26.12.2013 Views

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

CONCLUSION 169<br />

au titre des divers droits de culture traditionnels l. Il est vraisemblable qu’un tel processus se confirmera<br />

aussi à Dakola ; mais les prêts s’appliqueront sans doute à des parcelles de plus en plus p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong><br />

pour des délais de plus en plus courts, jusqu’à ce qu’une gestion fondée sur la recherche du profit<br />

économique se substitue aux modalités traditionnelles de l’emprunt gratuit de la terre. C<strong>et</strong>te perspective<br />

révèle l’incompatibilité du régime foncier traditionnel avec les structures économiques actuellement<br />

en gestation <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te société.<br />

Si le systeme foncier actuel conserve les principaux traits du systlme traditionnel - les<br />

multiples possibilités d’adapter les droits sur la terre aux besoins élémentaires des divers groupes <strong>et</strong><br />

à leur capacité de production -, ses apparences ne rendent pas compte de sa dynamique actuelle.<br />

On peut présumer qu’à l’avenir, le régime foncier sera en eff<strong>et</strong> de plus en plus déterminé par une<br />

stratégie consciente <strong>et</strong> délibérée d’accaparement des terres par des individus privilégiés, en vue<br />

d’une exploitation des inégalités foncières. La valorisation des terres qui en résulte conduit certains<br />

cultivateurs à investir davantage de travail <strong>et</strong> même de l’argent pour améliorer les terres qui leur<br />

appartiennent 2. C<strong>et</strong>te évolution est liée à la transformation profonde <strong>et</strong> globale des structures sociales<br />

<strong>et</strong> économiques. Et les croyances religieuses traditionnelles, opposées aux conceptions qui inspirent<br />

les novateurs, ne constituent pas un obstacle considérable à c<strong>et</strong>te évolution. Les hommes âgés, chefs<br />

d’exploitation qui contrôlent les meilleures terres, peuvent freiner l’évolution en cours, ils ne sont<br />

pas en mesure de l’arrêter; parfois même, ils en tirent profit.<br />

Au terme d’une étude du système de production <strong>et</strong> de ses implications sociologiques immédiates,<br />

on doit s’interroger sur la place que tiennent <strong>dans</strong> l’univers culturel des <strong>Mossi</strong> de l’Ouest<br />

les thèmes relatifs à l’invention <strong>et</strong> au progrès de l’agriculture. Nos recherches en ce domaine ont<br />

révélé une grande pauvr<strong>et</strong>é, qui semble symptomatique: elle suggère combien le secteur des activités<br />

<strong>agricoles</strong> est peu valorisé au niveau de la conscience sociale. L’unique histoire recueillie sur l’origine<br />

‘des techniques <strong>agricoles</strong> rapporte que c’est un chien qui, par hasard, a appris aux hommes à cultiver<br />

les céréales. A l’époque où les <strong>Mossi</strong> se contentaient de semer le mil en brousse à la volée <strong>et</strong> attendaient<br />

la récolte sans sarcler, un homme s’aperçut qu’une tige de mil avait grandi plus que les autres<br />

<strong>et</strong> portait un épi magnifique parce que son chien avait pris l’habitude de gratter le sol au pied de c<strong>et</strong>te<br />

tige, pour se m<strong>et</strong>tre au frais. Au cours de l’hivernage suivant, c<strong>et</strong> homme sarcla la terre autour des<br />

plants de mil. Au vu de sa récolte abondante, ses compagnons se mirent à l’imiter. L’histoire ne<br />

rapporte pas le nom du premier agriculteur, ni le nom de son chien, ni le lieu, ni le moment de l’invention<br />

des techniques <strong>agricoles</strong> ; d’ailleurs, c<strong>et</strong>te invention est présentée comme accidentelle. NOS<br />

1. BOUTILLIER, 1964 (p. 97).<br />

Ibid. : « Dans la zone la plus peuplée, soit les trois cinquièmes du pays rnossi, les terres prêtées représentent la<br />

moitié des champs cultivés. N<br />

A Dakola, où la densité est de 86 habitants au kilomètre carré, les champs prêtés représentent environ 40 %<br />

des champs cultivés (41 champs prêtés sur 106 champs cultivés - les 35 champs d’enclos n’étant pas séparés des champs<br />

de l’aire habitée qui les prolongent) ; toutefois les superficies faisant l’obj<strong>et</strong> de prêts ne représentent que 10 % de l’ensemble<br />

des superficies cultivées. Comme les champs prêtés sont souvent des champs individuels de p<strong>et</strong>ite dimension,<br />

on peut présumer que pour l’ensemble du pays mossi - <strong>et</strong> particulièrement <strong>dans</strong> les zones de forte densité, où les<br />

prêteurs de terre se montrent le plus réticents - la proportion des superficies prêtées par rapport à l’ensemble des<br />

superficies cultivées est n<strong>et</strong>tement inférieure à la proportion des champs prêtés par rapport au nombre total des champs<br />

cultivés.<br />

2. Dans : Etude sociologique pour un programme de développement.. ., 1964 (pp. 35-36), on trouve les conclusions<br />

suivantes concernant le régime foncier en pays mossi : (( Le système foncier actuellement en vigueur [. . .] présente un<br />

aspect positif certain : il ménage la redistribution permanente des terres d’une façon simple, en fonction des possibilités<br />

de travail (c’est-à-dire de la quantité de main-d’ceuvre) de chacun. mais un inconvénient majeur existe : [. . .] la précarité<br />

de la tenure apparaît comme un obstacle de première importance à l’amélioration du bien-fonds <strong>et</strong> c’est essentiellement<br />

en cela que’le régime foncier est inadapté aux nécessités du développement. 1)<br />

En. fait, N la redistribution permanente des terres 1) sera de moins en moins bien assurée à l’avenir. Et I’apparition<br />

de comportements nouveaux liés à la spéculation foncière contribue à transformer le droit de possession traditionnel<br />

en un droit de propriété de type occidental. La terre devenant source de profit, <strong>et</strong> négociable, elle sera plus<br />

fréquemment valorisée par

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!