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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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194 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

b) AZVALYSE.<br />

Les mariages par rapt représentent plus du dixième de l’ensemble des unions. Les groupes socio<strong>et</strong>hniques<br />

qui sont le plus souvent victimes des « vols de femmes » sont les Nyonyose <strong>et</strong> les Ninisi:<br />

plus du cinquième des femmes nyonyose <strong>et</strong> ninisi mariées à Pilimpikou ont été enlevées. Les<br />

Mowando forment le groupe le plus épargné: moins de 2 % des femmes mowamdo mariées à<br />

Pilimpikou l’ont été à la suite d’un rapt. Cela s’explique peut-être par le fait que les groupements<br />

mowamdo de la région, peu nombreux <strong>et</strong> souvent unis par des liens de parenté, s’appuient sur les<br />

Mowamdo de Pilimpikou - qui jouissent <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité d’une prééminence politique - pour<br />

se défendre contre les enlèvements. Ce n’est pas sans risques qu’un habitant de Pilimpikou pourrait<br />

enlever une fille mowamdo du lieu ou d’une localité voisine. Les Nakomse ne .sont pas à l’abri des<br />

(( vols de femmes )) : 11 % des femmes nakomse mariées à Pilimpikou ont été enlevées - un tiers<br />

d’entre elles sont originaires de localités qui n’échangent pas habituellement de femmes avec Pilimpikou,<br />

les autres sont venues de localités appartenant à ce qu’on pourrait appeler l’aire privilégiée des<br />

relations matrimoniales de Pilimpikou. Il peut paraître étonnant que les Nakomse ne se défendent<br />

pas mieux contre les ravisseurs de femmes. C’est qu’ils ne sont pas tous proches d’un chef capable<br />

d’intervenir en leur faveur - certains lignages nakomse n’ont que des attaches ténues avec des<br />

chefs régnant sur des régions éloignées, d’autres appartiennent à des branches depuis longtemps<br />

écartées du pouvoir; ils sont à la merci des Nakomse plus puissants. Par ailleurs, ‘la dégradation progressive<br />

de toutes les forxnes de l’autorité traditionnelle (y compris l’autorité des chefs) diminue les<br />

risques de sanction encourus par les délinquants.<br />

L’examen de la fréquence du mariage par rapt selon l’appartenance socioe<strong>et</strong>hnique du mari<br />

ne conduit pas à des conclusions clairement significatives. Les pourcentages des mariages de ce type<br />

<strong>dans</strong> les divers groupes socio-<strong>et</strong>hniques, par rapport à l’ensemble des unions contractées par les<br />

hommes de ces groupes, varient de 9 % à 17 % ; ces mariages sont les plus rares chez les Nyonyose<br />

<strong>et</strong> les plus fréquents chez les Ninisi. Environ 14 % des femmes mariées avec des Nakomse’ ont été<br />

enlevées, <strong>et</strong> ce pourcentage est de 12 % pour les Mowamdo.<br />

La proportion des mariages par enlèvement par rapport à l’ensemble des unions contractées<br />

par des célibataires - 14 % - est supérieure au double de la proportion de ces mariages par rapport<br />

à l’ensemble des unions contractées par des hommes mariés - monogames ou polygames. En eff<strong>et</strong>,<br />

plus des quatre cinquièmes des mariages par enlèvement sont contractés par des célibataires qui se<br />

procurent ainsi leur première épouse. C<strong>et</strong>te forme de mariage aboutit <strong>dans</strong> 13 % des cas à la bigamie;<br />

<strong>et</strong> le reste des unions de c<strong>et</strong>te sorte perm<strong>et</strong> à des hommes déjà polygames de s’attribuer une femme<br />

supplémentaire. En raison de la pénurie dont ils souffrent, les célibataires sont les plus enclins à<br />

violer l’ordre social en comm<strong>et</strong>tant des enlèvements ; d’autre part, un nombre croîssant de jeunes filles<br />

se montrent réticentes à rejoindre des hommes déjà mariés <strong>et</strong> beaucoup plus âgés qu’elles.<br />

Environ 16 % de l’ensemble des femmes mariées de moins de trente ans ont contracté des<br />

unions par enlèvement; pour les femmes mariées âgées de trente à trente-neuf ans, ce pourcentage<br />

tombe à 12 % <strong>et</strong> il est de 7 % pour l’ensemble des femmes âgées de quarante ans <strong>et</strong> plus. Les dates<br />

de mariage n’étant pas connues, il n’est pas possible d’aboutir à des conclusions certaines <strong>et</strong> précises<br />

concernant la fréquence du mariage par enlèvement <strong>dans</strong> le passé. Toutefois, les informateurs attestent<br />

que ce type de mariage a toujours existé, <strong>et</strong> le nombre des femmes âgées mariées par rapt indique<br />

que ce mode de mariage a déjà été pratiqué autrefois par une proportion notable de la population ’ ;<br />

l’enquête révèle seulement un accroissement du nombre de mariages de ce type au cours des vingtcinq<br />

dernières annkes - accroissement largement facilité par les migrations.<br />

1. SKINNER, 1960b (p. 388), écrit à propos des mariages par enlèvement : « Wife-stealing seems to have been<br />

endemic even in pre-European times. Then, in contrast to now, the levers could not go far away, and both social and<br />

political pressure forced the restitution of stolen women. »<br />

Cf. DENIEL, 1967 (p. 141) : (( Le refus de se plier aux transactions matrimoniales <strong>et</strong> le K vol de femmes » existaient<br />

bel <strong>et</strong> bien chez les <strong>Mossi</strong> avant qu’ils ne prennent massivement le chemin du Ghana ou de la Côte d’ivoire.<br />

Mais la facilite avec laquelle on peut désormais se déplacer, <strong>et</strong> donc fuir pour échapper à d’éventuelles représailles.<br />

diminue les risques <strong>et</strong> les hasards de l’entreprise. On hésitera moins à la tenter. 1)

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