26.12.2013 Views

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

234 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

Bien qu’un important effort de vulgarisation agricole ait été poursuivi par la Société d’Assistance<br />

Technique <strong>et</strong> de Crédit - S.A.T.E.C. - depuis 1965 <strong>dans</strong> la région de Yako, les innovations<br />

techniques n’ont pas été déterminantes <strong>dans</strong> l’accroissement spectaculaire de la production cotonnière.<br />

La propagande des agents du développement n’a eu un écho auprès des cultivateurs que <strong>dans</strong><br />

la mesure où elle a coïncidé avec des options liées à la transformation générale de la conjoncture<br />

socio-économique. S’il est incontestable que la production cotonnière apparaît maintenant à un<br />

nombre croissant de cultivateurs comme un facteur positif de transformation du système social <strong>et</strong><br />

économique traditionnel, on ne doit cependant pas exagérer l’importance réelle de c<strong>et</strong>te conversion.<br />

L’inertie des structures anciennes demeure pour le moment largement déterminante. Le progrès de<br />

la production cotonnière s’explique en premier lieu par ce fait banal: les cultivateurs ont progressivement<br />

découvert que c<strong>et</strong>te production constitue pour eux le moyen le plus facile <strong>et</strong> le plus sûr de se<br />

procurer l’argent de l’impôt; la stabilité du cours du coton <strong>et</strong> l’efficacité de l’organisation des marchés<br />

cotonniers par la C.F.D.T. ont joué un rôle primordial <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te évolution. Les chefs de famille qui,<br />

en raison de leur âge <strong>et</strong> de leurs responsabilités, répugnent à migrer peuvent s’en dispenser depuis<br />

qu’un minimum de ressources monétaires leur est assuré par la production cotonnière. Pour s’acquitter<br />

des impôts, les aînés préfèrent maintenant compter sur une source de revenusqu’ils contrôlent<br />

directement plutôt que sur l’argent envoyé ou rapporté par les jeunes migrants qui se montrent de<br />

plus en plus jaloux de leur autonomie.<br />

Les superficies moyennes cultivées en coton par unité de production restent faibles, les techniques<br />

culturales commencent seulement à s’améliorer, <strong>et</strong> ,-- hormis quelques cas exceptionnels -<br />

on n’a pas vu l’économie cotonnière engendrer des entreprises <strong>agricoles</strong> d’un type nouveau. En<br />

somme, le coton a simplement élargi sa place ancienne <strong>dans</strong> le système de production traditionnel.<br />

Le coton ne sera pas en mesure d’assurer une transformation radicale de l’économie <strong>dans</strong> l’Ouest<br />

aussi longtemps que les conditions techniques de la production stagneront à leur niveau actuel,<br />

interdisant tout profit imp.ortant. Les capacités de production des cultivateurs sont d’abord <strong>et</strong> presque<br />

entièrement mobilisées pour assurer la subsistance. La médiocre productivité actuelle du coton <strong>et</strong> sa<br />

plus grande vulnérabilité aux aléas climatiques n’incitent guère le commun des cultivateurs à substituer<br />

une agriculture commerciale à l’agriculture vivrière. Le décollage économique ne sera possible<br />

que par un accroissement de la productivité susceptible d’assurer un niveau de revenus supérieur au<br />

niveau de la simple subsistance ; il devra s’appuyer sur des revenus supplémentaires que le cultivateur<br />

investira directement <strong>dans</strong> le système de production.<br />

Si elle doit toucher la masse, l’action des services de développement devra porter à la fois sur<br />

les cultures de rapport <strong>et</strong> sur les cultures vivrières ; mais elle se heurtera à l’inertie du système de pro+<br />

duction traditionnel. Si, au contraire, on opte pour des interventions de développement sélectives<br />

- ne s’adressant qu’à des entrepreneurs <strong>agricoles</strong> dûment choisis en fonction de leur réceptivité<br />

<strong>et</strong> de leurs possibilités économiques, ou de leurs engagements politiques -, celles-ci pourront sans<br />

inconvénient ne concerner que les cultures commerciales. La conjoncture socio-économique actuelle,<br />

caractérisée par les progrès de l’individualisme <strong>et</strong> l’absence d’idéologie communautaire ou socialiste,<br />

est sans doute favorable à des expériences de développement sélectives <strong>et</strong> libérales - dont une conséquence<br />

inéluctable sera la naissance de- classes sociales.<br />

ANALYSES DE DEUX CAS DE CONVERSION<br />

A L’ÉCONOMIE COTONNIÈRE<br />

Konkobo Nouaga <strong>et</strong> son fils Poussi, habitant à Samba le quartier Segden, ont cessé depuis 1963<br />

de produire du mil pour assurer la subsistance de leurs familles. Ils cultivent du coton sur l’ensemble

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!