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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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212 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L'OUEST-MOSSI<br />

AVANT LA CBLONISATIQN<br />

ET DURANT LTÉPOQUE COLONIALE<br />

Vers la fin du siècle dernier, BINGER (1892, p. 501) a noté que le commerce était « à peu près<br />

nul )) <strong>dans</strong> le pays mossi. Et quand MONTEIL (1894, p. 124) a qualifié les <strong>Mossi</strong> de K grands voyageurs,<br />

[qu’on] r<strong>et</strong>rouve sur tous les marchés importants du Soudan », il a sans doute parlé des Yarse qui<br />

détenaient quasiment le monopole du commerce r. Des Haoussa, établis depuis longtemps <strong>dans</strong> certaines<br />

régions du <strong>Mossi</strong>, étaient également d’habiles commerçants. Mais les <strong>Mossi</strong> eux-mêmes<br />

voyageaient peu, <strong>et</strong> ils n’ont commencé à s’adonner au grand commerce que durant l’époque coloniale,<br />

pressés par la nécessité de s’acquitter de l’impôt (TAUXIER, 1912, pp. 538-539).<br />

Les Yarse pratiquaient surtout le commerce des barres de sel gemme, des noix de cola, <strong>et</strong> des<br />

bandes de coton entre le Sahel <strong>et</strong> les régions forestières. Utilisant des ânes pour le transport des<br />

marchandises, ils effectuaient des voyages réguliers à Djenné, Mopti, Tombouctou au Soudan, <strong>et</strong><br />

à Wa, Tamale, Salaga <strong>et</strong> Moumassi en Gold Coast. BINGER (1892, p. 124) rapporte que Dori était<br />

un grand marché entre Tombouctou <strong>et</strong> le <strong>Mossi</strong> : on y échangeait surtout du sel contre des cotonnades,<br />

<strong>et</strong> contre des cauris importés par la côte du Bénin. Il existait donc, longtemps avant la colonisation<br />

française, des voies commerciales relativement importantes à travers le <strong>Mossi</strong>, <strong>et</strong> la circulation des<br />

hommes accompagnant les marchandises était intense. Mais ces voyages étaient surtout pratiqués<br />

par des individus spécialisés ; ils n’entraînaient que d’assez faibles échanges culturels, qui n’affectaient<br />

guère les modes d’existence de la société mossi. Le développement ultérieur des migrations n’a pas eu<br />

pour point de départ les voyages des commerçants de l’époque précoloniale.<br />

A l’origine, les migrations de travail furent commandées par le pouvoir colonial, qui institua<br />

le travail prestataire pour la réalisation de travaux d’infrastructure tels que les pistes, les chemins de<br />

fer, <strong>et</strong> pour la colonisation de terres neuves. La maind’ceuvre recrutée par l’administration perm<strong>et</strong>tait<br />

de réaliser à peu de frais, presque sans moyens mécaniques, les travaux nécessaires pour le contrôle<br />

administratif <strong>et</strong> l’exploitation économique du pays. Grâce à l’imposition, les indemnités versées aux<br />

prestataires revenaient à peu près intégralement au trésor public. Par ailleurs, l’administration a<br />

également exercé son pouvoir de coercition au bénéfice d’entreprises privées de la Côte, qui venaient<br />

chercher en Haute Volta une main-d’œuvre bon marché; c<strong>et</strong>te collaboration servait ses intérêts<br />

puisque les salaires distribués lui revenaient sous forme d’impôts. Nombreux furent donc les hommes<br />

déplacés contre leur gré. Mais plus nombreux encore furent, à certaines époques, ceux qui fuyaient<br />

la colonie française, pour se soustraire aux obligations de travail imposées par l’administration.<br />

En plus de la contrainte physique directe exercée par le pouvoir colonial, l’impôt exigé en<br />

monnaie française constituait une forme de pression constante <strong>et</strong> calculée qui entr<strong>et</strong>enait des courants<br />

migratoires permanents.<br />

En 1925, les rapports administratifs font état de l’opposition que rencontre le recrutement de<br />

main-d’œuvre prestataire auprès de la population de l’ouest du <strong>Mossi</strong> :<br />

« Le canton de Toléha n’a présenté à Koudougou que des vieillards <strong>et</strong> des enfants ; le canton de Gomponssom<br />

n’a rien fourni du tout, les jeunes gens valides ayant passé sur les territoires de Kaya <strong>et</strong> Ouabigouya lorsqu’on a été les<br />

chercher » a.<br />

1. En se référant à un ouvrage de DUBOIS, intitulé Tombouctou la mystérieuse (1889, p. 300), SKINNER, 1960b<br />

(p. 378), insiste également sur les aptitudes anciennes des <strong>Mossi</strong> au commerce : « The <strong>Mossi</strong> also grow cotton andindigo<br />

from which they produce cloth which they have always traded north to the Sahara and south to the forest region..<br />

Numerous herds of cattle, sheep, goats, donkeys and horses, flocks of half-wild Guinea hens, and innumerable chickens<br />

provide the basis for an important external caravan trade b<strong>et</strong>ween the Sahara and the forest zone. >)<br />

2. Bull<strong>et</strong>in mensuel, juin 1925, Subdivision de Yako, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).

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