Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

54 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
Pour le choix des terrains de culture, les critères habituellement retenus sont les suivants:
la valeur ‘des sols qui détermine la durée pendant laquelle il est possible de les exploiter de façon
rentable, avec ou sans apport de fumure; la distinction entre sols lourds et compacts difficiles à travailler
et sols meubles et légers, entre sols engorgés d’eau au moment des pluies et sols bien drainés ;
l’éloignement des champs ; et la nécessité éventuelle d’effectuer des aménagements pour diminuer
les phénomènes d’érosion ou libérer la terre des cailloux qui l’encombrent. C’est en fonction de ces
critères d’ordre agricole que s’est organisé le terroir de Dakola.
Dans cette région, il n’existe pas de nomenclature rigoureuse des types de sols en langue more:
tantôt c’est leur apparence qui sert à les définir, tantôt c’est leur situation topographique, ou encore
leur fertilité relative, leur consistance ou enfin plus rarement et de façon imprécise leur composition
en sable ou en argile. Un sol Zengdga est caractérisé par la présence de cailloux ou de blocs de cuirasse ;
il n’y a pas de termes propres pour distinguer les sols superficiels encombrés de blocs et situés sur une
cuirasse qui affleure d’avec les sols gravillonnaires des bas des versants, assez fertiles et profonds, qui
peuvent contenir une part notable d’argile. De même, le mot z$nure peut s’appliquer à des sols de
qualité différente, mais présentant en commun une. surface plane dépourvue de cailloux - en ce
sens, Zindre s’oppose à qengdga.
A première vue, le paysage agraire se divise en une aire de champs permanents ou quasi perma.
nents, qui coïncide avec l’aire habitée l, une bande de bas-fonds supportant des champs qui sont
pareillement cultivés en quasi permanence et diverses zones périphériques de champs temporaires.
Les champs permanents de l’aire habitée représentent 39 % de l’ensemble des superficies mises en
culture, les champs semiepermanents 7 % ; quant aux champs de bas-fond et aux champs temporaires
périphériques, ils représentent respectivement 28 % et le quart des superficies cultivées.
Les champs qui s’étendent à proximité des habitations sont appelés kunkato (sg. kankaogo) ;
l’espace dkfini par cette catégorie de champs sera désigné dans cette étude par l’expression «champs
de l’aire habitée », pour le distinguer des terres de bas-fond et des champs temporaires périphériques.
A l’intérieur de l’aire habitée, on doit encore différencier trois types de champs: les champs d’enclos
qui jouxtent les murs d’enceinte des habitations, parcelles appelées kumunse (sg. kumangu) parce que
consacrées à la culture du maïs (kamuanu) 2, les champs permanents habituellement situés dans le
prolongement des champs d’enclos ou à faible distance, et les champs semi-permanents souvent
- éloignés des enclos des exploitants. La présence fréquente de ruines sur les champs semi-permanents
de l’aire habitée suggère qu’une partie importante de ces terres ont été autrefois exploitées de manière
intensive et se sont appauvries jusqu’à provoquer la migration des exploitants. Le terme baoogo
désigne les terres de bas-fond ; à leur proximité s’étendent, légèrement surélevés, des sols argilosableux,
ocre-rouge, cultivés de facon intensive a. Ces terres et les secteurs périphériques de champs
temporaires sont regroupés sous l’appellation commune weoogo, brousse, par opposition à l’aire
habitée. En fait, il n’existe pas de véritable brousse sur le territoire de Dakola: toutes les terres sont
défrichées depuis longtemps ; mais celles situées à la périphérie du terroir ne sont cultivées que de
façon intermittente, hormis le bas-fond et les sols ocre. Les zones périphériques de champs temporaires
se subdivisent en trois secteurs principaux: le plateau cuirassé et son versant est, la zone à
colluvions argileuses, et l’aire des sols hydromorphes superficiels prolongée au sud-ouest par des
étendues de sols beiges d’argile et de sable.
Les superficies cultivées à l’intérieur de l’aire privilégiée de l’habitat représentent presque les
trois quarts de la superficie totale de cette aire ; mais ce taux n’est que d’un quart pour l’aire secondaire
1. L’expression « champs de l’aire habitée )) semble préférable à e champs de village », puisqu’il n’existe pas
de villages au sens propre du terme.
2. D’après ROUAMBA s.d., (p. 12), c lorsque le paysan parle de son K kamanga », il faut sous-entendre la totalité
des parcelles du secteur de cultures permanentes ». Dans la région de Dakola, le terme kamanga n’a pas cette acception
large.
3. Au cours de l’enquête agricole, de nombreux champs permanents situés le long du cours d’eau dans la
zone des sols ocre ont été classés comme champs de bas-fond, en raison de l’imprecision de la terminologie employée
par les cultivateurs. Cette zone comprend aussi quelques champs temporaires, situés aux endroits les moins fertiles,
notamment sur des éminences.