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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LE RÉGIME FONCIER 149<br />

l’intermédiaire de l’univers matériel. Mais c<strong>et</strong>te notion de propriété ne peut pas rendre compte des<br />

types de relations qui existent traditionnellement entre un ziig’soba <strong>et</strong> son soolem, ni entre le ziig’soba<br />

<strong>et</strong> ses parents ou voisins à propos de son soolem. Ici, les biens matériels n’ont qu’un rôle secondaire<br />

de médiation <strong>dans</strong> les relations entre les personnes. Dans la situation traditionnelle, ces relations<br />

sont essentiellement conditionnées par les statuts <strong>sociaux</strong> des partenaires - statuts qui ne peuvent<br />

en aucun cas résulter directement d’une situation matérielle.<br />

C’est à la suite d’une promotion de caractère social qu’un individu peut devenir ziig’sobd en<br />

héritant d’un soolem ou en obtenant l’autorisation d’en créer un nouveau, mais ce n’est pas l’acquisition<br />

matérielle du soolem qui entraîne un changement du statut social. Au reste, le ziig’soba ne peut<br />

user des droits qu’il détient sur son soolem que <strong>dans</strong> le cadre précis de la coutume. S’il ne manque<br />

pas de terre, il ne peut pas - sans raison grave - refuser à ses parents ou à ses voisins le droit de<br />

cultiver sur son soolem une portion de terre suffisante pour assurer leur subsistance. Dans les mêmes<br />

conditions, il doit accorder un droit d’usage sur sa terre à un étranger qui lui en fait la demande. Sur<br />

le plan économique, la terre est avant tout destinée à produire les biens nécessaires à la survie de chaque<br />

groupe; elle ne rapporte pas de rente foncière, elle ne doit pas être utilisée pour une exploitation du<br />

travail d’autrui en dehors des structures sociales traditionnelles de dépendance (d’origine politique,<br />

lignagère ou familiale) l. Dans la société lignagère ancienne, l’exploitation du travail des dépendants<br />

ne résultait pas d’une inégalité définitive des statuts <strong>sociaux</strong> <strong>et</strong> économiques, mais seulement d’une<br />

situation provisoire <strong>dans</strong> la hiérarchie de ces statuts ; <strong>dans</strong> ces conditions, l’exploitation du travail<br />

d’autrui ne pouvait pas engendrer de disparités économiques permanentes 2.<br />

L’évolution récente des relations entre les hommes <strong>et</strong> la terre tend à instaurer un régime de<br />

propriété analogue à la propriété de type occidental. Néanmoins, c<strong>et</strong>te évolution reste elle-même<br />

largement dominée par les situations <strong>et</strong> les conceptions traditionnelles. Ce sera donc en tenant compte<br />

des remarques qui précèdent que - faute de terme français plus adéquat - le mot possession sera<br />

employé <strong>dans</strong> la suite de c<strong>et</strong>te étude.<br />

L’expression puug’soba 3 désigne le (( maître d’un champ H, c’est-à-dire l’individu qui exploite<br />

un champ - qu’il soit lui-même le ziig’soba de ce champ ou qu’il détienne seulement un droit d’usage<br />

sur c<strong>et</strong>te terre *.<br />

B LES RAPPORTS ENTRE L’ORGANISATION SOCIALE ET LE SYSTÈME DE RÉPAR-<br />

. - TITION DES DROITS FONCIERS.<br />

L’appropriation des terres était autrefois une prérogative des unités lignagères au niveau des<br />

lignages mineurs. Tant que des terres demeuraient disponibles à l’intérieur des limites du territoire<br />

de Dakola, chaque lignage mineur installé <strong>dans</strong> la localité constituait son domaine, soolem, au fur <strong>et</strong><br />

1. Les menus cadeaux offerts aux possesseurs du sol par les bénéficiaires d’un droit d’usage ne constituent nullement<br />

un rapport foncier, ils font partie de la catégorie commune des biens <strong>et</strong> services échangés entre voisins ou amis<br />

pour maintenir de bonnes relations.<br />

Dans Colloque SUI Ies cultures voltaïques-Sonchamp, 1967 (p. 20), PACEARD affirme que u c’est une offense<br />

majeure à la terre, à la force qu’elle représente, de ne pas s’y soum<strong>et</strong>tre totalement <strong>et</strong> de vouloir tirer un profit de la<br />

terre, un profit qui ne soit pas entièrement naturel, comme les enfants <strong>et</strong> la subsistance )A<br />

2. Sur les terres des chefs, l’exploitation du travail des captifs résultait d’une inégalité permanente des statuts<br />

<strong>sociaux</strong> <strong>et</strong> maintenait une inégalité économique définitive; c’est un cas particulier.<br />

3. Puug’soba: de puugo, champ, <strong>et</strong> de soba, maître.<br />

4. Il n’y a pas de terme more particulier pour désigner la situation d’un individu qui est à la fois ziig’soba <strong>et</strong><br />

puug’soba d’un champ. Dans ce cas, le puug’soba dira simplement à propos de sa terre (( mam soolem B, c’est-à-dire<br />

(( ma possession 1) ; <strong>et</strong>.<strong>dans</strong> le cas contraire, le puug’soba dira « pu (ou ka) mam soolem ye », (( ce n’est pas ma possession B.<br />

Il n’existe pas non plus de termes more propres pour désigner les différentes sortes de droits d’usage: ces droits,<br />

décrits par périphrases, expriment l’expérience vécue concrètement - soit une expérience fluctuante qui n’a pas été<br />

codifiée.

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