que l’importance de la récolte soit,<br />

davantage fonction de l’importance <strong>et</strong> de la régularité des pluies de fin de saison <strong>et</strong> que la tendance à semer tôt que<br />

manifeste le cultivateur de la région ne correspond qu’à une perte de semences <strong>et</strong> de temps (en raison des levées irrégulières<br />

des premiers semis). ))<br />

2. Il est peut-être significatif que certaines divergences des connaissances astronomiques des cultivateurs se<br />

r<strong>et</strong>rouvent chez les auteurs. LAMBERT, 1907 (pp. 21%219), identifie « boudoula-koukouri 1) (K le manche à semer »)<br />

avec Cassiopée, <strong>et</strong> (( sousi )) (w les crins de cheval 11) avec les Pléiades, tandis que pour PAGEARD, 1953 (p. 53), (( boudoubkoukouri<br />

» est le nom des Pléiades.<br />

LAMBERT (ibid.) rapporte un (( procédé curieux » : (( A l’aube lorsque les étoiles sont sur Ie point d’être complètement<br />

éclipsées par la lumière du soleil levant, il faut pouvoir regarder les Pléiades avec une pierre sur la tête; si c<strong>et</strong><br />

astérisme est encore assez bas sur l’horizon pour que l’observateur l’aperçoive sans que la pierre tombe, il sera possible<br />

de semer encore avec fruit. )) II semble pourtant que le régime des pluies fournisse habituellement aux cultivateurs des<br />

signes plus sûrs que la position des Pléiades.. .<br />

3. Le temps vécu par les cultivateurs est qualitativement différent du temps mesuré <strong>et</strong> manipulé par les agents<br />

du développement. Cf. GOSSELIN, 1966 (p. 143) : (( De telles sociétés ne connaissent pas de calculs d’utilité optimale<br />

<strong>dans</strong> une planification de l’effort. La prévision existe, mais ne se structure pas en proj<strong>et</strong>. Elle se développe <strong>dans</strong> un futur<br />

antérieur, liée à un savoir très pragmatique [...]. Ces sociétés n”ont donc pas une vision du travail qui tienne compte<br />

de la fécondité propre du temps. Le temps qu’elles connaissent peut être brièvement qualifié de temps de succession,<br />

opposable à un temps de fécondation aux eff<strong>et</strong>s cumulatifs <strong>et</strong> concertés. 1)

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