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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 179<br />

2. - LE MARIAGE.<br />

Avant de cohabiter pour consommer le mariage, les fiancés ne doivent entr<strong>et</strong>enir aucune<br />

relation. Il est plus ou moins toléré que la jeune fille ait des amants, mais elle ne peut jamais compter<br />

son futur mari parmi ceux-ci, ni des parents de son futur mari l. A moins qu’il ne s’agisse d’une fill<strong>et</strong>te<br />

non encore assuj<strong>et</strong>tie aux règles de la vie sociale, la fiancée ne doit pas rencontrer l’homme à qui elle<br />

est promise: elle se sauve de l’enclos familial <strong>et</strong> part se cacher lorsque son futur mari rend visite à<br />

son père. La fiancée, en eff<strong>et</strong>, a (( honte N devant son futur mari, toute conversation sur son mariage<br />

lui inspire le même sentiment; <strong>et</strong> lorsque le moment du mariage est proche, elle doit faire tout ce qui<br />

est en son pouvoir pour le r<strong>et</strong>arder.<br />

Quand, en accord avec son beau-pere, le fiancé estime le moment venu de prendre sa femme, il<br />

envoie un de ses frères ou de ses amis avertir de son intention les aînés du lignage allié. L’envoyé est<br />

généralement éconduit à deux ou trois reprises, malgré les cadeaux qu’il apporte. Puis on l’adresse<br />

au père de la fiancée. Celui-ci, à son tour, le fait revenir plusieurs fois en prétextant que son épouse<br />

ne veut pas donner son accord pour le départ de sa fille. Des démarches sont alors entreprises auprès<br />

de la mère de la fiancée, qui invente de nouvelles objections: sa fille est trop jeune, elle n’a pas<br />

suffisamment de vêtements, son pagne est encore chez les teinturiers, <strong>et</strong>c. Parfois, les démarches<br />

doivent être recommencées parce qu’elles ont été effectuées un jour considéré comme néfaste.<br />

Pourtant, une date est finalement fixée pour le départ de la fiancée. Tandis que les filles nakomse sont<br />

mises au courant de la date de leur mariage, celle-ci n’est pas communiquée aux jeunes filles des autres<br />

groupes socio-<strong>et</strong>hniques afin d’éviter qu’elles ne s’enfuient; la mère de la fille à marier doit s’arranger<br />

pour que les habits de la promise soient propres pour le départ.<br />

Ce sont les frères <strong>et</strong> les amis du fiancé, accompagnés par un neveu utérin du père de la jeune<br />

, fille, qui se présentent de nuit à l’enclos familial où demeure la fiancée. Habituellement, le neveu<br />

s’avance seul vers l’enclos pour ne pas éveiller les soupçons de la jeune fille, <strong>et</strong> il l’appelle. Lorsqu’elle<br />

sort de la case, il la saisit par le poign<strong>et</strong> <strong>et</strong> appelle la troupe envoyée par le fiancé. Aussitôt, une poule<br />

ou une pintade est sacrifiée devant la case de la mère de la jeune fille. En comprenant ce qui lui arrive,<br />

la jeune fille se répand en lamentations <strong>et</strong> cris pour ameuter ses amies du quartier, Les femmes<br />

s’évertuent à la consoler, puis elles l’emmènent <strong>dans</strong> le sanctuaire des ancêtres. Ensuite, la fiancée est<br />

reconduite vers l’enclos familial de son père, puis cachée par ses camarades. De vives discussions<br />

s’engagent entre les envoyés du fiancé <strong>et</strong> les amies de la jeune fille qui font semblant de vouloir garder<br />

leur compagne. Il n’est pas rare que les outrances verbales se transforment en jeux de main - que<br />

les jeunes filles déchirent les vêtements des jeunes gens par exemple. Lorsque ces affrontements<br />

durent trop longtemps, les vieilles femmes réveillées par les cris tentent de modérer les ardeurs hostiles<br />

des amies de la fiancée: elles conseillent la résignation <strong>et</strong> demandent qu’on laisse partir celle qui<br />

doit partir.<br />

Parée pour la circonstance <strong>et</strong> accompagnée par une jeune sceur, la fiancée est emmenée par les<br />

envoyés du fiancé <strong>dans</strong> la localité de celui-ci, de préférence chez un neveu utérin du père de la fille.<br />

1. c Quand une fille est ach<strong>et</strong>ée ou fiancée dès son plus jeune âge, écrit TAUXIER, 1912 (p. 564), elle doit se<br />

garder intacte pour son futur mari, mais une fille libre peut disposer de son corps quand elle est nubile <strong>et</strong>, si elle est<br />

épousée par la suite, on ne peut lui reprocher d’être déjà femme avant les noces. 1) Etant donné le nombre réduit de<br />

« filles libres », celles qui sont fiancées sont également amenées assez souvent à « disposer de leur corps )).<br />

Les relations sexuelles prénuptiales ont toujours été pratiquées <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te société où les hommes restent<br />

longtemps célibataires ; mais leur généralisation actuelle est sans doute à m<strong>et</strong>tre en rapport avec le développement des<br />

migrations. Cf. IZARD, 1959 (p. 46).<br />

Les sanctions à l’égard des filles enceintes avant le mariage restent sévères comme autrefois. Cf. Coutumes<br />

messies.. . 1933, (p. 56) : « En aucun cas le chef de famille ne peut autoriser une filIe-mère à demeurer chez ses parents<br />

pour y élever son enfant [ . ..].<br />

(( La fille qui se perm<strong>et</strong> d’épouser un homme autre que le fiancé choisi par sa famille ne peut plus avoir de<br />

relations avec celle-ci sous peine d’encourir la colère des dieux. »

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