Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

FORMES PARTICULIÈRES D’ORGANISATION DU TRAVAIL 123
la plus forte dépense monétaire effectuée en 1964 à Dakola pour l’organisation d’une invitation de
culture.
d) Sosoaga DE OUEDECAOGO PALODMINGA.
(Vingt-deux personnes invitées présentes ; sarclage d’entretien d’un champ de sorgho blanc.)
Sorgho rouge, pour la préparation de bière . . . . . . . . 900 F CFA
Une chèvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 450 F CFA
Noix de kola . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.50 F CFA
Total . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1600 F CFA
Ouedraogo Palodminga a acheté le sorgho, la chèvre et les noix de kola avec de l’argent rapporté
de Côte d’ivoire, où il avait effectué un séjour de dix-sept mois.
Ses invités, qui avaient espéré des nourritures et des boissons plus abondantes en raison de la
richesse présumée acquise par l’intéressé en Côte d’ivoire, ont été déçus. Depuis lors, quand une
invitation de culture déçoit par manque de biens de consommation, les cultivateurs disent: (< Ya wu
Minga sosoaga ! )), c’est-à-dire : (( C’est comme le sosoaga de Minga )) l; et la honte s’attache au nom
de celui qui a fait ce sosoaga.
e) Samd’tengre.sosoaga 2 DE MANE NOUAGA, DE KOURONO.
Des habitants du quartier Silzougou de Pilimpikou et des habitants de Kourono gardent le
souvenir d’un ancêtre commun nommé Wéga. Pour cette raison, les deux communautés entretiennent
des relations sociales périodiquement confirmées par des échanges de services. En 1960, les cultivateurs
de Pilimpikou étaient venus à Kourono pour une séance de culture. Mané Nouaga, parent par
sa mère des descendants de Wéga, s’était joint aux travailleurs de Pihmpikou et leur avait offert une
chèvre. Pour le remercier de ce cadeau, les cultivateurs de Pilimpikou lui avaient proposé de revenir
à Kourono effectuer une séance de culture à son profit. Au cours des années suivantes, ils lui rappelèrent
leur proposition, mais Mané Nouaga n’avait pas assez de mil et il manquait d’argent pouro rganiser
une séance de culture digne de lui. Ce ne fut que durant l’hivernage 1965 qu’il put enfin convier
les cultivateurs de Pilimpikou à un samd’tengre-sosouga (qualifié ainsi à cause du ‘souvenir de la
(( dette x - le don de la chèvre, en 1960). Il en avertit Sawadogo Yemdaogo de Pilimpikou, qui
accepta d’être soso-pusa.
Trente et un cultivateurs de Pilimpikou se sont rendus à cette séance de culture: ils ont travaillé
toute la journée pour achever le sarclage d’un champ de petit mil.
Mané Nouaga fit ce jour-là les dépenses suivantes:
Sorgho rouge, pour la préparation de bière . . . . . . . . 1 500 F CFA
Sorgho blanc, pour la préparation de gâteau . . . . . . . 600 F CFA
Pois de terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 F CFA
Condiments, pour la sauce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 F CFA
Trois chèvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 000 F CFA
Noix de kola . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350 F CFA
Tabac à chiquer . . . . . . . . . . . . . . . . . ..*........... 100 F CFA
Total . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 900 F CFA
1. Minga est une abréviation de Palodminga.
2. Samd’, pour samde: dette; tengre, infinitif de tenge: se rappeler quelque chose. Le samd’tengre-sosoaga est
donc une séance de culture rassemblant des cultivateurs pour travailler au profit d’une personne envers qui ils se rappellent.
avoir une dette.