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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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66 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

travailleur peut s’adonner à des activités personnelles, <strong>et</strong> en particulier à la culture d’un champ individuel.<br />

Le produit des champs individuels appartient aux producteurs, qui sont libres d’en faire l’usage<br />

qui leur plaît: une partie de c<strong>et</strong>te production est commercialisée, l’autre sert à améliorer l’ordinaire<br />

ou à assurer une nourriture quotidienne quand le mil du grenier commun vient à manquer au<br />

moment de la soudure.<br />

A Dakola, les champs communs représentent environ les neuf dixièmes de l’ensemble des<br />

superficies cultivées, <strong>et</strong> les champs individuels le reste. Toutes les zones agraires portent des champs<br />

individuels 1. Mais l’examen de leur répartition selon les zones m<strong>et</strong> en évidence des inégalités importantes.<br />

Les champs individuels couvrent 27 % des superficies des champs serin-permanents de l’aire<br />

habitée, 14 % de la superficie des champs permanents de c<strong>et</strong>te aire, 12 % de la superficie des champs<br />

temporaires périphériques <strong>et</strong> seulement 3 % des superficies cultivées <strong>dans</strong> le bas-fond. Rapportés<br />

à l’ensemble des superficies exploitées individuellement,‘ les champs individuels se répartissent selon<br />

les types de champs de la manière suivante : 45 % sur champs permanents de l’aire habitée <strong>et</strong> 21 % sur<br />

champs semi-permanents de c<strong>et</strong>te aire, 27 % sur champs temporaires périphériques <strong>et</strong> 7 % sur champs<br />

de bas-fond. En d’autres termes, les deux tiers des superficies cultivées individuellement sont situées<br />

à l’intérieur de la zone agraire caractérisée par le taux d’occupation du sol le plus élevé, le quart<br />

environ se trouve <strong>dans</strong>,la zone des champs périphériques, <strong>et</strong> rares sont les champs individuels <strong>dans</strong><br />

la zone de bas-fond.<br />

Les terres les plus fertiles, les basefonds, sont donc en règle générale réservés aux champs<br />

communs par ceux qui contrôlent l’utilisation de la terre. Mais l’usage des champs permanents de<br />

l’aire habitée ne peut pas être refusé à ceux qui veulent y <strong>et</strong>ablir un champ individuel; on notera<br />

toutefois la tendance à réserver pour la culture individuelle des parcelles de champs semi-permanents<br />

de moindre fertilité. La qualité: des champs individuels de l’aire habitée n’est comparable à celle des<br />

champs communs de la même aire que <strong>dans</strong> deux cas : le cultivateur qui en détient les droits d’usage’<br />

permanents est riche en bonnes terres, ou bien l’individu qui les cultive se trouve par rapport au chef<br />

d’exploitation <strong>dans</strong> une position justifiant ses exigences - fils ou frère marié pouvant menacer le<br />

. chef d’exploitation de quitter l’unité de production commune <strong>et</strong> d’exiger, éventuellement, le partage<br />

des terres. Le plus souvent, les chefs d’exploitation cèdent pour les cultures individuelles des parcelles<br />

appauvries, momentanément impropres à l’établissement du champ commun. Dans ce cas, la culture<br />

de l’arachide ou des pois de terre est considérée comme un changement benéfique pour le sol - la<br />

rotation des parcelles individuelles consacrées à la culture des légumineuses constitue une tentative<br />

limitée mais intéressante d’instauration d’un système d’assolement. Les individus qui ne jouissent<br />

que d’un statut de bas niveau en raison de leur âge <strong>et</strong> de leur position <strong>dans</strong> l’organisation familiale,<br />

de même que les individus appartenant à des unités de production pauvres en bonnes terres, sont<br />

souvent contraints à établir leurs champs individuels <strong>dans</strong> les zones périphériques.<br />

Environ 40 % des superficies cultivées individuellement sont exploitées par des frères ou des<br />

fils mariés des chefs d’exploitation. Les épouses des chefs d’exploitation en cultivent le tiers. Le<br />

dixième de ces superficies est. exploité par des veuves qui ne sont pas chefs d’exploitation (par oppoa<br />

sition aux veuves isolées qui gèrent elles-mêmes des unités de production). Le reste est cultivé par<br />

les chefs d’exploitation eux-mêmes, par les épouses des frères ou des fils des chefs d’exploitation, <strong>et</strong><br />

par des célibataires. L’existence de plusieurs champs individuels exploités par des jeunes filles fut<br />

relevée pour la première fois en 1967 - il s’agit de toute évidence d’une innovation importante<br />

par ses répercussions sociologiques <strong>et</strong> économiques.<br />

Les champs individuels des frères <strong>et</strong> fils mariés des chefs d’exploitation constituent souvent<br />

ce qu’il serait plus exact d’appeler des champs de ménage, car ces terres sont cultivées par l’ensemble<br />

des personnes qui dépendent de l’homme marié exploitant le champ. Ils se différencient par plusieurs<br />

caractères importants des champs individuels des épouses des chefs d’exploitation. D’abord, ils sont<br />

en moyenne près de trois fois plus étendus : 54 a contre 19 a. Une autre différence réside <strong>dans</strong> la répar-<br />

1. Dans certaines régions du <strong>Mossi</strong>, les champs individuels se trouveraient toujours situés <strong>dans</strong> les zones<br />

périphériques des terroirs; cf. par exemple, IZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD, 195813 (p. 34) : (( Le champ personnel [est]<br />

toujours un champ de brousse. >)

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