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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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58 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

seulement, répartis <strong>dans</strong> les diverses zones géographiques du terroir, on peut penser que les dimensions<br />

des champs sont déterminées par le rapport des contraintes foncières avec l’étendue <strong>et</strong> la qualité des<br />

sols disponibles. Les champs de l’aire habitée sont les plus morcelés parce qu’ils ont fait l’obj<strong>et</strong> des<br />

plus nombreux partages : quand une exploitation se scinde, ces champs sont répartis entre les nouveaux<br />

chefs d’exploitation - à moins que, de l’avis unanime, le patrimoine disponible ne soit déjà trop<br />

p<strong>et</strong>it pour être partagé r. L’importance primordiale accordée aux champs de l’aire habitée est surtout<br />

d’ordre agraire, <strong>et</strong> secondairement d’ordre religieux. Ces champs sont les plus faciles à cultiver, à<br />

surveiller <strong>et</strong> à récolter, ils rapportent le plus au prix du moindre effort ; en outre, ils renferment les<br />

tombes des ancêtres <strong>et</strong> portent le sorgho rouge dont les prémices servent au principal rituel du culte<br />

ancestral, la fête annuelle de la nouvelle bière de mil, rufiaalem 2. Autrefois, les moyens de subsistance<br />

provenaient sans doute en presque totalité des seuls champs de l’aire habitée ; il n’en est plus ainsi.<br />

Les champs de bas-fond sont les plus vastes, mais plus d’un tiers des unités de production n’y ont pas<br />

accès. Lors d’une succession ou de l’éclatement d’une unité de production, l’aîné se reserve souvent<br />

l’ensemble des terres de bas-fond du patrimoine. Ce ne sont pas les contraintes foncières qui limitent<br />

les dimensions des champs périphériques, c’est plutôt la qualité des sols qui en fait des champs<br />

d’importance secondaire - soit qu’il s’agisse de terres peu fertiles ou au contraire de terres fertiles<br />

mais exigeant l’investissement d’un travail considérable au moment le plus critique de la saison<br />

agricole 3. Quant aux dimensions des parcelles, elles sont à m<strong>et</strong>tre en rapport avec la distribution<br />

des cultures.<br />

2. Distribution des cultures.<br />

U) IMPORTANCE RELATIVE DES CULTURES.<br />

Les cultures céréalières représentent les neuf dixièmes des superficies mises en culture à Dakola.<br />

Le sorgho blanc est la céréale la plus communement <strong>et</strong> la plus volontiers employée pour la préparation<br />

quotidienne du gâteau, <strong>et</strong> il peut également servir à fabriquer la bière en cas de nécessité; le sorgho<br />

blanc couvre plus de la moitié des superficies cultivées - 54 % . Un peu moins du quart de ces superficies<br />

est consacré à la culture du sorgho rouge, surtout utilisé pour la fabrication de la bière, <strong>et</strong><br />

secondairement pour la préparation du gâteau. Le p<strong>et</strong>it mil, réputé moins nourrissant que le sorgho<br />

blanc mais plus riche que le sorgho rouge, couvre 1.2 % des superficies cultivées, tandis que 2 % de<br />

ces superficies sont réservées au maïs - c<strong>et</strong>te céréale est en grande partie consommée grillée dès sa<br />

maturation, mais peut aussi être utilisée pour la préparation du gâteau.<br />

La distribution des diverses céréales n’est pas identique tous les ans. Le p<strong>et</strong>it mil peut remplacer<br />

le sorgho quand une sécheresse a détruit les premiers semis. Et les espèces sont souvent mélangées<br />

-sur un même champ, en particulier sur les champs ensemencés à plusieurs reprises: soit que le<br />

cultivateur désire par ce moyen multiplier ses chances de production, soit qu’il se voie contraint à<br />

semer successivement des espèces à cycle végétatif plus court, soit tout simplement qu’il ne dispose<br />

1. Cf. BOUTILLIER, 1964 (p. 59) : (< Il y a d’ailleurs, chez les cultivateurs <strong>Mossi</strong>, comme un assentiment général<br />

sur la taille que doit avoir une parcelle - taille différente pour le champ de village <strong>et</strong> le champ de brousse -- en rapport<br />

avec l’effectif de l’exploitation. C’est ce qui exphque qu’on ne rencontre pas de très p<strong>et</strong>ites parcelles <strong>et</strong> qu’il n’y ait pas<br />

véritablement de tendance à un morcellement excessif. 1)<br />

2. Rapaalem: de ram, bière de mil, <strong>et</strong> paalem: nouveau.<br />

3. Il semble que les terres situées sur les bas de versant des collines birrimiennes soient plus productives que<br />

celles situées plus haut: les premiéres sont plus profondes <strong>et</strong> mieux arrosées. Toutefois, de nombreux cultivateurs<br />

préfèrent ouvrir des champs sur les terres hautes : la végétation y est plus lente que sur les versants, ce qui laisse la<br />

liberté de sarcler les champs de l’aire habitée avant les champs de colline. C<strong>et</strong>te option m<strong>et</strong> bien en évidence l’importance<br />

agraire primordiale de l’aire habitée ; la zone la plus fertile n’est pas exploitée parce que sa mise en culture contrarie les<br />

habitudes <strong>agricoles</strong>.

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