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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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118 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

d) APERÇU HISTORIQuE.<br />

Les sosose de consommation ostentatoire organisés par les chefs, les fonctionnaires <strong>et</strong> les<br />

hommes politiques constituent un phénomène récent, dont le développement est particulièrement n<strong>et</strong><br />

depuis l’Indépendance.<br />

Avant la colonisation, les champs des chefs étaient surtout cultivés par les serviteurs <strong>et</strong> les<br />

captifs. Pendant l’époque coloniale, la maind’œuvre prestataire a généralement suffi pour mener à<br />

bien les cultures des chefs l. Mais à partir du moment où se sont rapidement détériorés les rapports<br />

de force entre les chefs <strong>et</strong> la population, après la promulgation de la loi-cadre, l’exercice de la seule<br />

coercition ne pouvait plus assurer la culture des champs appartenant aux chefs. De nombreux chefs<br />

ont alors organisé: des sosose, en accentuant légèrement l’importance de la consommation. Toutefois,<br />

la plupart d’entre eux ne sont pas allés très loin <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te voie, parce que les habitudes du travail<br />

prestataire n’avaient pas entièrement disparu. Les chefs organisaient des sosose pour les localités de<br />

leur commandement, <strong>et</strong> aucun cultivateur n’osait se dispenser sans raison grave de se rendre à ces<br />

invitations de culture.<br />

Les fonctionnaires <strong>et</strong> les hommes politiques ne pouvaient pas compter sur des habitudes de<br />

travail collectif obligatoire à leur bénéfice. Les uns n’avaient pas de grands champs à l’époque coloniale,<br />

<strong>et</strong> les. autres n’ont acquis leur importance sociale qu’avec l’accession du pays à l’Indépendance. Ce<br />

sont eux qui ont le plus contribué à dénaturer le sosougu primitif; l’organisation d’une fête de consommation<br />

leur perm<strong>et</strong>tait de manifester leur puissance, <strong>et</strong> elle leur fournissait le moyen d’affirmer leur<br />

volonté d’intégration sociale malgré I’extériorité que leur conférait une position économique <strong>et</strong><br />

politique privilégiée.<br />

Maintenant, certains chefs suivent l’exemple des fonctionnaires <strong>et</strong> des hommes politiques<br />

- ceux qui perçoivent la nécessité d’affirmer eux aussi leur volonté d’intégration sociale, au moment<br />

où la propagande gouvernementale contre le pouvoir coutumier risque de creuser le fossé qui les<br />

sépare des populations. Mais là où les chefs conservent une position traditionnelle forte, ils ne<br />

consentent pas à faire de grandes dépenses pour leurs invitations de culture.<br />

2. Les invitations de culture à Dakola.<br />

Après l’inventaire des principaux facteurs qui déterminent les sosose tels qu’ils sont pratiqués<br />

actuellement, il reste à étudier concrètement l’organisation <strong>et</strong> le déroulement des invitations de<br />

culture du point de vue social, technique <strong>et</strong> économique. On notera d’abord que les sosose organisés<br />

à Dakola ont sans doute conservé un aspect plus traditionnel que <strong>dans</strong> les localités davantage touchées<br />

par les échanges monétaires <strong>et</strong> par la présence, plus nombreuses de catégories sociales privilégiées<br />

(cultivateurs enrichis, anciens militaires pensionnés, commerçants, fonctionnaires). C’est pourquoi<br />

on fera parfois allusion, au fil de l’exposé, aux situations qui se présentent <strong>dans</strong> les localités voisines.<br />

a) PRÉPARATION ET DÉROULEMENT D'UNE INVITATION DE CULTURE.<br />

Le cultivateur désireux de lancer une invitation de culture doit se poser deux sortes de questions.<br />

A-t-il une importance sociale suffisante pour pouvoir espérer que de nombreux cultivateurs répondront<br />

à son appel ? Dispose-t-il des biens nécessaires pour organiser une fête de consommation digne de<br />

son importance sociale ? S’il ne peut pas donner une réponse affirmative à chacune de ces questions,<br />

il doit s’abstenir d’organiser un sosougu, car il risquerait de se trouver seul sur son champ <strong>et</strong> de s’attirer<br />

la risée de la collectivité. On lui reprocherait d’avoir surestimé. son importance sociale ou ses possi-<br />

1. DELOBSOM, 1933 (p. 76), note cependant en 1933: (( Aujourd’hui, par souci de tranquillité peut-être, les<br />

chefs de canton se contentent de faire cultiver leurs champs par les sogonés ou samand’kamba <strong>et</strong> parfois même ont<br />

recours eux aussi au sosouga. »

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