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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 213<br />

Au cours des années suivantes, tandis que le contrôle des populations était devenu plus effectif<br />

à l’intérieur des circonscriptions administratives du pays mossi, ceux qui voulaient échapper au<br />

travail prestataire ne pouvaient plus se contenter de changer de circonscription. Ils se voyaient obligés<br />

de s’enfuir vers les colonies anglaises. Les rapports administratifs de 1928 font état d’un exode vers<br />

la Gold Coast <strong>et</strong> demandent que soit établie (( une surveillance sérieuse <strong>dans</strong> les cercles frontières » r.<br />

Il était devenu trés difficile de recruter les contingents requis pour (( les chantiers publics de la colonie )),<br />

<strong>et</strong> pour les entreprises privées. Les chefs qui devaient assurer les recrutements, ou tout au moins<br />

faciliter la tâche des agents recruteurs de l’administration, se trouvaient placés entre le pouvoir<br />

colonial <strong>et</strong> les populations <strong>dans</strong> une situation fausse <strong>et</strong> intenable; leur autorité s’en est trouvée<br />

dénaturée <strong>et</strong> amoindrie, ce qui a eu pour conséquence une distorsion <strong>et</strong> un relâchement de toute<br />

l’organisation sociale traditionnelle.<br />

En 1930, un administrateur écrit:<br />

« II serait bon [...] de diminuer le chiffre des manceuvres à demander annuellement pour l’intérieur ou pour<br />

l’extérieur [. . .], car le Cercle se vide peu à peu de sa population qui diminue régulièrement au lieu d’augmenter, chaque<br />

année 1) 2.<br />

En 1931, le cercle de Koudougou devait fournir mille hommes pour les chantiers du chemin de<br />

fer de la Côte d’ivoire. C’était une exigence considérable compte tenu du mauvais état sanitaire de la<br />

population, gravement affectée par la maladie du sommeil. Sur plus de trois mille individus de dix-huit<br />

à vingt-cinq ans présentés aux séances de recrutement, trois cents seulement furent jugés en bonne<br />

santé <strong>et</strong> purent être r<strong>et</strong>enus 3. De plus, les manœuvres qui revenaient de la Côte d’ivoire décrivaient<br />

leur vie sur les chantiers en des termes qui n’encourageaient personne. Un administrateur écrit en<br />

1932 que (( malgré tous [ses] efforts, la répulsion des indigènes pour ce recrutement est irréductible »<br />

tandis que de nombreux jeunes gens envisagent (( avec faveur » leur incorporation <strong>dans</strong> les troupes<br />

de tirailleurs 5. Pour tenter de diminuer c<strong>et</strong>te répulsion, il proposa que les contrats d’un an fussent<br />

remplacés par des contrats de six mois <strong>et</strong> qu’on établit des (( carn<strong>et</strong>s de pécule 1) pour les manœuvres 4.<br />

En 1933, le commandant du cercle de Koudougou plaide de nouveau pour une réduction des<br />

prestations, en faisant valoir que chaque recensement perm<strong>et</strong> de constater une diminution de la<br />

population. C’est que (( trois mille jeunes gens <strong>dans</strong> la force de l’âge, les plus aptes aux travaux de<br />

culture, [sont annuellement] enlevés à la terre » : un tiers est recruté pour la Côte d’ivoire, le second<br />

tiers pour Ouagadougou, <strong>et</strong> le reste pour l’armée 6.<br />

Les salaires offerts en Gold Coast étant n<strong>et</strong>tement supérieurs aux indemnités versées par<br />

l’administration française aux manœuvres prestataires, le courant de migration vers la colonie anglaise<br />

s’était encore amplifié. Les contingents requis ne pouvaient être rassemblés au compl<strong>et</strong> que par<br />

contrainte, les méthodes de recrutement fondées sur la persuasion <strong>et</strong> prescrites par diverses circulaires<br />

administratives étant absolument inefficaces : « Certain recruteur particulièrement redouté n’était-il<br />

pas connu à Koudougou sous le nom de voleur d’honunes <strong>et</strong> les travaux en Côte d’ivoire <strong>et</strong> au chemin<br />

de fer de forcés ? 7 ».<br />

Pour tenter de contrôler les mouvements migratoires, l’administration exigea que chaque<br />

migrant se fit établir un laisser-passer. D’autres dispositions furent encore prises pour enrayer les<br />

migrations vers la Gold Coast, qui se traduisaient pour la colonie française par une diminution préjudiciable<br />

de la force de travail disponible. L’institution de taxes d’importation sur les marchandises<br />

a certainement contibué à décourager de nombreux migrants, d’autant plus que c<strong>et</strong>te imposition<br />

donnait lieu à des abus. En 1934, un commandant de cercle rapporte que de nombreux migrants<br />

reviennent <strong>dans</strong> leur pays (( entièrement dépossédés )), soit en raison de « quelques défaillances<br />

1. Rapport annuel, 1928, Subdivision de Yako, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

2. Rapport annuel, 1930, Cercle de Koudougou, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

3. Rapport économique, quatrième semestre 1931, Cercle de Koudougou, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

4. ?JO~. 6 mars 1932, Koudougou, ms., Arch. Koudougou.<br />

5. Bull<strong>et</strong>in mensuel, septembre 1932, Cercle de Koudougou, ms., Arch. Koudougou.<br />

6. Rapport annuel 1933, Cercle de Koudougou, ms., Arch., C.V.R.S., Oagadougou.<br />

7. Rapport annuel 1933, Cercle de Koudougou, ms., Arch., C.V.R.S., Ouagadougou,

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