26.12.2013 Views

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ANNEXES 175<br />

lient déjà la femme par ailleurs. Enfin, 13 % environ des mariages se réalisent par héritage de veuves.<br />

Il existe encore quelques autres formes de mariage - tel l’échange direct de femmes entre lignages 1,<br />

ou les mariages arrangés par des femmes 2, mais elles sont numériquement insignifiantes.<br />

Dans Coutumes mossies..., (1933, p. lll), on trouve la description d’un type de mariage qui<br />

serait fréquent <strong>dans</strong> diverses régions du pays mossi. Un jeune homme qui ne peut espérer recevoir<br />

une épouse par l’intermédiaire de son propre lignage <strong>dans</strong> un délai convenable, se place auprès d’un<br />

homme important :<br />

(( L’engagé se rend cher son employeur <strong>et</strong> y séjourne 3 ans. A l’expiration du délai convenu, l’employeur donne<br />

une fille à l’employé. La’fille peut être plus ou moins grande suivant que le chef de famille est plus ou moins content<br />

des services rendus 1) s.<br />

C<strong>et</strong>te pratique n’est pas connue <strong>dans</strong> la région où fut effectuée l’enquête matrimoniale. Les<br />

jeunes gens qui sont serviteurs <strong>dans</strong> les cours des chefs s’y trouvent par obligation, en raison du statut<br />

de leurs lignages <strong>et</strong> de la volonté des chefs, ou parce qu’ils y ont cherché refuge pour échapper à une<br />

sanction encourue à la suite d’une faute grave. Mais les parents ne placent pas leurs enfants en vue<br />

de leur obtenir une femme. Et les jeunes gens ne cherchent pas le mariage suivant c<strong>et</strong>te voie.<br />

Les quatre types de mariage pratiqués <strong>dans</strong> l’Ouest constituent deux catégories n<strong>et</strong>tement<br />

distinctes par leurs implications sociales. Le mariage pug-siure, le mariage par don <strong>et</strong> le mariage par<br />

héritage d’une veuve représentent les formes normales du mariage coutumier; ces types de mariages<br />

sont conformes à la tradition léguée par les ancêtres aux autorités lignagères <strong>et</strong> assurent la permanence<br />

de l’ordre social établi. Le mariage par rapt <strong>et</strong> le mariage avec une femme évadée sont, au contraire,<br />

deux formes de mariage par consentement mutuel qui - bien que traditionnelles en ce sens qu’elles<br />

sont depuis longtemps pratiquées - sont formellement opposées à la tradition <strong>et</strong> comprom<strong>et</strong>tent<br />

directement l’ordre social. Le mariage avec une femme divorcée ou répudiée <strong>et</strong> le mariage avec une<br />

veuve libre sont deux autres formes de mariage par consentement mutuel qui se réalisent en-dehors<br />

des contrôles coutumiers exercés par les autorités lignagères, néanmoins elles n’affectent guère le<br />

fonctionnement normal du système social.<br />

Les formes coutumières d’échange de femmes se conforment grossiérement à un modèle<br />

ternaire de circuit matrimonial. Un premier groupe lignager accorde une de ses filles à un second<br />

groupe ; celui-ci obtient une femme pour le premier groupe en s’adressant à un troisième groupe, qui<br />

a antérieurement, bénéficié du don d’une femme venant du deuxième groupe. Plus des deux tiers<br />

de ces mariages sont directement arrangés par les chefs des groupes lignagers. Dans la plupart des autres<br />

cas, c’est un neveu utérin qui intervient pour proposer les arrangements: on lui reconnaît le droit<br />

de demander une fille à ses oncles maternels pour des membres ou des alliés de son patrilignage qui,<br />

en échange, lui procureront à lui-même une femme 4.<br />

1. PAGEARD, 1966 (p. 117), a noté que les (< dons de femmes réciproques, pug’tekim tegre, [. . .] peuvent être soit<br />

de simples gestes amicaux, soit au contraire de véritables conventions basées sur l’intérêt [ . ..]. L’usage du don réciproque<br />

est connu <strong>dans</strong> la région de Ouagadougou. Nous l’avons constaté aussi <strong>dans</strong> le Yanga (Ouargaye), où il sert de<br />

base aux alliances matrimoniales, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> la région de Yako. »<br />

2. Une femme peut avoir le droit de donner en mariage une fille qui lui a été confiée <strong>dans</strong> ce but par son<br />

patrilignage d’origine, ou une fille sur laquelle elle a acquis des droits par ses interventions magico-religieuses en vue<br />

de la naissance de l’enfant.<br />

3. Cf. TAUXIER, 1912 (p. 556) : (( Le fils qui sécessionne [...] ira travailler chez un chef ou unnoblequilui<br />

donnera plus tard une femme pour rien en récompense. >)<br />

MANGIN, 1960 (p. 57) : « Donner son fils à un autre est une façon commode de se débarrasser du souci de son<br />

mariage; celui chez lequel il se trouve doit y pourvoir lui-même. »<br />

4. Pour une analyse plus précise de la position du neveu par rapport à ses oncles maternels, on pourra se<br />

reporter à PAGEARD, 1966 (p. 118). C<strong>et</strong> auteur précise notamment ceci: (< La règle de l’exogamie bilignagère interdit<br />

au yaghega [neveu utérin] de rechercher une épouse <strong>dans</strong> le budu [lignage] de ses yesramba [oncles maternels] ; elle lui<br />

interdit par extension tout rapport sexuel clandestin. Par-là même, il jouit <strong>dans</strong> le budu de ses yesramba d’une grande<br />

confiance <strong>et</strong> il lui sera licite de rechercher <strong>dans</strong> ce budu une femme destinée à l’un de ses frères consanguins. »

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!