Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

88 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
houes à traction asine, et on a dejà noté l’utilisation à Dakola même, depuis 1966, d’une charrue et
d’un attelage bovin de Kona. Aucun cultivateur de Dakola ne possède en propre du matériel agricole
moderne, hormis un ancien combattant qui a un pulvérisateur pour traiter le coton.
e) LES FAÇONS CULTURALES ET LES RÉCOLTES.
On trouvera cidaprès une description .sommaire des principales opérations de culture, telles
qu’elles sont effectuées à Dakola r. La répartition précise de ces travaux dans le temps et leur importance
respective seront étudiées sous le titre suivant (calendrier agricole et temps de travaux).
La préparation des champs comprend normalement le débroussaillage et le nettoyage, la
fumure et un houage; rares toutefois sont les champs qui bénéficient de toutes ces opérations. Pidma
est le terme qui désigne le débroussaillage d’une brousse ou d’une jachère: les arbustes sont coupés
et entassés pour être brûlés ainsi que les herbes, à moins que celles-ci ne soient étalées pour servir
d’engrais ; il est exceptionnel qu’un cultivateur se donne la peine de déterrer les racines des arbustes.
Le terme vado désigne le nettoyage d’un terrain cultivé l’année précédente: les mauvaises herbes
sont arrachées, ainsi que les racines des mils ou les tiges de coton restées sur les champs, et le cultivateur
y met le feu. Les procédés de fumure ont déjà été étudiés. Quant au houage de préparation, il
est peu pratiqué et ne consiste qu’à ameublir la couche superficielle du sol. Les champs de sorgho et
de mil ne sont pas houés avant les semailles, sauf dans le cas d’un important retard des pluies ; mais
les parcelles consacrées au maïs le sont toujours, de même que les champs d’arachide et de pois.
Quant aux champs de coton, ils font quelquefois l’objet d’un houage de préparation 2. Les soins
les plus attentifs vont aux champs fumés, les autres champs restent souvent sans la moindre préparation.
Quand il est surpris par les premières pluies, le cultivateur effectue les semis entre les racines
plus ou moins déchaussées des mils de l’année précédente, et il n’arrachera ces racines qu’au moment
des sarclages. Le peu de soin apporté à la préparation des champs est la cause d’une perte de temps
certaine en début de saison agricole: faute d’un ameublissement de la couche superficielle du sol,
le faible volume d’eau apporté par les premières pluies s’évapore par capillarité, et les jeunes plants
de mil en souffrent. Quand des pluies précoces entraînent la croissance d’une abondante végétation
adventice, les cultivateurs sont contraints à sarcler leurs champs avant de semer; cette opération est
à leurs yeux préjudiciable, car ils estiment que « ce travail avant l’heure constitue un gaspillage
d’énergie : la force risquera de manquer au moment des vrais sarclages ».
Les semailles, budbo, se font par poquets, sans souci d’alignement. Pour les mils le semeur
enfouit quatre à cinq grains par poquet, deux à trois graines pour le maïs, quatre à six pour le coton,
mais les graines d’arachide sont semées une par une, de même que les graines de pois de terre.
Le démariage des plants, wosgo (de wooge: diminuer), et le remplacement des manquants par
repiquage, selbo (de sele: repiquer), sont effectués conjointement quand les plants ont atteint une
hauteur d’environ 20 cm. Pour les céréales, on laisse deux ou trois pieds groupés, et autant pour le
coton. Ces opérations sont parfois exécutées en même temps que le premier sarclage. Quand ce
houage est réalisé en séance de travail communautaire, les travailleurs ‘âgés qui ne parviennent pas à
suivre le rythme des jeunes s’occupent volontiers du démariage et du repiquage.
1. Les cultivateurs de Dakola ne se montrent pas empressés de suivre les conseils des agents chargés de la
vulgarisation agricole; mais on observe quelques transformations récentes des habitudes culturales dans des localités
voisines, notamment la pratique des semis en ligne et la culture attelée.
2. Les soins dont font l’objet les champs de coton contribuent à entretenir les sols et parfois zi les améliorer.
Cf. HAMMOND, 1966 (p. 33): « Cotton [. . .] is believed to renew the soi1 because of the intensive cultivation it requires
and the practice of chopping under the plants of green manure. »
PL. VIII. - Nouvelles techniques culturales.
1. Labour, dans la cuvette à savane édaphique de Dakola. - 2. Patate douce sur billons, dans la cuvette de Dakola. -
3. Cultures associées, dans la cuvette de Dakola: igname sur les crêtes garnies de paille, sorgho à miepente, riz au fond
des creux. - 4. Bilions préparés pour la culture du manioc, à Tyé. - 5. Coton semé-en ligne, à Bouré.