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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 85<br />

blanc) se caractérise par la blancheur de ses grains. Le belogo (de belge: tromper) est ainsi appelé<br />

parce que ses grains de couleur très blanche donnent du gâteau gris. Le yumtaoko (y~m: bon plaisir,<br />

tuoko: épais) est une variété à gros épis. La variété gye<strong>et</strong>eblagesedu (gyeese: regarder, eb : pronom<br />

personnel, 3e pers. pl., <strong>et</strong> Iugse: enlever un par un) porte des épis si blancs <strong>et</strong> si drus qu’on est tenté<br />

de les enlever un par un pour mieux les contempler. Le payaadezoauga (de yaude, employé avec la<br />

particule négative pu: ne pas se fatiguer, <strong>et</strong> de zouuga: mouche) est une variété très rustique. Une<br />

autre variété porte le nom wunwinga (étymologie inconnue). Le niuugu (ce terme signifie chat) est<br />

un sorgho de qualité médiocre dont les grains sont prétendus aussi volumineux que des yeux de chat ;<br />

en temps d’abondance, il sert à nourrir les volailles. Le numbri (de numbr: épais - mot peu usité)<br />

est un sorgho peu apprécié <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te région <strong>et</strong> peu cultivé r ; on en disperse quelques plants <strong>dans</strong> les<br />

champs de p<strong>et</strong>it mil afin de stimuler c<strong>et</strong>te céréale à égaler le numbri par la grosseur des grains ! Le<br />

baoogbc+inga (de buoogo: bas-fond, <strong>et</strong> de buninga) est un sorgho particulièrement adapté aux basfonds<br />

comme son nom l’indique. Le wudogo est un sorgho rapporté de Ouagadougou. D’autres variétés<br />

portent les noms des cultivateurs qui les ont introduites à Dakola: ainsi en est-il du yulembumbu<br />

<strong>et</strong> du bilnouugu.<br />

Le p<strong>et</strong>it mil, kuxuï, est moins cultivé que le sorgho parce que les terres de Dakola ne lui<br />

conviennent guère : le p<strong>et</strong>it mil préfère des sols plus sablonneux. Il existe une variété précoce, le<br />

kazuraugu (de kuzuï, <strong>et</strong> de ruugu: mâle). Mais la variété la plus communément cultivée est le torogo<br />

(belle allure).<br />

On cultive à Dakola quatre variétés communes de maïs, kumuunu. Le kumaan’nyungu (de<br />

kamuunu, <strong>et</strong> de nyangu: femelle) ; le kumaun’wobgo (de kumuunu, <strong>et</strong> de wobgo : éléphant) dont les<br />

grains sont remarquablement gros, le kumaan’peolgo (de kumuanu, <strong>et</strong> de Del: blanc), <strong>et</strong> le konlimnouugu<br />

(de ku: n’être pas, de Zimi: cacher, <strong>et</strong> de nouugu: poule) ainsi appelé parce que ses épis ne<br />

sont pas dissimulés aux poules qui s’en régalent.<br />

d) LES INSTRUMENTS DE CULTURE.<br />

Les <strong>Mossi</strong> n’ont pas fait preuve de beaucoup d’imagination <strong>dans</strong> la fabrication des outils<br />

<strong>agricoles</strong> 2. Ils ne se servent que d’une gamme réduite d’outils peu différenciés, tous à manches<br />

relativement courts, exigeant une importante dépense d’énergie pour un rendement médiocre ;<br />

l’homme constitue l’unique source d’énergie utilisée pour les travaux culturaux. Toutefois, ces outils<br />

perm<strong>et</strong>tent d’effectuer convenablement - <strong>dans</strong> une position inconfortable, il est vrai - les façons<br />

culturales dont les <strong>Mossi</strong> ont l’habitude <strong>et</strong> qui sont d’un niveau technique élémentaire.<br />

Il n’existe pas d’instrument perm<strong>et</strong>tant de réaliser un vrai labour: les terres ne sont jamais<br />

r<strong>et</strong>ournées mais seulement grattées en surface ; aucun instrument traditionnel ne fournit la possibilité<br />

d’enfouir aisément l’engrais vert.<br />

Pour débrousser, les cultivateurs ont d’abord recours au feu ; puis ils utilisent la hache, lare,<br />

pour abattre les arbres. Le sabre d’abattis, kurunte, sert à couper les arbustes lors du débroussement<br />

ou du défrichement, les épineux étant écartés <strong>et</strong> maintenus à distance au moyen d’un bâton fourchu,<br />

ruyuku, d’une longueur d’un mètre environ, tenu à la main gauche.<br />

Pour la préparation des sols, deux instruments peuvent être employés. Une houe à lame épaisse<br />

<strong>et</strong> assez étroite, suunga, pour les sols compacts <strong>et</strong> lourds - en particulier pour la préparation des<br />

rizières ; ou une houe à lame moins épaisse mais large, sugu, pour les sols meubles <strong>et</strong> légers.<br />

1. Le mot nutnbri est sans doute à rapprocher de numdi (pl. numa) : K Espèce de mil, dont l’épi très ramassé<br />

sur lui-même reste droit, <strong>et</strong> dont la tige est sucrée: on en distingue deux variétés: le numa proprement dit, dont l’épi<br />

est d’une blancheur éclatante, tardif, sert à faire du tô, <strong>et</strong> le wéd-numdi qui sert à faire du dolo (grains roses) »,<br />

ALEXANDRE, 1953 (p. 282).<br />

Le préfixe wéd <strong>dans</strong> wèd-numdi, donne à penser que ce sorgho sert aussi à nourrir les chevaux (weefo, rad.<br />

wed : cheval).<br />

2. Les outils <strong>agricoles</strong> en usage à Dakola proviennent pour la plupart du Yatenga, réputé pour l’habil<strong>et</strong>é de<br />

ses forgerons.

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