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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 203<br />

Si le terme (( aumône » a été certainement mal choisi <strong>et</strong> l’importance des revenus de naaba<br />

Sanem minimisée, on r<strong>et</strong>ient cependant de l’observation de BINGER que le moro-naaba, bien que<br />

détenant des privilèges économiques <strong>et</strong> se trouvant au point de convergence de multiples courants<br />

de biens <strong>et</strong> de services r, ne disposait pas à l’époque pré-coloniale de ressources fixes 2. L’administration<br />

traditionnelle ne s’appuyait pas sur un système de contrôle de la vie économique; <strong>et</strong> nous partageons<br />

l’avis de SKINNER (1964, p. 125), faisant état d’une faiblesse structurelle de l’organisation politique<br />

mossi due à l’étroitesse <strong>et</strong> à la précarité de la base économique du système 3.<br />

Les lignages que d’étroits liens de parenté unissaient aux détenteurs du pouvoir central jouissaient<br />

de certaines prérogatives politiques, mais ils n’avaient pas d’avantages économiques institutionnellement<br />

reconnus <strong>et</strong> permanents. Certes, comme l’écrit KABORE (1966, p. 119), (( les Nakombsé<br />

recevaient de nombreux cadeaux des suj<strong>et</strong>s mossi [.. .], des présents faits, le plus souvent, en vue<br />

d’avoir une certaine tranquillité, une paix <strong>dans</strong> la possession paisible de [leurs] biens ». Mais ils ne<br />

pouvaient exiger ces cadeaux au titre d’un droit. En fait, les Nakomse étaient craints parce qu’ils<br />

s’adonnaient impunément à des exactions au préjudice des gens du commun 4. Dans l’Ouest-<strong>Mossi</strong>,<br />

ils n’étaient pas les intermédiaires normaux entre les chefs <strong>et</strong> les populations: ils n’avaient ni charge<br />

de commandement, ni ressources économiques particulières leur revenant de droit en raison de leur<br />

statut social. C’est par abus qu’ils pouvaient se perm<strong>et</strong>tre de vivre sans travailler.<br />

En aucun temps, le pouvoir des chefs n’a été inconditionnel: « Le casse-tête ne saurait rassembler<br />

les pintades )), dit un proverbe mossi. Une personne mécontente de son chef a toujours été<br />

libre de le fuir pour se placer avec sa famille sous l’autorité d’un autre chef. Mais comme l’intérêt de<br />

tous les chefs était de rassembler <strong>et</strong> de maintenir <strong>dans</strong> leur commandement le plus grand nombre<br />

possible de personnes, ils veillaient à ne pas indisposer leurs suj<strong>et</strong>s sans raison, <strong>et</strong> ils imposaient<br />

certaines limites aux actes d’intimidation <strong>et</strong> de rapine perpétrés par leurs parents. D’une façon<br />

générale, les localités, les quartiers <strong>et</strong> les lignages jouissaient dune large autonomie pour la plupart<br />

de leurs activités 5. Le pouvoir central n’a jamais exercé de contrôle rigoureux <strong>et</strong> permanent sur les<br />

activités économiques, les prestations coutumières étaient limitées. Du reste, les conditions technologiques<br />

de la production étaient <strong>et</strong> sont encore d’un niveau trop bas pour perm<strong>et</strong>tre une exploitatioa<br />

profitable du travail au bénéfice de ceux qui détiennent le pouvoir - au Yatenga, HAMMOND (1966,<br />

p. 89) est arrivé à la même conclusion.<br />

1. Cf. TIEIVDREBEOGO, 1964 (p. 152): a Jadis le Moro Naba n’avait pas de champs de culture personnels: il<br />

dépendait de ses suj<strong>et</strong>s pour le ravitaillement de sa maison. »<br />

Au Yatenga, « les chefs faisaient cultiver leurs terres, vastes <strong>et</strong> bien situées, par des paysans requis, nourris mais<br />

non dédommagés. Chaque village était affecté à une opération déterminée. D’autres « corvées )), en fait des services<br />

coutumiers, consistaient à construire des cases, aménager des chemins, <strong>et</strong>c. 1) TZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD, 1959 (p. 54).<br />

2. Cf. SKINNER, 1964 (pp. 119-120): (< Several of my respondents declared that the cohection of this tribute<br />

was rather informa1 [...]. II seems that Dim Delobsom rationalized and regularized a rather informa1 system of<br />

contributions. »<br />

3. HAMMOND, 1966 (p. 210), a noté de même: « It is the economic system as its organization is limited by the<br />

technology that affects the other aspects of <strong>Mossi</strong> soci<strong>et</strong>y. ))<br />

4. Cf. SKINNER, 1964 (p. 26) : (( Nobles were often unwelcome, feared and resisted, because they tended to<br />

exploit the village people and to take advantage of the commoners. ))<br />

Selon KABORE, 1966 (p. 119), (( le pillage n’a jamais été la grande ressource des nakombsé 1) ; mais ILBOUDO,<br />

1966 (p. 37), exprime un avis opposé: « Avant l’occupation française, les principales occupations des <strong>Mossi</strong> [Nakomse]<br />

Gtaient la guerre, la chasse, <strong>et</strong> le pillage des caravanes. Par préjugé, ils répugnaient aux travaux des champs [. . .]. »<br />

5. Une étude générale des rapports du système lignager avec l’organisation politique centralisée serait du plus<br />

grand intérêt. La plupart des études <strong>et</strong>hnologiques ou sociologiques effectuées jusqu’à présent auprès de la société mossi,<br />

ont privilégié à tort, l’aspect formel du pouvoir central. Cependant, HAMMOND, 1966 (p. 144 <strong>et</strong> suiv.), a souligné l’importance<br />

primordiale des structures lignagères, estimant secondaire l’efficience du pouvoir central: (< Most problems<br />

related to the maintenance of social cohesion among the. <strong>Mossi</strong> cari be dealt with without recourse to the political<br />

system )), K The entire local political organization derives its structure from the kinship system. ))<br />

PAGEARD (Colloque su+ les cultures dtaiques -, Sonchamp, 1967, p. 21) est allé jusqu’à dire: a Je crois personnellement<br />

très peu à la force des relations politiques <strong>dans</strong> le groupe que nous étudions, enfin du moins chez les <strong>Mossi</strong>.<br />

La véritable loi de l’individu, c’est celle du lignage. »

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