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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALZTÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 77<br />

3. Restauration de la fertilité des sols.<br />

U) LES JACHÈRES.<br />

La manière la plus simple <strong>et</strong> la moins onéreuse de rendre quelque fertilité à des terres appauvries<br />

par une culture intensive pratiquée sans entr<strong>et</strong>ien du sol consiste à laisser ces terres au repos -<br />

puug’koom r. Ainsi, de vastes étendues du pays mossi sont en jachère pour des durées plus ou moins<br />

longues selon la densité d’occupation des terroirs, la qualité agronomique des sols <strong>et</strong> les techniques<br />

<strong>agricoles</strong> employées.<br />

D’après les vieillards de Dakola, les cultivateurs pratiquaient autrefois une mise en jachère<br />

périodique <strong>et</strong> fréquente de leurs terres. Mais c<strong>et</strong>te pratique n’a jamais donné lieu à un système global<br />

de rotation des cultures <strong>et</strong> des jachères <strong>dans</strong> le cadre du terroir, <strong>et</strong> il semble que - même au niveau<br />

des exploitations - l’improvisation tînt lieu de règle. Les champs étaient abandonnés pour un temps<br />

avant d’avoir atteint un degré d’épuisement irréversible, ce qui maintenant n’est plus toujours le cas.<br />

La forte expansion démographique de la population de Dakola depuis le début du XX~ siècle,<br />

sur un territoire utile relativement réduit <strong>et</strong> non extensible, a entraîné un accroissement considérable<br />

de la densité d’occupation du sol <strong>et</strong> corrélativement son exploitation plus intensive. Une pratique<br />

régulière de la jachère devient presque impossible <strong>dans</strong> les zones du ‘terroir où les sols sont le plus<br />

appréciés en raison de leur maniabilité ou de leur fertilité. Seules les terres médiocres ou difficiles à<br />

travailler, qui n’ont qu’une importance secondaire <strong>dans</strong> le système agraire, sont laissées en jachère<br />

dès que leur rendement est estimé trop faible par rapport à l’effort requis pour les cultiver.<br />

Les taux d’occupation du terroir selon les principales aires géographiques constituent des<br />

indices qui, éclairés par l’observation directe, perm<strong>et</strong>tent une approche quantitative du problème<br />

des jachères. Pour des estimations précises, des photographies aériennes échelonnées <strong>dans</strong> le temps<br />

<strong>et</strong> un cadastre compl<strong>et</strong> auraient été nécessaires. Une enquête sur l’utilisation diachronique des champs<br />

<strong>et</strong> des parcelles n’a donné aucun résultat quantitatif utilisable, parce qu’il n’existe pas à proprement<br />

parler de système des jachères. On n’observe pas de périodicité fixe ni un découpage spatial stable:<br />

ce sont des morceaux irréguliers de parcelles <strong>et</strong> de champs qui sont abandonnés quand les rendements<br />

tombent trop bas 2, la durée des jachères n’est pas fixée à l’avance, <strong>et</strong> le manque de terre oblige souvent<br />

le cultivateur à rem<strong>et</strong>tre en culture un sol qui n’a pas eu le temps de se régénérer. Dans les zones<br />

d’occupation dense en particulier, les jachères - quand elles existent - sont mouvantes <strong>et</strong> informes,<br />

délimitées par des champs irréguliers sur lesquels ne pèse la contrainte d’aucun plan de culture<br />

rigoureux.<br />

A l’intérieur de l’aire privilégiée de l’habitat <strong>et</strong> <strong>dans</strong> la zone des champs de bas.fond <strong>et</strong> des sols<br />

argilo-sableux ocre, les taux d’occupation du sol sont proches de 75 % a. Les jachères sont donc rares<br />

<strong>dans</strong> ces zones dont dépend essentiellement la subsistance, <strong>et</strong> elles ne forment jamais de grandes<br />

étendues d’un seul tenant. Souvent, il s’agit de jachères plus ou moins accidentelles : abandon partiel<br />

de champs pour cause de maladie ou à la suite du départ en migratron d’un ou plusieurs travailleurs,<br />

abandon de parcelles infestées de chenilles, inondées, ou, au contraire, insuffisamment humides.<br />

1. Puug’koom: de pugo, champ; <strong>et</strong> de koom, inf. de kyê, se placer <strong>dans</strong> une situation stable, r<strong>et</strong>rouver un état<br />

initial ou habituel.<br />

2. L’aspect d’improvisation qui caractérise l’évolution des jachères, semble assez général en pays mossi. Cf. par<br />

exemple, ROUAMBA s.d., (p. 22): (( Les durées respectives des périodes de culture <strong>et</strong> de repos sont assez difficiles à<br />

préciser, car elles affectent rarement la totalité du champ [. . .]. [Elles] sont d’autant plus difficiles à évaluer que les champs<br />

se déplacent par abandons successifs de portions importantes <strong>et</strong> défrichements de nouveaux espaces en contiguité [. . .].<br />

On a l’impression d’un glissement lent <strong>et</strong> progressif du domaine exploité à travers l’étendue de la brousse.»A propos<br />

de l’évolution des jachères au Sénégal, PÉLISSIER parle d’un

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