26.12.2013 Views

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

76 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

.<br />

A Dakola, l’actuel quartier Loungo, qui formait jusqu’au XIX~ siècle le centre de l’aire habitée<br />

de la localité, se caractérise par l’existence d’un beau parc à balanzans, comprenant des arbres de<br />

grande taille, assez serrés. Les autres quartiers portent surtout des karités, <strong>et</strong> les balanzans y sont rares.<br />

Mais <strong>dans</strong> le quartier Segden, plusieurs cultivateurs tentent de constituer un parc à balanzans: les<br />

jeunes arbres sont protégés <strong>et</strong> taillés.<br />

Les karités sont sélectionnés à cause de leurs fruits, qui sont consommés frais <strong>et</strong> dont l’amende<br />

fournit le K beurre de karité 1). Mais les cultivateurs reconnaissent aux balanzans une grande utilité<br />

pour Televage <strong>et</strong> des vertus exceptionnelles sur le plan agronomique; ils prétendent qu’ils seraient<br />

satisfaits d’en voir pousser sur toute l’étendue de leur terroir. Le balanzan sert à nourrir les chèvres,<br />

les moutons, <strong>et</strong> occasionnellement le gros bétail durant la saison sèche, quand l’herbe devient rare.<br />

Le bétail consomme alors les gousses de balanzan <strong>et</strong> les feuilles de c<strong>et</strong> arbre à rythme foliaire inversé;<br />

les gousses, que P. PÉLISSIER a qualifiées de «véritables comprimés alimentaires d’une extrême<br />

richesse nutritionnelle B, sont souvent ramassées <strong>et</strong> mises en réserve pour l’alimentation du bétail.<br />

Cependant, le balanzan a surtout la réputation d’enrichir le sol d’une double manière : en fournissant<br />

de l’engrais vert au moment de la défeuillaison qui correspond au début de l’hivernage, <strong>et</strong> en favorisant<br />

la fumure du champ par les déjections des chèvres <strong>et</strong> des moutons qui stationnent à son ombre<br />

durant la saison sèche. De plus, il est vraisemblable que des peuplements serrés de balanzans jouent<br />

un rôle bénéfique contre l’action érosive des vents durant la saison sèche, quand les terres nues sont<br />

particulièrement vulnérables l. Enfin, le balanzan a sur le karité l’énorme avantage de ne créer aucune<br />

gêne pour l’ensoleillement des cultures, puisque sa défoliation est achevée au moment où croissent<br />

les mils. Des ctudes effectuées <strong>dans</strong> la région de Ouahigouya par le Groupement Européen de Restauration<br />

des Sols (1965, vol. V) ont permis d’établir que les rendements des cultures sous les balanzans<br />

sont en moyenne de moitié supérieurs aux rendements obtenus en terrain découvert: « Le couvert<br />

étant en moyenne <strong>dans</strong> un bon peuplement de 20 %, les rendements sont augmentés de 10 % (pour<br />

l’ensemble du parc) ». D’autre part, d’après les mêmes études, les gousses de balanzan <strong>et</strong> le surplus<br />

des tiges de mil résultant du rendement supérieur de la culture sous balanzan perm<strong>et</strong>tent de nourrir<br />

un dixième de tête de gros bétail supplémentaire par hectare.<br />

Les cultivateurs établissent une relation entre la présence habituelle du p<strong>et</strong>it bétail <strong>dans</strong> le<br />

périmètre de l’aire habitée durant la période de fructification du balanzan, <strong>et</strong> la diffusion de c<strong>et</strong> arbre<br />

à l’intérieur~de ce perimètre 2 ; <strong>et</strong> ils savent par expérience que leur attention constante est nécessaire<br />

pour transformer en parc les buissons sauvages du balanzan. Mais ils ne transplantent jamais les jeunes<br />

arbres. Pour se développer correctement, le balanzan a par ailleurs besoin de sols profonds qui<br />

r<strong>et</strong>iennent l’eau, car sa période végétative se situe en saison sèche.<br />

En parlant du pays sérèr, PÉLISSIER (1966, p. 269) exprime un point de vue qui vaut aussi pour<br />

l’ouest du <strong>Mossi</strong>; il estime que le balanzan est N la cheville ouvrière de la combinaison agraire », <strong>et</strong><br />

il ajoute:<br />

(< Liée à des populations paysannes disposant de bétail <strong>et</strong> voulant assurer leur sédentarité <strong>et</strong> garantir la pérennité<br />

de leurs terroirs en substituant un paysage construit <strong>et</strong> aménagé à la végétation désordonnée <strong>et</strong> hétérogène des jachères<br />

spontanées, la présence d’un parc d'Acacia albida offre un bilan attestant une extraordinaire efficacité. 1)<br />

1. ROUAMBA s.d., (p. 17) énumère encore d’autres avantages du peuplement arboré des zones cultivées:<br />

(( L’arbre joue un rôle protecteur vis-à-vis du feu par son aspect d’éteignoir, vis-à-vis du soleil par son frondaison:<br />

l’arbre contrarie également la tendance à l’évacuation des sels minéraux <strong>et</strong> à leur concentration en profondeur, favorisant<br />

ainsi leur K remontée )) (leur

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!