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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 195<br />

Les écarts d’âge entre les époux mariés par enlèvement sont n<strong>et</strong>tement moins importants que<br />

ces écarts entre époux unis selon d’autres formes de mariage. Les mariages par rapt représentent<br />

presque le cinquième des unions caractérisées par un écart d’âge entre les époux inférieur à dix ans<br />

- l’homme étant l’aîné. Quand c<strong>et</strong> écart atteint dix ans ou les dépasse, la proportion des mariages<br />

par rapt ne représente plus que 6 % de l’ensemble des unions de c<strong>et</strong>te catégorie. Dans 3 % des mariages<br />

par enlèvement, la femme est plus âgée que l’homme, mais l’écart ne dépasse jamais quatre ans. En<br />

somme, ce genre de mariage unit le plus souvent des personnes de même âge ou d’âge peu différent<br />

- pour les deux tiers des mariages par rapt, l’écart entre époux est inférieur à dix ans ; c<strong>et</strong> écart est<br />

en moyenne n<strong>et</strong>tement plus sensible pour tous les autres types de mariage.<br />

2. Le mariage avec une femme évadée.<br />

a) DÉFINITION.<br />

Souvent, à la suite de mauvais traitements par exemple, des femmes s’évadent de l’enclos<br />

familial de leur mari pour r<strong>et</strong>ourner <strong>dans</strong> leur propre famille. La réconciliation est négociée entre le<br />

patrilignage de la femme <strong>et</strong> le mari qu’elle a quitté ou le lignage de celui-ci; en cas d’échec, c’est le<br />

divorce. Mais de nombreuses femmes s’évadent pour rejoindre aussitôt des amants <strong>et</strong> rester avec eux:<br />

leur évasion est préméditée <strong>et</strong> organisée avec la complicité de l’amant.<br />

Le mariage avec une femme évadée présente de nombreux points de comparaison avec le<br />

mariage par enlèvement. Dans les deux cas, l’ordre social est violé <strong>et</strong> l’autorité des aînés est bafouée,<br />

quels que soient les liens qui les unissent aux délinquants. Mais le désordre qui résulte de l’évasion<br />

d’une femme mariée <strong>et</strong> de son remariage est d’une certaine façon plus grave que le désordre causé par<br />

un enlèvement: puisque c’est une alliance effective qui est rompue <strong>et</strong> deux lignages qui sont directement<br />

lésés. Le patrilignage de la femme peut être accusé d’avoir fourni une femme de médiocre<br />

valeur, incapable de demeurer l’intermédiaire d’une alliance stable <strong>et</strong> féconde; parfois même, il sera<br />

soupçonné de connivence. Ce groupe social devra par conséquent faire pression sur le lignage de<br />

.l’homme qui a pris la femme évadée, afin que celle.ci soit rendue à son mari légitime. Le lignage du<br />

mari lésé agira de même. Mais pour éviter de devoir se soum<strong>et</strong>tre aux’exigences de l’ordre social, les<br />

délinquants prennent habituellement la précaution de passer quelques années à l’étranger sans donner<br />

de leurs nouvelles; <strong>et</strong> à leur r<strong>et</strong>our, ils évitent de s’installer trop près des lignages que leur comportement<br />

a lésés r.<br />

La plupart des explications avancées plus haut pour rendre compte des mariages par enlèvement<br />

perm<strong>et</strong>tent de comprendre également les conditions concrètes, assez semblables, des mariages avec<br />

des femmes évadées. Elles ne seront donc pas répétées au cours de l’analyse qui suit.<br />

b) ANALYSE.<br />

Les mariages avec des femmes évadées représentent un peu plus de 6 % de l’ensemble des<br />

unions. Les femmes qui s’évadent pour se remarier avec un amant sont originaires de tous les groupes<br />

socio-<strong>et</strong>hniques ; mais elles représentent à peine plus de 1 % des femmes mowamdo mariées à Pilimpikou,<br />

tandis que ce pourcentage est respectivement de huit <strong>et</strong> de neuf pour les femmes nakomse <strong>et</strong><br />

ninisi<br />

mariées <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité.<br />

Les mariages avec des femmes évadées sont proportionnellement les plus fréquents chez les<br />

Mowamdo <strong>et</strong> chez les Nakomse : 13 % <strong>et</strong> 9 % de l’ensemble des unions contractées respectivement<br />

<strong>dans</strong> chaque groupe. Pour les autres groupes socio-<strong>et</strong>hniques ce pourcentage tombe à cinq.<br />

1. Pour ne pas faciliter la recherche d’une femme enlevée, on se contentera souvent de l’appeler saamba,<br />

c’est-à-dire ‘* étrangère ” ; seuls le mari <strong>et</strong> quelques amis connaissent son nom <strong>et</strong> sa localité d’origine.<br />

Le terme saamba sert par ailleurs à désigner toute femme nouvellement arrivée <strong>dans</strong> une localité, car la politesse<br />

interdit qu’on l’appelle de suite par son nom.

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