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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 71<br />

Wne part importante des céréales non consommées sous forme de gâteau est transformée en<br />

bière de mil. C<strong>et</strong>te boisson joue un rôle fondamental <strong>dans</strong> les relations sociales. Elle est indispensable<br />

pour de nombreuses cérémonies religieuses - notamment pour la fête annuelle de la nouvelle bière<br />

<strong>et</strong> pour les funérailles solennelles ; elle est offerte <strong>dans</strong> le cadre des relations matrimoniales ; <strong>et</strong> aucune<br />

réjouissance ne saurait avoir lieu sans bière. En saison sèche, on trouve à tout moment de la bière<br />

<strong>dans</strong> chaque localité: elle est préparée par les femmes des divers enclos familiaux à tour de rôle, <strong>et</strong><br />

vendue. Par ailleurs, d’importantes quantités de bière sont consommées sur les marchés. Mais durant<br />

la saison des pluies, quand le mil commence à manquer, la bière n’est servie qu’aux invitations de<br />

culture. On ne connaît malheureusement pas le pourcentage des céréales transformées en bière.<br />

Les céréales qui ne sont pas transformées en gâteau ou en bière sont gardées en réserve <strong>dans</strong><br />

les greniers. Mis à part le sorgho rouge fréquemment vendu sous forme de K mil germé )) pour la fabrication<br />

de la bière, elles ne font que rarement l’obj<strong>et</strong> d’échanges commerciaux; <strong>et</strong> les quantités commercialisées,<br />

provenant souvent de champs individuels, sont toujours faibles. A moins de se trouver <strong>dans</strong><br />

une nécessité grave, le cultivateur refuse d’échanger contre de l’argent son principal moyen de<br />

subsistance. Dans ce pays au régime pluviométrique incertain, la prudence lui a enseigné à garder<br />

pour les mauvaises années les surplus de récolte. La sphère de l’économie de subsistance est par ellemême<br />

si fragile qu’elle doit être tenue à l’abri des manipulations monétaires. Les céréales provenant<br />

des champs communs constituent par ailleurs la propriété du groupe familial qui les a produites, <strong>et</strong><br />

bien qu’il en ait le contrôle, le chef de famille n’a pas le droit d’en faire n’importe quel usage. L’argent<br />

qui circule à Dakola provient essentiellement d’autres sources que la vente des céréales - revenus<br />

des migrations, vente de coton <strong>et</strong> commerce des volailles.<br />

Les modalités de la distribution des biens de consommation varient beaucoup entre les régions<br />

du pays mossi, <strong>et</strong> pareillement entre les enclos familiaux d’une même localité. TAUXIER (1912, p. 556)<br />

a noté que (( c’est le chef de la soukala-ménage, le mari-père qui nourrit tous les gens de la soukala<br />

toute l’année, matin <strong>et</strong> soir ». Au Yatenga, ISARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD (1959, p. 33) ont observé<br />

qu’avec les produits de leurs champs individuels (cultivés uniquement après dix-sept heures), les<br />

femmes doivent nourrir leurs maris <strong>et</strong> leurs enfants « pendant une partie de l’année, théoriquement<br />

pendant les quatre mois qui suivent les récoltes (novembre+février) ». A Dakola, c’est le chef de l’unité<br />

de production qui a la charge habituelle de fournir à sa famille les biens nécessaires à la subsistance.<br />

Mais si le contenu des greniers communs ne suffit pas, les femmes apportent leur contribution en<br />

puisant <strong>dans</strong> leurs greniers personnels.<br />

Dans la plupart des enclos, les mils des greniers communs sont distribués régulièrement durant<br />

la saison sèche, <strong>et</strong> c’est seulement à l’approche de l’hivernage que le chef de famille veille avec parcimonie<br />

à ce que les céréales suffisent jusqu’aux nouvelles récoltes. La quantité de céréales prévue pour<br />

une journée en saison sèche doit nourrir la famille durant deux ou même trois jours au moment de<br />

la soudure, étant entendu que la femme fournit un complément de nourriture provenant de ses<br />

réserves personnelles. Dans les enclos où la distribution est quotidienne en saison sèche, le chef de<br />

famille supprime une ou deux distributions par semaine en temps de restriction. Certains chefs de<br />

famille prévoyants commencent très tôt à restreindre la distribution des mils du grenier commun,<br />

de manière à ne pas être contraints de se priver au moment des grands travaux <strong>agricoles</strong>. Mais fré.<br />

quemment, la nourriture est insuffisante durant la saison des pluies, jusqu’aux premières récoltes.<br />

Dans la moitié environ des enclos, les femmes ont directement accès aux greniers communs:<br />

à intervalles réguliers, elles vont chercher la quantité de céréales dont elles ont besoin. Parfois, le<br />

soin de distribuer le mil ou le sorgho des greniers communs est confié à la première épouse. Dans<br />

les enclos où les femmes n’ont pas le droit de se servir directement, les céréales des greniers communs<br />

sont distribuées par le chef de famille ou éventuellement par un de ses fils.. Le plus souvent, la quantité<br />

de mil nécessaire à la nourriture est prélevée chaque jour <strong>dans</strong> le grenier; mais <strong>dans</strong> certains enclos,<br />

la distribution n’a lieu que tous les trois ou cinq jours, ou même à intervalles plus longs.<br />

C’est d’habitude le soir que les cultivateurs prennent le principal repas de la journée. Le matin,<br />

ils mangent ce qui reste de la nourriture de la veille, à moins que cela ne soit réservé aux enfants.<br />

Rares sont les hommes qui prennent un repas à midi - des anciens combattants <strong>et</strong> des commerçants.<br />

Dans beaucoup d’enclos, les enfants prennent une collation à midi, <strong>et</strong> quelques femmes se joignent

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