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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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142 ACTWITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

implique des déterminations d’essence politique sur un territoire, <strong>et</strong> l’organisation lignagère se<br />

transcrit au niveau des terroirs par un ensemble complexe de droits <strong>et</strong> de devoirs; Ces différentes<br />

déterminations sont multiformes <strong>et</strong> interfèrent : l’ordre politique comprend une dimension religieuse,<br />

<strong>et</strong> les caractéristiques politiques <strong>et</strong> religieuses des différents groupes socio-<strong>et</strong>hniques sont variables.<br />

Un rapide survol historique peut seul perm<strong>et</strong>tre de montrer la multiplicité des situations politicoreligieuses<br />

en ce qui concerne le contrôle de la terre, <strong>et</strong> de dégager quelques schémas d’explication.<br />

B. - HI§TORIQUE SOMMAIRE DES RELATION§ ENTRE LES HOMMES ET LA TERRE<br />

DAN§ LA RÉGION DE DAKOLA.<br />

1. Les traditions.<br />

’<br />

D’après les traditions transmises <strong>dans</strong> l’entourage des chefs, la plupart des Ninisi se seraient.<br />

enfuis à l’arrivée des chefs mossi. De ce fait, ces derniers se seraient souvent trouvés <strong>dans</strong> l’obligation<br />

d’instaurer des rapports nouveaux avec la terre. Mais un examen attentif de traditions recueillies<br />

auprès de groupes éloignés des détenteurs du pouvoir a permis d’établir que les <strong>Mossi</strong> ont sans doute<br />

cohabité durant quelque temps avec des communautés ninisi, <strong>et</strong> qu’ils ont même eu occasionnellement<br />

recours aux Ninisi en tant que prêtres de la terre. Par la suite, quand fut progressivement mis<br />

en place le système politique mossi, de nombreux Ninisi ont quitté le pays tandis que d’autres se sont<br />

assimilés aux <strong>Mossi</strong>. Les pouvoirs religieux relatifs à la terre ont alors été transférés entre les mains<br />

de <strong>Mossi</strong> déjà investis de charges administratives, ou bien ils furent confiés à des personnes que les<br />

chefs voulaient récompenser. Parfois cependant, ces pouvoirs religieux sont restés la prérogative<br />

des descendants des Ninisi - notamment quand ceuxeci étaient en même temps investis d’un pouvoir<br />

politique en tant que doyens de groupes lignagers installés sur des terroirs séparés. Enfin, il est arrivé<br />

que le pouvoir religieux des Ninisi s’est trouvé en concurrence avec les pouvoirs politico-religieux<br />

des <strong>Mossi</strong>. Quelques exemples concr<strong>et</strong>s peuvent illustrer ces diverses situations.<br />

a) COMMANDEMENT RÉGIONAL DE SAMBA.<br />

En quittant Ouagadougou, naaba Tengzondé, fondateur du commandement régional de Samba,<br />

avait emmené. des prêtres capables d’effectuer les divers rituels qui pouvaient s’avérer nécessaires au<br />

cours de sa progression ou pour son installation ultérieure. Ces prêtres étaient vraisemblablement<br />

des spécialistes de statut particulier - peut-être des Nyonyose <strong>et</strong> des forgerons. La précaution prise<br />

au départ par le chef mossi perm<strong>et</strong> de penser qu’il envisageait d’instaurer éventuellement un ordre<br />

nouveau par ses propres moyens: il n’entendait pas se subordonner nécessairement à ceux qu’il<br />

allait soum<strong>et</strong>tre - pas même <strong>dans</strong> le domaine religieux. Les descendants des prêtres qui ont accompagné<br />

naaba Tengzondé sont à l’heure actuelle encore investis de fonctions rituelles: le yir’sobu de<br />

la cour, dont l’ancêtre était originaire de Rapelogo (près de Ziniaré), enterre les membres du lignage<br />

des chefs de Samba r, garde leurs tombeaux <strong>et</strong> y effectue des sacrifices; le segd’nuubu, descendant<br />

d’un forgeron originaire de Ganzourgou (région de Ouagadougou), est chargé d’effectuer les sacrifices<br />

que le chef <strong>et</strong> les habitants de Samba offrent à la terre tempeelem de la localité, il fait notamment les<br />

sacrifices requis pour toute nouvelle installation. Toutefois, naaba Tengzondé eut occasionnellement<br />

recours à la coopération rituelle des Ninisi qu’il rencontra, en les reconnaissant comme intercesseurs<br />

légitimes auprès de la terre de leurs ancêtres.<br />

1. Pour l’inhumation d’un chef, le yir’sobn demande au doyen des Ninisi installés à Koulouéogo de désigner<br />

l’emplacement de la tombe.

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