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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 219<br />

au hasard parce que, partant à l’insu de leur entourage, les migrants ne préparent guère leur voyage<br />

par crainte de dévoiler leur dessein.<br />

Un peu plus de la moitié des migrants voyagent par voiture automobile jusqu’à Koudougou,<br />

un bon tiers part à pied, <strong>et</strong> les autres à bicycl<strong>et</strong>te - ces derniers vendent généralement leur machine<br />

à Koudougou pour se procurer l’argent nécessaire à la poursuite du voyage. A Koudougou, près des<br />

deux tiers des migrants prennent le train, tandis que les autres voyagent par camion ; quelques rares<br />

migrants sont allés jusqu’en Côte d’ivoire à pied r. Pour le r<strong>et</strong>our de migration, les moyens de locomotion<br />

sont à peu près les mêmes que pour le départ. Ceux qui rapportent suflïsamment d’argent<br />

pour se payer une bicycl<strong>et</strong>te neuve font c<strong>et</strong>te acquisition à Koudougou, d’autres attendent d’être<br />

arrivés chez eux pour ach<strong>et</strong>er une machine d’occasion.<br />

Durée <strong>et</strong> époque des migrations.<br />

La moitié des migrants mariés ont quitté Dakola depuis au moins trois ans. Par rapport à<br />

l’ensemble des migrants de sexe masculin -- sans considération du statut matrimonial -, ceux<br />

qui sont absents depuis trois ans <strong>et</strong> plus forment un bon tiers, tandis qu’un autre tiers des migrants<br />

est parti au cours de l’année qui a précédé l’enquête. La durée moyenne des absences a été légèrement<br />

supérieure à deux ans pour les migrants qui sont revenus à Dakola depuis 1965 2. II ne semble pas<br />

qu’on puisse établir une corrélation entre la durée des absences <strong>et</strong> l’importance numérique des unités<br />

de production auxquelles appartiennent les migrants.<br />

Contrairement à une opinion répandue, un nombre relativement important de migrants s’en<br />

vont juste avant la saison agricole ou même pendant le temps des cultures 3 : près des trois quarts<br />

des migrants qui ont quitté Dakola au cours des douze mois avant l’enquête sont partis en avril ou<br />

plus tard - <strong>et</strong> on compte aussi des mariés parmi eux. Inversement, la plupart des migrants qui<br />

rentrent s’arrangent pour revenir chez eux au cours de la saison sèche, afin de pouvoir’tirer le maxi+<br />

mum de profit des biens qu’ils rapportent - prestige <strong>et</strong> avantages sexuels -; ils se pavanent sur les<br />

marchés, fréquentent les fêtes coutumières, <strong>et</strong> ils participent aux diverses formes de.vie sociale intense<br />

qui caractérisent c<strong>et</strong>te saison.<br />

Occupations professionnelles des migrants.<br />

Les occupations des migrants en Côte d’Ivoire se divisent en quatre grands groupes. Plus de la<br />

moitié des migrants sont manœuvres, un cinquième s’adonne au commerce, un migrant sur six exerce<br />

une profession spécialisée, <strong>et</strong> un sur dix s’est installé comme entrepreneur agricole 4. Les deux tiers<br />

des manœuvres sont employés pour l’entr<strong>et</strong>ien des plantations de café, de cacao ou de bananes <strong>et</strong> pour<br />

la récolte de ces produits ; la plupart des autres travaillent sur des chantiers forestiers ; quelques-uns<br />

sont occupés à l’ouverture ou à l’entr<strong>et</strong>ien de pistes en forêt. Parmi les migrants qui exercent des<br />

professions spécialisées, on compte une majorité d’apprentis chauffeurs-mécaniciens, <strong>et</strong> des jardiniers,<br />

des puisatiers, des apprentis menuisiers, des restaurateurs, <strong>et</strong>c.<br />

Les migrants qui effectuent leur premier. séjour sur la Côte sont le plus souvent employés<br />

comme manoeuvres. Au cours de leurs migrations ultérieures, nombreux sont ceux qui, après avoir<br />

gagné quelque argent comme manœuvres, tentent la chance en ouvrant un p<strong>et</strong>it commerce. Selon<br />

l’importance de leur fortune, ils vendent des allum<strong>et</strong>tes, des cigar<strong>et</strong>tes, des bracel<strong>et</strong>s-montres, des<br />

1. Les migrants qui partent à pied emportent, pour se nourrir, de la farine de mil <strong>dans</strong> une peau de bouc.<br />

Pour être consommée, c<strong>et</strong>te farine est simplement délayée <strong>dans</strong> de l’eau.<br />

Comme la contrebande est d’un bon rapport, elle est la cause la plus habituelle des r<strong>et</strong>ours à pied - par des<br />

chemins à l’écart des postes de la douane.<br />

2. D’après l’enquête de 1965, la durée moyenne des absences était inférieure à deux ans.<br />

Au Yatenga, en 1959, IZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD, 1959 (p. 46), ont observé que (( les jeunes gens partent presque<br />

tous vers la basse côte pour une durée de deux à trois ans, contre le gré de leur père <strong>et</strong> le plus souvent à son insu. »<br />

3. DENIEL, 1967 (pp. 128-129), a fait la même observation: N Souvent [les jeunes célibataires] quittent le viIIage<br />

avant l’hivernage, à l’époque oh s’ouvrent les labours. N<br />

4. Les migrants qui s’installent comme entrepreneurs <strong>agricoles</strong> deviennent des émigrés, dont la situation doit<br />

être traitée à part. Cependant, le passage du statut de migrant à celui d’émigré se produit généralement par étapes.

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